Rechercher
Rechercher

Politique - Interview express

Joseph Bahout : La corrélation entre la situation locale et la conjoncture régionale n’est pas évidente

« Il faut arrêter de croire que les solutions commenceront à partir du 21 janvier », lance le directeur de l’Institut Issam Farès au sein de l’AUB.

Joseph Bahout : La corrélation entre la situation locale et la conjoncture régionale n’est pas évidente

Joseph Bahout. Archives L’OLJ

La première commémoration de l’assassinat, en janvier 2020, de Kassem Soleimani, ancien chef de la brigade al-Qods au sein des gardiens de la révolution iranienne, a constitué une parfaite occasion pour le camp de la moumanaa d’attiser les tensions au Moyen-Orient. À quelques semaines de l’investiture du président élu américain Joe Biden, Téhéran a fait monter les enchères. Par la bouche du commandant de la force aérospatiale au sein des pasdaran, Ali Hadji-Zadeh, il avait affirmé que le Liban et Gaza sont des lignes de front pour la lutte de l’Iran contre l’occupation israélienne. De son côté, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a affirmé dans son dernier discours dimanche que l’Iran riposterait « au moment opportun et de la manière la plus adéquate » à l’assassinat de Soleimani.

L'édito de Issa GORAIEB

Des vœux ? Mais si, mais si !

Cette escalade, verbale jusque-là, n’est certainement pas sans susciter des craintes quant à un conflit militaire dont le Moyen-Orient serait le théâtre et dont les retombées négatives n’épargneraient probablement pas le Liban. Mais il reste que cette escalade coïncide avec un règlement de certains dossiers régionaux importants tels que celui de la crise entre le Qatar et les pays du Golfe, ainsi que la normalisation des rapports arabo-israéliens. Comment interpréter tous ces événements ? Joseph Bahout, directeur de l’Institut Issam Farès au sein de l’Université américaine de Beyrouth, répond aux questions de L’Orient-Le Jour.

Il est actuellement question de règlements en série de dossiers dans la région. Pourquoi le Liban est-il toujours en reste ?

Il ne s’agit pas d’un règlement de comptes politiques. Il est principalement question de deux grands axes : la série de normalisations des relations entre Israël et plusieurs pays arabes due à l’initiative de Donald Trump ; et la fin de la crise entre le Qatar et les monarchies du Golfe. Cette fin était attendue avant le départ de M. Trump de la Maison-Blanche, surtout que c’est lui en quelque sorte qui en était la cause. Il faut reconnaître, en revanche, que le règlement de plusieurs questions épineuses se fait toujours attendre. C’est notamment le cas du nucléaire iranien, qui devrait être en tête des priorités de Joe Biden.

En attendant, il ne faut pas établir un lien entre la situation intérieure au Liban et la conjoncture régionale. Cette corrélation n’est d’ailleurs pas évidente. Il s’agit essentiellement d’un problème interne. On sait que la normalisation entre les Arabes et les Israéliens ne résoudra pas le problème de la corruption par exemple. Il s’agit d’un relâchement des tensions au niveau régional. Et, contrairement à ce que l’on serait tenté de croire, cela pourrait nous causer des problèmes, surtout au niveau économique.

Les tensions observées ces derniers jours entre l’Iran et ses adversaires signifient-elles un risque sérieux d’escalade militaire dans la région avant l’investiture de Joe Biden ?

Tout ce que nous observons actuellement pourrait bien prendre fin après le 20 janvier et l’investiture de Joe Biden. Il s’agit d’une façon pour Téhéran d’envoyer un message de dissuasion à Washington, et de définir les conditions des futures négociations avec Joe Biden.

Lire aussi

En attendant le retour de Hariri, la querelle CPL-Futur repart de plus belle...

Le recours à l’escalade militaire n’est pas rationnel pour des raisons différentes, comme le fait qu’Israël connaît des problèmes intérieurs, notamment avec la dissolution de la Knesset. À cela, il faudrait ajouter que Donald Trump est davantage surveillé par ses adversaires. Mais il reste qu’avec lui, tout est possible. Il pourrait donc choisir de mener une action militaire pour détourner l’attention de sa défaite de novembre, sachant que deux mois après les élections, il continue à remettre en question les résultats du scrutin.

Quoi qu’il en soit, on n’en est pas encore là, dans la mesure où les Iraniens et ceux qui gravitent dans leur orbite gardent la tête froide. Mais cela ne signifie pas qu’il ne faut pas former de gouvernement au Liban. Il faut surtout arrêter de croire que les choses reviendront à la normale à partir des 21 et 22 janvier.

La région se dirige-t-elle vers une polarisation entre le camp conduit par Riyad et ses alliés et le camp iranien dont feraient partie le Liban, la Syrie et l’Irak ?

Je ne sais pas comment les Saoudiens réagiront face à Joe Biden et sur quels dossiers. Ce qui pourrait être dit, c’est qu’ils essaient de maximiser les gains obtenus sous Donald Trump. D’où la normalisation avec Israël, sachant que les Émiratis par exemple sont en dialogue avec les Iraniens en sous-main. En face, la formation du gouvernement au Liban pourrait bien ne pas avoir lieu avant le 20 janvier, parce que le Hezbollah, mais aussi la présidence et ses alliés, croit que la fin du mandat Trump est en soi une perte pour le camp adverse.

La première commémoration de l’assassinat, en janvier 2020, de Kassem Soleimani, ancien chef de la brigade al-Qods au sein des gardiens de la révolution iranienne, a constitué une parfaite occasion pour le camp de la moumanaa d’attiser les tensions au Moyen-Orient. À quelques semaines de l’investiture du président élu américain Joe Biden, Téhéran a fait monter les enchères. Par...

commentaires (2)

il n'y a pas plus bete que celui qui veut bien l'etre malgre tout. il n'y a pas plus pernicieux que celui qui joui de ses saletes. il n'y a pas plus cons que les partisans de ceux la.

Gaby SIOUFI

09 h 53, le 06 janvier 2021

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • il n'y a pas plus bete que celui qui veut bien l'etre malgre tout. il n'y a pas plus pernicieux que celui qui joui de ses saletes. il n'y a pas plus cons que les partisans de ceux la.

    Gaby SIOUFI

    09 h 53, le 06 janvier 2021

  • "La corrélation entre la situation locale et la conjoncture régionale n’est pas évidente". Elle n'existe tout simplement pas. Ce n'est qu'un prétexte pour attendre et faire encore plus pourrir la situation.

    Yves Prevost

    07 h 19, le 06 janvier 2021

Retour en haut