Le Marché aux puces à la recherche d’un temps perdu

Elle n’a cessé de le préciser depuis le lancement de son Marché aux puces en août 2017 : « C’est un voyage qui nous embarque au cœur d’un monde heureux : un monde fait des souvenirs de notre enfance et de celle de nos aïeux. » Danièle Kiridjian, créatrice de mode, toujours en quête d’un objet merveilleux plein de nostalgie, d’histoires, a à son actif cinq « marchés aux puces » où brocanteurs et flâneurs trouvent toujours leur bonheur.

De Beit Méry à Mar Mikhaël, le nombre d’exposants et de visiteurs n’a pas cessé d’augmenter : 4 000 visiteurs pour la première édition, en août 2017, à Beit Méry ; 7 000 l’année suivante ; 12 000 pour l’édition d’avril 2019 à Mar Mkhaël, « de la folie ! » ; et enfin, 10 000 visiteurs lors du dernier rendez-vous à Beit Méry en août 2019.

12 000 visiteurs pour l’édition d’avril 2019 à Mar Mkhaël. Photo DR

Dans la morosité ambiante et pour donner un peu de joie aux quartiers et habitants de Beyrouth, Le Marché aux puces revient donc avec la même belle énergie, plus que jamais nécessaire, au cœur du quartier dévasté par la double explosion du 4 août. « Les préparatifs de cette édition sont mêlés de beaucoup d’émotions, confie Danièle Kiridjian. Ce marché, réputé pour procurer un bien-être et une énergie rayonnante, va se dérouler au cœur de Mar Mikhaël et redonner un peu de couleurs, mais surtout beaucoup d’espoir à ce quartier authentique qui bouillonnait de vie il y a quelques mois encore. Pour cette cinquième édition, nous collaborons avec Souk el-Tayeb, pionnier de la cuisine et de la mise en avant du terroir libanais. Nous pouvons également compter sur le soutien du célèbre antiquaire de l’émission « Affaire conclue » sur France 2, Stéphane Vanhandenhoven, qui affectionne le Liban, et tout particulièrement Beyrouth. Il a d’ailleurs fait le déplacement après la double explosion du 4 août afin de faire quelque chose pour les enfants touchés par la tragédie en apportant une aide matérielle et financière qui a permis de soigner nombre d’entre eux. Lors de sa visite au pays du Cèdre, après avoir découvert la page du Marché aux puces à travers le réseau social Instagram, il a décidé de nous rendre visite, et depuis, une amitié s’est tissée ! »

Un rendez-vous qui s’annonce joyeux.

Pour ce rendez-vous qui précède les fêtes de Noël, des fêtes où le cœur est en berne, ce sont 25 brocanteurs et amoureux du vintage qui seront présents « pour vous raconter l’histoire de chaque objet chiné, choisi, voire rescapé... » Des brocanteurs dont la « mission », outre de proposer des objets qui ont une valeur essentiellement émotionnelle et esthétique, est d’insuffler un peu de douceur, un moment de bien-être, durant cette période difficile. Le lieu choisi en est une belle symbolique.

« Aujourd’hui, je vois mon Beyrouth sur des béquilles, à l’image de ces échafaudages qui entourent les immeubles ravagés par la double explosion, poursuit Danièle. À l’image des Libanais, affaiblis, meurtris mais toujours combatifs, se relevant et déjà prêts à aller de l’avant. » Et de préciser : « Ces objets ont été les témoins de tant d’années à la fois douces et amères, et regorgent de nostalgie et de souvenirs. Chaque exposant a son histoire et se retrouve collectionneur après une vie de métiers différents. Ces hommes et ces femmes partagent tous la même passion pour le vintage. » « Cette année, la mascotte du marché sera une voiture Citroën CV maquillée d’une enveloppe à l’ancienne pour propager cette belle énergie partout, avec, toujours pour nous, le souci de l’environnement et un recyclage toujours présent… », dit-elle encore.

*Le Marché aux puces de Danièle Kiridjian s’étale sur 3 jours, du mercredi 16 au vendredi 18 décembre. Un « Aperitivo, happy hour » à l’italienne sera servi à partir de 16 heures.