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Moyen-Orient - Éclairage

Pourquoi Riyad pourrait bientôt se réconcilier avec Doha

Jared Kushner, le gendre et conseiller de Donald Trump, devrait se rendre en Arabie saoudite et au Qatar dans les prochains jours, selon la presse américaine.

Pourquoi Riyad pourrait bientôt se réconcilier avec Doha

Montage photo : le prince héritier saoudien, Mohammad ben Salmane, le conseiller et gendre de Donald Trump, Jared Kushner, et l’émir du Qatar, Tamim ben Hamad al-Thani. Ludovic Marin, Saul Loeb et Fethi Belaid/AFP

C’est un geste diplomatique qui pourrait permettre à Mohammad ben Salmane de faire d’une pierre deux coups. Selon la presse américaine, Jared Kushner, le gendre et conseiller du président des États-Unis Donald Trump, devrait se rendre en Arabie saoudite et au Qatar dans les prochains jours dans le but de résoudre le conflit qui oppose Riyad et ses alliés à Doha depuis trois ans. Faisant l’objet d’un blocus lancé en juin 2017 par l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn et l’Égypte, le petit émirat est accusé de financer le « terrorisme » et d’entretenir des liens trop étroits avec l’Iran, bête noire du royaume wahhabite et d’Abou Dhabi.

Pour Riyad, mettre un terme au blocus contre son voisin qatari lui permettrait d’offrir un dernier cadeau à l’équipe de Donald Trump et, surtout, de faire bonne figure face à la future administration démocrate, à quelques semaines de son arrivée à la Maison-Blanche. « Mettre fin au différend avec le Qatar est une affaire assez importante et a un coût raisonnablement bas pour l’Arabie saoudite », estime Hussein Ibish, chercheur à l’Arab Gulf States Institute, interrogé par L’Orient-Le Jour.

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Si ce n’est pas la première fois que l’administration sortante accentue la pression sur les pays du Golfe pour trouver une issue au conflit, le contexte est différent cette fois-ci. L’arrivée de Joe Biden, plus ferme sur la question des droits humains, annonce un certain refroidissement des relations américano-saoudiennes et, surtout, une rupture avec le blanc-seing accordé au dauphin saoudien par Washington ces quatre dernières années.

« L’Arabie saoudite est plus que jamais intéressée à montrer, en particulier au département d’État à Washington, qu’elle peut agir comme une force positive dans la région », souligne Andreas Krieg, professeur au King’s College de Londres. « L’engagement de Riyad auprès de Washington et du Koweït, (qui agissent) en tant que médiateurs, a montré que les Saoudiens sont prêts à s’engager à prendre des mesures pour rétablir la confiance, telles que la levée du blocus aérien ou l’ouverture de la frontière terrestre », poursuit-il. De son côté, Doha s’est montré ouvert à des négociations, moins virulent à l’égard de ses voisins et plus modéré sur les dossiers régionaux, contrastant avec la posture adoptée lors du printemps arabe en 2011, quand le Qatar était plus favorable à l’égard des Frères musulmans, bête noire d’Abou Dhabi.

Pour l’administration Trump, qui s’active en coulisses pour solidifier le front anti-iranien, ce déplacement s’apparente à une ultime tentative de résoudre la crise qui a affaibli le Conseil de coopération du Golfe et de marquer des points dans la région avant l’investiture de Joe Biden le 20 janvier. Ce dossier est d’autant plus important pour Washington que le royaume saoudien est son principal allié dans la péninsule Arabique et que l’émirat qatari héberge la plus grande base militaire américaine au Moyen-Orient, à al-Udeid.

Composer avec la Turquie

La visite de Jared Kushner s’inscrirait dans le sillage de la récente tournée d’adieu du secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, et de la rencontre, révélée par des fuites dans les médias, entre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et MBS à Neom, en Arabie saoudite, la semaine dernière. Elle interviendrait également quelques jours après l’assassinat vendredi dernier de Mohsen Fakhrizadeh, scientifique du programme nucléaire iranien, attribué à Israël par Téhéran.

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Interrogé sur une éventuelle levée du blocus, le conseiller américain à la Sécurité nationale Robert O’Brien avait confié, le 16 novembre dernier, au site d’information américain The Hill, qu’« il y a une possibilité pour cela ». « J’aimerais que cela se fasse dans les 70 prochains jours », avait-il précisé. Jared Kushner aurait par ailleurs été présent lors de la rencontre entre Mike Pompeo et le ministre koweïtien des Affaires étrangères, Ahmad Nasser al-Sabah, mardi dernier à Washington. La rencontre entre le chef de la diplomatie koweïtienne et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi deux jours plus tard a été interprétée par certains observateurs comme un signe d’une nouvelle tentative de médiation.

