Le Tribunal spécial des Nations unies pour le Liban (TSL) a condamné par contumace vendredi Salim Ayache, membre présumé du Hezbollah, à la perpétuité, pour avoir pris part à l'assassinat en 2005 de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri.
"Monsieur Ayache a participé à un acte de terrorisme qui a causé un massacre", a déclaré le juge David Re vendredi au TSL, basé à Leidschendam (Pays-Bas). Son rôle a été "déterminant dans le succès de l'attentat", a-t-il ajouté. "La gravité des crimes est telle qu'ils requièrent la peine maximale. Les infractions sont d'une telle gravité que très rares sont les circonstances pouvant être considérées comme des facteurs atténuants susceptibles de réduire la peine appropriée", a poursuivi David Re.
Jugé par contumace, Salim Ayache, 57 ans, avait été reconnu coupable en août pour son rôle dans l'attentat-suicide ayant tué le milliardaire sunnite et 21 autres personnes. Salim Ayache est toujours en fuite, Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah, refusant de le livrer, au même titre que trois autres accusés qui ont finalement été acquittés.
"La justice internationale a rendu son jugement dans l'affaire du président martyr Rafic Hariri et ses compagnons. La peine infligée à Salim Ayache doit être appliquée et les autorités judiciaires et sécuritaires libanaises doivent remplir leur devoir", a écrit Saad Hariri, Premier ministre désigné et fils de Rafic Hariri, sur Twitter, en réaction à cette condamnation. De son côté, Baha' Hariri, fils aîné de Rafic Hariri, a réclamé dans un tweet l'arrestation de Salim Ayache, "afin que la justice soit appliquée, d'éviter un isolement supplémentaire de l'État libanais sur la scène internationale et d'assurer que personne n'échappe à la reddition des comptes".
Au cours d'une audience en novembre, les procureurs avaient estimé que la perpétuité était la "seule condamnation juste et proportionnelle" pour Salim Ayache, considérant qu'il s'agissait de "la plus grave attaque terroriste ayant eu lieu sur le sol libanais." Ils avaient également exigé la saisie des biens de Salim Ayache.
Rafic Hariri avait été Premier ministre du Liban avant sa démission en octobre 2004. L'homme d'Etat libanais avait été tué le 14 février 2005 à Beyrouth lorsqu'un kamikaze avait fait exploser une camionnette remplie d'explosifs au passage de son convoi blindé. L'attaque avait fait 22 morts et 226 blessés.
"Outre le préjudice subi par les victimes directes et indirectes, cet attentat terroriste choquant a également infligé une forme de préjudice collectif au peuple libanais", a estimé vendredi le tribunal. "Le Liban est une démocratie parlementaire. Les politiciens et dirigeants devraient être démis de leurs fonctions dans les urnes et non par des balles ou des bombes dans un attentat terroriste", ont ajouté les juges.
"Dossier convaincant"
Dans leur jugement, en août, les juges avaient estimé qu'il y avait suffisamment de preuves pour déterminer que Salim Ayache était au cœur d'un réseau d'utilisateurs de téléphones portables épiant les faits et gestes de Rafic Hariri dans les mois ayant précédé son assassinat. Il n'y avait cependant pas assez de preuves pour condamner les autres accusés, Assad Sabra, Hussein Oneissi et Hassan Habib Merhi, ont déclaré les magistrats. Selon les juges, il n'y a pas non plus de preuves de lien entre l'attaque et la direction du mouvement Hezbollah ou ses alliés à Damas.
Même par contumace, ce jugement est important, ont estimé des experts. Certes, "les procès par contumace ne sont pas le moyen idéal pour rendre la justice", a admis Christophe Paulussen, chercheur à l'Institut Asser de La Haye (Pays-Bas). Et les tribunaux internationaux sont comme un "géant sans bras ni jambes", puisqu'ils dépendent des Etats pour les arrestations de suspects et ne sont pas en mesure de faire exécuter eux-mêmes une décision, selon M. Paulussen. "Mais malgré ce handicap, le tribunal spécial pour le Liban est au moins parvenu à constituer un dossier judiciaire convaincant sur ce qui s'est passé il y a 15 ans, donc à aider la société libanaise à passer d'une culture d'impunité à une culture de la responsabilisation", a-t-il ajouté.
En 2007, le Conseil de sécurité des Nations unies avait convenu de la création du Tribunal spécial pour le Liban à Leidschendam, le présentant comme le premier tribunal international au monde dont l'objectif est d'enquêter sur des crimes "terroristes".
Salim Ayache fait l'objet d'un autre procès dans ce même tribunal, portant sur trois autres attaques meurtrières à l'encontre de responsables politiques libanais en 2004 et 2005.
commentaires (8)
Proverbe juif "KOUL KILB ILOU YAWM" La boite de pandore de la reconnaissance Israélienne par les Arabes s' est ouverte et les premiers qui s' y engouffrent seront les plus gagnants . Notre consolation à nous Libanais et suprême gratification nous aurons l' honneur de faire partie de l'axe Corée du Nord Iran Syrie Venezuela Somalie etc..qui nous relèvera de l'abime dans lequel nous sommes pour nous enfoncer dans les abysses que le Hezbollah a déjà creusé !
PROFIL BAS
18 h 05, le 13 décembre 2020