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Politique - Décryptage

L’Iran choisira le moment, le lieu et la forme de sa riposte, selon le Hezbollah

L’Iran choisira le moment, le lieu et la forme de sa riposte, selon le Hezbollah

Des membres des forces iraniennes prient autour du cercueil du scientifique Mohsen Fakhrizadeh, le 30 novembre dernier. Photo AFP/TASNIM NEWS / Hamed Malekpour

Depuis l’assassinat près de Téhéran du physicien nucléaire Mohsen Fakhrizadeh vendredi, la région retient son souffle dans l’attente de la riposte iranienne. Au Liban, les spéculations vont bon train et, dans les médias, les informations se multiplient, parfois contradictoires, sur l’attitude du Hezbollah et son implication dans une éventuelle riposte iranienne contre Israël, accusé d’être derrière l’assassinat. Toutefois, quiconque se rend dans la banlieue sud de Beyrouth, et plus particulièrement dans l’une ou l’autre des institutions du Hezbollah, ne constate aucune activité ou tension inhabituelle. Les cadres du parti affichent un calme serein et presque indifférent. Dès qu’on les interroge sur les possibilités d’une guerre à la suite de l’assassinat du scientifique Mohsen Fakhrizadeh, ils répondent par un grand scepticisme. Selon eux, ce n’est pas parce que les Israéliens et, avec eux, l’administration américaine sortante de Donald Trump ne souhaitent pas mener une telle guerre, mais parce qu’ils ne le peuvent pas.

Les cadres du Hezbollah racontent ainsi qu’avant l’assassinat de Fakhrizadeh et alors que de nombreux médias annonçaient une opération américano-israélienne contre l’Iran dans la période s’étalant jusqu’à l’entrée en fonctions de la nouvelle administration de Joe Biden, ce dernier avait envoyé un message à l’Iran à travers le Premier ministre irakien Moustapha Kazimi. Dans ce message, poursuivent les cadres du Hezbollah, l’émissaire de Biden demandait à l’Iran de ne pas répondre aux provocations de l’administration sortante, tout en assurant que dès son installation à la Maison-Blanche, le nouveau président compte s’employer à relancer l’accord sur le nucléaire conclu en juillet 2015, quitte à en amender quelques points et à y introduire des éléments nouveaux, comme le dossier des missiles balistiques et un autre sur les sujets brûlants dans la région. Selon les informations des cadres du Hezbollah, le Premier ministre irakien se serait empressé de transmettre le message aux autorités iraniennes, notamment au chef de la Force al-Qods au sein des gardiens de la révolution iraniens, le général Esmaïl Qaani, lors de sa dernière visite à Bagdad. Les contacts étant permanents entre les autorités iraniennes et le commandement du Hezbollah, sans qu’il ne soit nécessaire de procéder à des échanges de visites entre eux, le message est donc parvenu au Hezbollah. Cela avant l’assassinat de Mohsen Fakhrizadeh. D’ailleurs, toujours selon certains cadres du Hezbollah, celui-ci n’avait de toute façon aucune intention de faire monter la tension à la frontière sud du pays. Au contraire, tout ce qu’il fait dans ce contexte, depuis des mois voire des années, vise à consolider « les règles de la confrontation » qu’il a établies après la guerre de 2006 et qui ont été appliquées au cours des 14 dernières années. Elles se résument comme suit : à chaque agression israélienne correspondra une riposte dans la même proportion, sans qu’il n’y ait de volonté d’aller plus loin ou d’élargir le champ de l’affrontement. Ainsi, lorsque, sur ordre de l’administration de Donald Trump, le chef de la Force al-Qods, le général Kassem Soleimani, et son compagnon irakien Abou Mehdi al-Mouhandès ont été tués dans un raid il y a 11 mois, les médias avaient aussi dit que le Hezbollah allait riposter contre Israël. De multiples scénarios avaient même circulé à ce moment-là concernant la riposte attendue du parti chiite. Mais les Iraniens ont riposté eux-mêmes en attaquant la base militaire de Aïn el-Assad en Irak, et, jusqu’à présent, on ignore encore le véritable nombre des victimes américaines de cette attaque. L’assassinat du scientifique Mohsen Fakrizadeh s’inscrit donc dans ce même contexte. Il est certain que les Iraniens riposteront, mais ils choisiront eux-mêmes la manière, la cible et le lieu, selon des considérations qui leur sont propres. À certains de leurs visiteurs arabes à Téhéran qui leur demandaient quand ils comptaient riposter, car l’assassinat a porté un coup à l’image de la République islamique, des responsables iraniens se sont contentés de poser la question suivante : si vous participez à une course très importante à l’issue de laquelle des prix de valeur sont remis au vainqueur, et si vous êtes dans le peloton de tête et qu’à quelques mètres de l’arrivée, vous avez un problème au pied, vous arrêtez-vous pour le soigner ou bien vous serrez les dents et vous continuez, malgré la terrible douleur, pour gagner le prix ? Selon ces responsables, ce serait donc exactement l’attitude de l’Iran après l’assassinat du scientifique Mohsen Fakhrizadeh. Ce pays estime avoir, selon eux, un grand projet et considère qu’il a accompli de grands pas dans sa réalisation, même si, pour l’achever, il doit faire face à des épreuves très douloureuses.

