Le parquet de Beyrouth a engagé des poursuites, hier, pour « enrichissement illicite », contre le général à la retraite Jean Kahwagi, ancien commandant en chef de l’armée libanaise de 2008 à 2017, ainsi que sept autres hauts gradés de l’institution militaire. Il s’agit de la première affaire lancée en vertu de la « loi sur l’enrichissement illicite », adoptée le 30 septembre dernier par le Parlement. Parmi les militaires inculpés figurent notamment, selon des sources concordantes, l’ancien chef de cabinet du général Kahwagi, Mohammad Husseini, l’ex-directeur des services de renseignements de l’armée, Edmond Fadel, le directeur des SR militaires de Beyrouth, Georges Khamis, ainsi que quatre autres officiers. Les huit officiers seront interrogés par un juge d’instruction le jeudi 10 décembre, a précisé une source judiciaire citée par l’agence AFP. L’enquête préliminaire a révélé que l’étendue des propriétés et possessions des militaires concernés « ne correspondait pas au niveau de leurs salaires et de leurs pensions de retraite », a souligné cette source.
Cette affaire avait débuté il y a plusieurs semaines, lorsque l’avocat Wadih Akl, apparenté au Courant patriotique libre, avait présenté à la chaîne OTV (proche de la formation aouniste) des copies du procès-verbal d’une réunion du conseil d’administration de la Finance Bank. Selon l’Agence nationale d’information, reprise par l’AFP, l’établissement aurait autorisé, il y a plusieurs années, le général Kahwagi et certains membres de sa famille à déposer des sommes allant jusqu’à 1,2 million de dollars, sans avoir à présenter de justificatifs sur l’origine de ces fonds. L’avocat avait ensuite témoigné, documents à l’appui, devant le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire par intérim, le juge Fady Akiki, qui a alors diligenté une enquête sur plusieurs hauts gradés des forces de sécurité. Le dossier a été transféré au procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate, qui, dans le cadre de la loi sur l’enrichissement illicite, dispose de prérogatives exceptionnelles pour obtenir des informations auprès de la Banque du Liban concernant les avoirs de fonctionnaires. À son tour, le juge Oueidate a transféré le dossier devant le parquet de Beyrouth, qui a lancé les poursuites contre les huit responsables sécuritaires.
Une loi votée fin septembre
Les députés avaient adopté fin septembre dernier la loi sur l’enrichissement illicite, qui vise la hausse substantielle et injustifiée d’un patrimoine détenu par une personne liée de près ou de loin à la fonction publique. Ce projet s’inscrit dans le sillage des efforts que le pays doit engager pour renforcer ses moyens de lutte contre la corruption, une des réformes phares réclamées depuis des années par les soutiens du pays – dont la France – ainsi que par le Fonds monétaire international (FMI), démarché cette année en vue d’un déblocage d’une assistance financière, dans un contexte de crise économique et financière aiguë.Avant l’adoption de cette loi, les dirigeants et les responsables du secteur public étaient rarement inquiétés sur la provenance de leur richesse personnelle, militants et ONG dénonçant une absence de volonté politique pour assurer une véritable lutte contre la corruption.
commentaires (7)
Et tous les autres? Enrichissement "licite"??? Cela ne nous suffit pas. Tout d'abord ils doivent poursuivre leur action jusqu'au bout et ces poursuites doivent aboutir à des sanctions claires. Ensuite, et surtout, TOUS DOIVENT ETRE POURSUIVIS!!! Tous ceux dont le revenu officiel ne justifie pas les propriétés et actifs. Du ministre au député au fonctionnaire public
C EL K
04 h 32, le 04 décembre 2020