Les frais universitaires à l'AUB désormais payés au taux de 3.900 livres pour un dollar

Les frais de scolarité de l'Université américaine de Beyrouth (AUB) devront être payés au prochain semestre au taux de 3.900 livres libanaises pour un dollar, contre 1.515 L.L pour un dollar jusqu'alors, a annoncé mardi le président de l'AUB, Fadlo Khuri, dans un contexte de crise économique et d'effondrement de la monnaie locale. Ce nouveau taux correspondra à celui affiché sur la plateforme électronique de la Banque du Liban (BDL), alors que sur le marché noir, le billet vert s'échange aux alentours de 8.000 LL. Concrètement, la décision de l'AUB revient dans les faits à presque tripler les frais universitaires des étudiants.

"Survie de l'AUB"
"(...) Nous avions jusque-là gelé les frais pour le semestre d'automne en acceptant les paiements au taux de 1.515 livres libanaises pour un dollar", a rappelé le président de l'AUB dans une lettre adressée à la communauté de l'université. "Malheureusement (...), l'écart entre les revenus générés par les frais universitaires en livres libanaises et les dépenses en dollars est devenu intenable", a reconnu M. Khuri. "C'est pourquoi, après de longues discussions avec le conseil d'administration, les représentants des facultés, ceux des étudiants et toutes les autres personnes concernées, nous avons décidé, pour la survie de l'AUB, d'ajuster notre taux de change pour les frais de scolarité afin que celui-ci corresponde au taux de la plateforme électronique de la BDL fixé à 3.900 LL", a annoncé M. Khuri. Il dit avoir pris cette décision avec "beaucoup d'hésitation", et regrette "les difficultés qu'elle va générer pour de nombreux étudiants".

Pour mémoire

« Malgré les difficultés financières, l’AUB est là pour rester »

"Nous restons engagés à augmenter de manière significative l'assistance financière afin de soutenir tous les étudiants qui y sont éligibles (...)", a toutefois fait savoir le président de l'AUB. "La caisse continuera à accepter des paiements en dollars, en livres libanaises et en euros. Les frais de base continueront à être calculés en dollars - ce qui est nécessaire pour nous afin de maintenir les bourses de scolarité et les soutiens d'associations et autres qui bénéficient aujourd'hui à plus de 1.000 étudiants de l'AUB", a-t-il ajouté.

"Anxiété"
"A nos étudiants, nous disons que nous ne faisons pas ce choix de gaieté de cœur. Nous sommes parfaitement conscients de l'anxiété qu'apporte cette nouvelle", a admis M. Khuri. "Je répète notre engagement à aider le plus possible d'entre vous en accroissant le budget d'aides. Nous serons en contact avec vous et vos familles pour vous expliquer comme accéder à ces aides disponibles pour que les étudiants talentueux puissent achever leur passage à l'AUB avec le soutien de l'Université", a -t-il poursuivi.

Lire aussi

Indignation et larmes à l’AUBMC : « Je n’ai rien fait pour mériter ce sort »

Et Fadlo Khuri de conclure : "Nous appelons toutes les familles qui peuvent se le permettre, notamment celles dont les revenus viennent de l'étranger, à payer les frais de scolarité en dollars plutôt qu'en livres. Ces familles permettront à des étudiants méritants - camarades de leurs propres enfants - de continuer leurs études". 

Lire aussi

Victoire massive des indépendants aux élections estudiantines de l’AUB

Depuis le début de la crise financière et économique au Liban, il y a plus d'un an, les banques ont imposé des restrictions aussi drastiques qu'illégales sur les retraits des dépôts. La monnaie nationale, indexée sur le dollar, a connu une forte dévaluation. Il faut dernièrement plus de 8.000 livres pour un dollar au taux du marché noir. Toutefois, le taux de change officiel, en vigueur avant la crise, n'a pas bougé et demeure de 1.515 livres pour un dollar. C'est à ce taux que sont par exemple payés les salaires des employés du secteur public, ce qui a engendré un effondrement conséquent de leur pouvoir d'achat. De son côté, la Banque du Liban a mis en place un taux de 3.900 livres pour un dollar pour les retraits d'argent à partir de comptes en devises.

Les universités du pays ont déjà tiré la sonnette d'alarme à plusieurs reprises depuis déjà des mois, se disant être en péril dans ce contexte de crise. Il y a quelques mois, des licenciements massifs ont eu lieu au sein de l'hôpital universitaire de l'université, l'AUBMC, provoquant un tollé. M. Khuri avait reconnu que ces licenciements "auraient pu et dû être mieux gérés".