Selon les cadres du Hezbollah, les responsables de la République islamique sont donc convaincus que les Israéliens voudraient les entraîner dans une confrontation qui justifierait une intervention américaine directe avant l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche. Ils ne souhaitent donc pas tomber dans ce piège. En même temps, ils ne peuvent pas laisser le champ libre aux Israéliens et à leurs alliés américains. Entre ces deux exigences, ils essaient de trouver un moyen de riposter au cours des prochaines semaines. De plus, dans leur optique, les pressions américaines maximales – qui avaient pour objectif de faire chuter le régime iranien en imposant au pays des sanctions économiques très dures, ou de l’obliger à modifier sa politique dans la région, notamment dans le cadre de « l’axe de la résistance », et en particulier en Irak, en Syrie, au Liban et au Yémen – ont échoué. C’est pourquoi leur priorité est aujourd’hui de préserver ces acquis.

Depuis l’assassinat près de Téhéran du physicien nucléaire Mohsen Fakhrizadeh vendredi, la région retient son souffle dans l’attente de la riposte iranienne. Au Liban, les spéculations vont bon train et, dans les médias, les informations se multiplient, parfois contradictoires, sur l’attitude du Hezbollah et son implication dans une éventuelle riposte iranienne contre Israël,...

commentaires (6)

"gone with the wind" Mme Scarlett il faut voir les choses telles qu'elles : les héros irremplaçables iraniens, l'un après l'autre, se font montrer la porte vers le ...Paradox ...on dirait qu'ils se font martyrisé pour assurer l'attention des USA vers l'Iran...moins d'attention du grand diable, moins de valeur aux discours perses!! Alors vite avançons les martyrs sinon on risque l'oubli!

Wlek Sanferlou

15 h 02, le 03 décembre 2020

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Commentaires (6)

  • "gone with the wind" Mme Scarlett il faut voir les choses telles qu'elles : les héros irremplaçables iraniens, l'un après l'autre, se font montrer la porte vers le ...Paradox ...on dirait qu'ils se font martyrisé pour assurer l'attention des USA vers l'Iran...moins d'attention du grand diable, moins de valeur aux discours perses!! Alors vite avançons les martyrs sinon on risque l'oubli!

    Wlek Sanferlou

    15 h 02, le 03 décembre 2020

  • La seule question qui devrait etre posee est: POURQUOI LE LIBAN DEVRAIT PAYER? QUI A DONNER AU HEZB LE FEU VERT POUR METTRE EN DANGER LE LIBAN?

    IMB a SPO

    14 h 07, le 03 décembre 2020

  • c'est celaaa, oui. les cailloux et le sable du desert irakien n'ont qu'a bien se tenir ! Ils en tremblent encore depuis la réponse foudroyante A COTE des bases américaines HAHAHAHAAA

    Lebinlon

    14 h 06, le 03 décembre 2020

  • dame scarlet en veut aux americains tout autant qu'aux israeliens de titiller la fierte des iraniens-pour elle bien sur c'est bien de nasroullah qu'il s'agit- encore un peu elle allumerait des cierges dans une vingtaine d'eglises priant pour une victoire vengeresse iranienne qui viendrait mettre de baume sur le coeur de nasroullah & bien sur sur le sien aussi. BRAVO pour -encore une fois puisque c'est de rigueur- la dignite jamais perdue de la moumanaa independante.

    Gaby SIOUFI

    08 h 58, le 03 décembre 2020

  • Merci du renseignement madame la porte parole ! Ou et quand ? on s’en fout !on a quitté le Liban !

    PROFIL BAS

    08 h 43, le 03 décembre 2020

  • Qui a dit que l’Occident veut faire chuter le regime en Iran ? Ou trouvera-t-il mieux que ce regime retrograde pour faire de l’Iran, l’un des plus grands producteurs mondiaux de petrole, un pays exsangue, appauvri, au ban de la societe internationale, et qui pourtant ne reve que d’expansionnisme religieux obscurantiste, meme si les opposants se font tirer dessus et que la population crie famine. Quelles valeurs humaines et quelles ideaux democratiques prone l’Iran ? Sauf si produire des bombes et des missiles destructeurs devient un acte de foi ! Defendre l’Iran et ses allies n’est pas chose facile. Bon courage !

    Goraieb Nada

    08 h 41, le 03 décembre 2020

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