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L’erreur fatale

Ce fut sans doute la phrase la plus importante qu’il ait prononcée depuis le lancement de la bataille présidentielle aux États-Unis. En prenant bien soin de souligner sans détour, dans une interview télévisée, que sa présidence ne sera pas un « troisième mandat Obama », Joe Biden a mis le doigt sur la plaie, vraisemblablement dans un souci d’atténuer les vives appréhensions manifestées sur ce plan dans plus d’un milieu. Et par la même occasion, il aura reconnu d’une manière à peine voilée le caractère désastreux et dévastateur de la politique étrangère qu’avait suivie son mentor Barack Obama, du moins en ce qui concerne le Moyen-Orient, et plus particulièrement l’Iran. En ce sens, la petite phrase de Biden est en quelque sorte un désaveu public implicite de certains choix faits par celui avec qui il avait formé le ticket démocrate avant l’élection de Donald Trump.

L’accord sur le nucléaire iranien et ses multiples retombées sur la conjoncture dans l’ensemble de la région seront en toute logique l’un des principaux dossiers sur lequel sera appelée à plancher sans délai la nouvelle administration américaine. Celle-ci aura, à n’en point douter, du pain sur la planche à cet égard. Et pour cause : la ligne de conduite adoptée par Barack Obama dans cette partie du monde a eu pour effet de plonger le M-O dans une situation de guerres permanentes, d’anarchie et d’instabilité sécuritaire chronique dont les effets se font ressentir violemment jusqu’à aujourd’hui, bien que l’administration Trump se soit employée minutieusement à rectifier le tir ces quatre dernières années.

Afin d’être en mesure de déterminer rationnellement, dans un proche futur, si Joe Biden parviendra ou non à tenir sa promesse de ne pas s’engager sur la voie d’un « troisième mandat Obama », un rappel de la ligne de conduite de l’ancienne administration démocrate paraît de mise. Barack Obama avait axé sa stratégie au Moyen-Orient sur deux grandes options fondamentales : l’appui au courant des Frères musulmans, plus particulièrement au pouvoir égyptien de l’époque (celui de Mohammad Morsi), ce qui ne pouvait que renforcer la stature régionale de la Turquie d’Erdogan et semer les graines de la discorde ; et la recherche obstinée d’un accord sur le nucléaire iranien, même au prix d’un feu vert à l’expansionnisme des pasdaran. La conclusion de cet accord était devenue pour l’ancien chef démocrate de la Maison-Blanche un objectif prioritaire à réaliser, quel que soit le coût à payer. Cela explique, notamment, qu’il ait fermé allègrement les yeux (à en croire diverses sources US) sur les activités illégales du Hezbollah en Amérique et, surtout, qu’il se soit contenté d’une vague entente avec la Russie sur une élimination des armes chimiques du régime Assad après l’utilisation de ces armes contre la population civile de la Ghouta, en août 2013, alors qu’il s’était engagé publiquement à considérer le recours à un tel arsenal comme une « ligne rouge » dont le franchissement entraînerait une riposte ferme de sa part. L’entente avec Moscou sur ce dossier, en septembre 2013, s’avérera, comme il fallait s’y attendre, toute théorique… De la poudre aux yeux. Il était en effet naïf, ou plutôt trompeur, de faire croire que le tyran de Damas n’allait pas trouver rapidement les moyens de court-circuiter l’arrangement américano-russe.

Mais plus graves encore sont les conditions dans lesquelles a été conclu l’accord sur le nucléaire iranien. Déterminé coûte que coûte à réaliser cet objectif, Barack Obama avait accepté les desiderata imposés par les gardiens de la révolution, à savoir que l’arsenal balistique et, surtout, leur politique expansionniste dans la région soient tenus à l’écart des négociations et exclus de l’accord. Le pouvoir des mollahs avait alors obtenu ce qui lui importait le plus, la levée des sanctions et la récupération d’énormes montants gelés par l’administration US (dont une bonne partie a été restituée en liquide), sans pour autant que les pasdaran renoncent à leur vaste entreprise de déstabilisation dans plusieurs pays de la région.

C’est précisément ce dernier point (parallèlement au dossier des missiles balistiques) qui constituera l’un des grands défis que le prochain locataire de la Maison-Blanche sera appelé à relever. Joe Biden et son secrétaire d’État nouvellement désigné, le très francophile Antony Blinken (l’un des artisans de l’accord sur le nucléaire), réitéreront-ils l’erreur stratégique d’Obama de lever à de moindres conditions les sanctions, tout en accordant un blanc-seing renouvelé aux gardiens de la révolution pour qu’ils poursuivent leurs guerres et leur entreprise de déstabilisation à outrance, ce qui serait fatal pour le Liban et pour nombre de pays du M-O ? Avec la normalisation active enclenchée entre certains États du Golfe et Israël, de nouvelles perspectives de paix paraissent poindre à l’horizon. La nouvelle administration US se doit de baliser, de consolider et d’élargir cette voie vers une paix plus large. Pour l’aile radicale et guerrière du pouvoir iranien, l’enjeu sera sans doute dans la prochaine étape d’exploiter la politique de la main tendue que pourrait pratiquer le prochain locataire de la Maison-Blanche afin de torpiller les nouvelles perspectives qui s’ouvrent dans la région. Car, pour les porte-

étendards du projet d’exportation par la force des baïonnettes de la révolution islamique, l’instabilité chronique et le climat de guerre permanente, sans fin et sans horizons, sont un véritable fonds de commerce et un inépuisable réservoir d’oxygène.

