Comme si les cauchemars quotidiens des Libanais ne leur suffisaient pas. Il ne leur manquait que de se noyer dans les rues et autoroutes inondées aux premières pluies torrentielles de la saison, avec 30 millimètres de précipitations en un temps record d’une heure. C’était le cas samedi. De nombreux automobilistes ont vécu un véritable calvaire sur les routes, pestant contre un État défaillant, incapable d’anticiper ce genre de situation devenue récurrente depuis des années et s’efforçant en permanence de trouver des justifications au manquement chronique des autorités compétentes à leurs devoirs. Samedi 28 novembre 2020 : 13h. De fortes averses se sont abattues dans plusieurs régions pendant quelques heures, entre la fin de matinée et l’après-midi, provoquant de graves inondations sur les routes et les autoroutes. Plusieurs axes routiers ont été inondés en quelques instants, sur lesquels de nombreux automobilistes se sont retrouvés bloqués, alors que les photos et vidéos de routes transformées en véritables fleuves devenaient virales dans la journée sur les réseaux sociaux.
Pour justifier cet échec qui se répète à chaque saison de pluies, le ministère des Travaux publics continue d’avancer les arguments habituels. « L’infrastructure au Liban est vieille de 50 ans au moins. Elle est donc devenue obsolète, sachant que 30 millimètres de précipitations ont été enregistrées en l’espace d’une heure, alors qu’en temps normal, 120 millimètres sont enregistrés par mois », explique à L’Orient-Le Jour Pierre Baaklini, conseiller du ministre sortant des Travaux publics, Michel Najjar. Et de rappeler que le ministère a lancé, dès le 28 septembre dernier, les chantiers de nettoyage des canalisations des eaux usées. « Mais avec le manque de moyens financiers, il nous est difficile de mener à bien cette mission », déplore-t-il.
M. Baaklini souligne en outre que le ministère des Travaux publics est responsable des autoroutes, précisant qu’il revient aux municipalités de se charger des routes intérieures, de leur entretien et de leur nettoyage.
Pour ce qui est des mesures qui seront prises pour éviter une nouvelle catastrophe, Michel Najjar s’excuse auprès des citoyens et souligne, dans une déclaration à L’Orient-Le Jour, « que le plus important réside dans le nettoyage des canalisations des eaux usées, et c’est ce que nous faisons depuis septembre dernier ». « Nous œuvrons aussi pour que les équipes d’entretien affiliées au ministère soient prêtes à intervenir en cas de catastrophe comme celle de samedi », dit-il avant d’expliquer : « Le problème c’est que le rayon des canalisations ne peut contenir une aussi grande quantité de précipitations (30 millimètres en une heure alors que la moyenne mensuelle est de 108 millimètres).»
Quoi qu’il en soit, le ministère des Travaux avait publié samedi un communiqué réagissant aux photos et vidéos des routes transformées en de véritables fleuves, devenues virales sur les réseaux sociaux. Le texte précise que des chantiers lancés par ses équipes avaient permis d’ouvrir les canalisations et d’évacuer les eaux de pluie. Soulignant que certaines vidéos partagées étaient « manipulées et anciennes », il a affirmé que ses différentes équipes étaient mobilisées le long des autoroutes du pays.
commentaires (3)
Je ne veux pas minimiser la responsabilité du Ministère des TP dans ce qui s'est passé, mais il faut avouer que la quantité de pluie déversée en une heure est nettement supérieure à la capacité d'évacuation des canalisations, mème si celles-ci sont propres à 100%!
Georges MELKI
12 h 17, le 01 décembre 2020