Ces initiatives ne font cependant pas les affaires d’Abou Dhabi, qui continue de maintenir une position ferme contre Doha, dont le rapprochement avec Téhéran et Ankara dans la foulée du blocus est vu d’un mauvais œil par les EAU. Estimant que la résolution du conflit entre les pays du Golfe n’était sur « la liste des priorités de personne », l’ambassadeur des EAU aux États-Unis, Youssef Otaiba, a déclaré en novembre que les pays de la région ont « un désaccord très philosophique sur ce à quoi nous voulons que notre région ressemble, et nous ne nous sommes pas vraiment assis ensemble pour trouver la solution ». « Dans l’optique des États-Unis, il s’agit pour les Saoudiens d’amener les Émiratis dans leur giron alors qu’ils ne sont pas inclus pour le moment à la table des négociations », observe Andreas Krieg. « Pour Abou Dhabi, le fossé avec le Qatar est plus idéologique et conceptuel que pour l’Arabie saoudite, ce qui les empêche de faire des concessions », relève-t-il.

Si une résolution du conflit permettrait de renforcer le front anti-iranien, les pays du Golfe pourraient toutefois devoir composer avec la Turquie, partenaire du Qatar et rivale du royaume saoudien et des EAU, qui ambitionne de s’imposer comme le leader du bloc sunnite. « Il reste à voir si l’Arabie saoudite peut faire en sorte que le Qatar s’éloigne d’Ankara, mais ce serait un accomplissement considérable si elle y arrivait », estime Hussein Ibish. « Si elle ne le peut pas et est prête à vivre avec un Qatar membre légitime de la communauté arabe du Golfe et orienté vers la Turquie, cela pourra renforcer la portée d’Ankara dans la région du Golfe », ajoute-t-il.La visite du gendre de Donald Trump devrait également permettre d’aborder d’autres dossiers, à l’instar de l’autorisation des vols en provenance d’Israël dans l’espace aérien saoudien que Jared Kushner souhaite consolider, selon le site d’information américain Axios. Jared Kushner devrait en outre être accompagné du conseiller de Donald Trump sur le Moyen-Orient Avi Berkowitz, de l’ancien émissaire américain pour l’Iran Brian Hook et du directeur général de la société américaine de finance du développement international Adam Boehler. Des membres-clés de son équipe qui ont contribué à négocier les accords de normalisation signés au cours des trois derniers mois entre Israël et les EAU, Bahreïn et le Soudan. Autant d’allées et venues qui alimentent les spéculations sur une normalisation des liens entre l’Arabie saoudite et l’État hébreu. Des conseillers saoudiens, cités vendredi par le Wall Street Journal, ont toutefois indiqué que MBS « hésitait à franchir le pas maintenant, alors qu’il pourrait utiliser un accord plus tard pour aider à cimenter (ses) relations avec le nouveau dirigeant américain ».

Pétrole : l’OPEP se penche sur son accord de limitation de production

L’OPEP a débuté hier un sommet ministériel de deux jours qui doit lui permettre de statuer sur les quotas de coupe de production d’or noir à venir, dans un marché toujours déprimé par la pandémie de coronavirus. La réunion, qui s’est ouverte en milieu de journée se déroule par visioconférence, comme les précédents points mensuels des ministres cette année. Les treize membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) seront rejoints mardi par leurs dix alliés de l’OPEP+, au premier rang desquels la Russie.

L’objectif commun de l’alliance des pays producteurs est de maintenir à flot un marché du brut dévasté par la pandémie de Covid-19 et qui se remet doucement des abîmes dans lesquels l’avaient plongé les prix à la fin du mois d’avril. La crise sanitaire « continue d’avoir des répercussions négatives sans précédent sur l’économie mondiale et, par conséquent, sur les marchés de l’énergie », a prévenu le ministre algérien de l’Énergie Abdelmadjid Attar, qui assure la présidence tournante du cartel, à l’occasion d’un discours introductif retransmis en direct sur le site de l’OPEP. Pour enrayer la chute des cours, le groupe de producteurs utilise sa principale arme en s’astreignant à des coupes drastiques dans sa production d’or noir, afin de l’adapter à un niveau de demande qui a fondu. Il s’agit d’un effort pénible pour ses recettes même si ces réductions ont contribué à faire repartir les prix à la hausse.

Selon l’accord en vigueur décidé en avril, le retrait actuel du marché de 7,7 millions de barils par jour doit être ramené à 5,8 millions à compter de janvier 2021, mais la plupart des observateurs tablent sur un report de trois, voire six mois, la deuxième vague de Covid-19 n’ayant pas à l’époque été anticipée. « Nous devons être conscients aujourd’hui que les conditions du marché en 2020 vont probablement se poursuivre au premier trimestre 2021 », a d’ailleurs indiqué M. Attar dans son discours.

C’est un geste diplomatique qui pourrait permettre à Mohammad ben Salmane de faire d’une pierre deux coups. Selon la presse américaine, Jared Kushner, le gendre et conseiller du président des États-Unis Donald Trump, devrait se rendre en Arabie saoudite et au Qatar dans les prochains jours dans le but de résoudre le conflit qui oppose Riyad et ses alliés à Doha depuis trois ans....

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Quelle salade russe, quel bordel , un melting-pot

Eleni Caridopoulou

17 h 19, le 02 décembre 2020

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Commentaires (1)

  • Quelle salade russe, quel bordel , un melting-pot

    Eleni Caridopoulou

    17 h 19, le 02 décembre 2020

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