L’explosion entendue à Jbaa serait-elle survenue dans un centre du Hezbollah ?

Une mystérieuse explosion a eu lieu lundi dans une région boisée de Jbaa (caza de Nabatiyé), connue pour être une zone de sécurité rattachée au Hezbollah. Cet incident, qui n’est pas sans rappeler l’explosion de Aïn Qana en septembre dernier, suscite de nombreuses interrogations. S’agit-il d’une explosion survenue dans un centre du parti chiite ou serait-ce un simple incident ? Vingt-quatre heures après la déflagration, entendue dans le secteur, personne n’était en mesure de dire quelle en était la cause. La seule certitude est que cette zone est contrôlée par le Hezbollah et inaccessible au public.

Selon Ahmad Ghamloush, président du conseil municipal de Jbaa, il ne s’est rien passé dans le village. Pour lui, il pourrait s’agir « tout au plus de l’explosion de munitions remontant à la guerre de juillet 2006 ». « J’ai posé la question aux habitants et personne n’a vu de fumée ou entendu quoi que ce soit. D’ailleurs, le Hezbollah ne possède pas de centre de sécurité dans cette zone-là, il s’agit d’une région agricole », a-t-il indiqué à L’Orient-Le Jour. « Il pourrait sans doute s’agir d’une bombe échouée là-bas lors de la guerre et qui aurait explosé au passage d’un animal. Nous avons appelé la police lundi et elle n’a rien constaté sur place », a assuré l’élu municipal. Contactée par L’OLJ, une source autorisée au sein du parti chiite a formellement démenti pour sa part le fait que des explosions aient eu lieu lundi à Jbaa.

En septembre dernier, une forte explosion s’était produite dans le village de Aïn Qana, non loin de Jbaa, provoquant un incendie et de nombreux dégâts matériels. La déflagration avait eu lieu dans un bâtiment appartenant au Hezbollah, mais il n’était pas clair s’il s’agissait d’un entrepôt d’armes ou de la maison d’un cadre du parti, le parti chiite ayant rapidement bouclé les lieux et empêché les médias d’y accéder.

Explosion dans un tunnel ?

« Certains disent que le son de la déflagration à Jbaa était peu audible, ce qui laisse penser qu’elle a pu avoir lieu dans un tunnel souterrain creusé par le Hezbollah », explique pour sa part notre correspondant politique Mounir Rabih. Il assure par ailleurs que le parti pro-iranien a restreint lundi l’accès au lieu où l’explosion aurait été entendue. M. Rabih exclut la possibilité d’une explosion d’une bombe à sous-munitions datant de la guerre de 2006, « la zone ayant été entièrement déminée par l’armée libanaise ». « Le Hezbollah explique quant à lui que le bruit serait dû à des manœuvres effectuées par l’armée dans la région », ajoute notre correspondant.

Une source au sein de l’institution militaire a pour sa part assuré à L’Orient-Le Jour que la troupe effectue bien des manœuvres à Kfarfalous, un village adjacent à Jbaa, mais qu’elle n’était pas au courant de la survenue d’un tel incident.

Pour mémoire

Enigmatique explosion dans un bâtiment du Hezbollah

Le journaliste Ali el-Amine souligne de son côté que le secteur en question est bien un centre de sécurité du Hezbollah. « Jbaa est située dans la région de l’Iqlim el-Touffah, qui est l’une des plus grandes zones militaires occupées par le Hezbollah dans le sud du pays. Le parti chiite y possède des bases militaires et probablement des tunnels souterrains », explique le journaliste.

« La zone où l’explosion a été entendue est boisée et montagneuse. Elle est interdite au public par le parti. Les propriétaires des terrains qui s’y trouvent sont souvent aux prises avec le Hezbollah qui les empêche d’y accéder. Cette zone se situe entre les cazas de Jezzine, Marjeyoun et Nabatiyé, et elle est très importante pour le parti. Elle faisait office de ligne de démarcation avant le retrait israélien en 2000 », explique M. Amine. « Les histoires qui circulent autour de cet incident sont contradictoires et montrent un certain embarras » au sein du Hezbollah, estime le journaliste. « La différence entre cet incident et celui de Aïn Qana est que l’explosion avait eu lieu entre les habitations dans le cas de Aïn Qana. Le Hezbollah pouvait donc difficilement cacher ce qui s’était passé. Mais on ne tardera pas à savoir ce qui a bien pu avoir lieu à Jbaa », estime-t-il.