Ce fut sans doute la phrase la plus importante qu’il ait prononcée depuis le lancement de la bataille présidentielle aux États-Unis. En prenant bien soin de souligner sans détour, dans une interview télévisée, que sa présidence ne sera pas un « troisième mandat Obama », Joe Biden a mis le doigt sur la plaie, vraisemblablement dans un souci d’atténuer les vives...

commentaires (4)

cet article , fait par un journaliste libanais, qui vit au Liban , est incompréhensible. Il se joint au concert de tous ceux qui croient que la paix entre israél et les arabes apportera la stabilité et le bonheur aux peuples arabes, appauvris et désorientés, en particulier aux libanais. Mais alors ,,une question émerge: comment se fait il qu'un journaliste libanais, vivant au Liban, autrement dit , tout près de la base du problème, puisse oublier d'en parler, volontairement je suppose. La paix , monsieur Touma, personne n'est contre. même pas le Hezbollah. Mais que faites vous des palestiniens? vous acceptez d'intégrer les 400.000 palestiniens des camps de Sabra et chatila, de Saida et de tripoli, sans parler de tous ceux éparpillés......autant dire, nous acceptons les diktats des voleurs de terre. nous nous mettons à genoux et le problème est réglé. Qu'un parti politique propose cette solution aux prochaines élections, nous verrons si la majorité des libanais, l'accepte....... rappelez vous et rappelez à vos lecteurs, que les problèmes ne datent pas de la création du Hezb et l'arrivée des iraniens dans la région..... Les problèmes ont commencé avec l'arrivée des voleurs de nos terres.....et l'arrivée des réfugies qui en ait suivi. Tant que vous ne proposez pas de solution à ce problème,, votre article ressemble à de l'air frais certes, mais c'est de l'air quand même.....

HIJAZI ABDULRAHIM

11 h 53, le 02 décembre 2020

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Commentaires (4)

  • cet article , fait par un journaliste libanais, qui vit au Liban , est incompréhensible. Il se joint au concert de tous ceux qui croient que la paix entre israél et les arabes apportera la stabilité et le bonheur aux peuples arabes, appauvris et désorientés, en particulier aux libanais. Mais alors ,,une question émerge: comment se fait il qu'un journaliste libanais, vivant au Liban, autrement dit , tout près de la base du problème, puisse oublier d'en parler, volontairement je suppose. La paix , monsieur Touma, personne n'est contre. même pas le Hezbollah. Mais que faites vous des palestiniens? vous acceptez d'intégrer les 400.000 palestiniens des camps de Sabra et chatila, de Saida et de tripoli, sans parler de tous ceux éparpillés......autant dire, nous acceptons les diktats des voleurs de terre. nous nous mettons à genoux et le problème est réglé. Qu'un parti politique propose cette solution aux prochaines élections, nous verrons si la majorité des libanais, l'accepte....... rappelez vous et rappelez à vos lecteurs, que les problèmes ne datent pas de la création du Hezb et l'arrivée des iraniens dans la région..... Les problèmes ont commencé avec l'arrivée des voleurs de nos terres.....et l'arrivée des réfugies qui en ait suivi. Tant que vous ne proposez pas de solution à ce problème,, votre article ressemble à de l'air frais certes, mais c'est de l'air quand même.....

    HIJAZI ABDULRAHIM

    11 h 53, le 02 décembre 2020

  • LES IRANIENS VONT ETRE OBLIGES A NEGOCIER ET LEURS ARMES BALISTIQUES ET LEURS MILICES PROVOCATRICES.. BIDEN ET LES EUROPEENS EN SONT D,ACCORD.

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 14, le 01 décembre 2020

  • Les iraniens et leurs alliés dans le monde se trouvent actuellement dans une situation plus critique que jamais. Espérons que les grandes puissances saisiront l’occasion pour leur donner un coup fatal pour en finir avec leur barbarie et leurs prétentions démesurées. Il ne faut pas changer de cap et persister à bloquer toute aide à ces mollahs et autres prétentieux tels que Erdogan ou Assad qui n’ont jamais su faire profiter leur peuple des richesses de leur pays, occupés à semer la terreur et la violence dans cette région déjà fragilisée par le comportement des dictateurs et des profiteurs simplement pour défendre leur égo et s’enrichir aux dépends des vies humaines qu’ils ont sacrifiées et sacrifieront encore dans leurs seuls intérêts personnels. Le peuple iranien est dans la même situation que le peuple libanais, avides de liberté et impuissants face à des dirigeants armés sans foi à qui on a donné le permis de les détruire impunément.

    Sissi zayyat

    13 h 39, le 01 décembre 2020

  • La donne a change, et tout mode’re’ que soit Biden, il ne pourra que profiter des actions musclees de Trump. L’iran , qui subit une forte recession economique resultant des sanctions americaines, doit faire face en plus a une nouvelle alliance entre les pays du Golfe et Israel. Ajoutons a cela que malgre les fanfaronnades, la securite a l’interieur meme du pays est fortement ebranlee , des tres hauts responsables ont été assassines et des sites strategiques ont souffert d’ actes de sabotage importants, indiquant qu’il existe une opposition iranienne active. Par ailleurs les frappes israeliennes , devenues regulieres, contre les iraniens en Syrie demeurent pratiquement sans reponse. Les ayatollahs ont perdu de leur superbe et il n’est pas interdit d’esperer de les ramener, eux et leurs allie’s locaux, a des ambitions un peu plus modestes.

    Goraieb Nada

    09 h 17, le 01 décembre 2020

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