Les aounistes appellent Hariri à rentrer au Liban et "assumer ses responsabilités"

Le groupe parlementaire aouniste a appelé mardi le Premier ministre désigné, Saad Hariri, à "assumer ses responsabilités" et à rentrer au Liban afin de former le nouveau gouvernement, attendu depuis août. 

"Le bloc du Liban fort appelle Saad Hariri à assumer ses responsabilités, à accomplir son devoir national et constitutionnel et à arrêter d'essayer de gagner du temps", ont exhorté les députés, dont la majorité sont membres du Courant patriotique libre fondé par le chef de l'État Michel Aoun. Ils ont exhorté le Premier ministre désigné à "rentrer de voyage afin de faire ce que l'on attend de lui", à savoir mettre sur pied son équipe ministérielle, et à ne pas "inventer des obstacles internes pour cacher les vraies raisons du retard dans le processus". 

La réponse de Saad Hariri aux propos des députés aounistes ne s'est pas fait attendre. "Le groupe du Liban fort est revenu à son habitude de faire porter les responsabilités des blocages aux autres", a écrit le bureau de presse du leader sunnite dans un communiqué. "Le Premier ministre désigné a fait son devoir national et constitutionnel en présentant au président Aoun une mouture gouvernementale composée de technocrates non-partisans et il attend maintenant que le chef de l'État termine d'étudier cette proposition", ajoute le texte. Le communiqué accuse aussi le groupe aouniste et le chef du CPL Gebran Bassil de poser "des conditions excessives" qui "menacent de torpiller l'initiative française", présentée à Beyrouth par le président Emmanuel Macron, et préconisant la formation d'un cabinet "de mission".

Désigné le 22 octobre pour former le cabinet, Saad Hariri est en voyage depuis le 27 décembre "pour raisons familiales", tel qu'il l'avait annoncé peu avant son départ. Le nouveau gouvernement libanais est très attendu pour mettre sur pied les réformes réclamées par la communauté internationale pour débloquer des aides financières devant permettre de sortir le Liban de la pire crise économique et financière de son histoire. Pourtant, depuis la démission du cabinet de Hassane Diab, le 10 août, suite aux explosions meurtrières au port de Beyrouth, les tractations traînent en longueur en raison de tiraillements entre le chef du Courant du Futur et le chef de l'État. Des questions liées notamment à la répartition des portefeuilles et la nomination des futurs ministres. 

Le groupe aouniste a en outre condamné "les violations répétées" de l'espace aérien libanais par l'aviation israélienne au cours des derniers jours, appelant les forces armées à "défendre le pays" face à ces infractions. 

Les députés aounistes ont enfin appelé à faire la vérité sur la double explosion du 4 août. "Le juge en charge de cette affaire (Fadi Sawan, ndlr) doit mener sa mission conformément aux règles en vigueur", ont-ils souligné dans un communiqué publié à l'issue de leur réunion hebdomadaire, soulignant que les Libanais veulent savoir "qui a fait venir le navire contenant le nitrate d'ammonium, qui a stocké ces produits et si une quantité de ces matières a été utilisée" au fil des ans. La déflagration a été provoquée par un incendie qui s'est déclaré dans le hangar 12 du port. Celui-ci contenait, selon les autorités libanaises, 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium stockées sans précaution depuis 2014.