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Société - Meurtre à Bécharré

Les habitants appelés au calme, la municipalité hausse le ton vis-à-vis des réfugiés syriens

Les autorités municipales ont exprimé leur "étonnement" concernant "la possession, par un ouvrier syrien, d'une arme".

La première juge d'instruction du Liban-Nord, Samaranda Nassar, à Bécharré, le 24 novembre 2020. Photo ANI

Un appel au calme a été lancé mardi à l'attention des habitants de Bécharré, au Liban-Nord, tandis que les autorités locales ont haussé le ton vis-à-vis des réfugiés syriens qui y résident, après que des tensions aient éclaté la veille en réaction au meurtre d'un jeune homme de la localité. 

Lundi soir, Joseph Tok a été tué par balles dans la région des Cèdres, dans des circonstances encore mal éclaircies. Le suspect, de nationalité syrienne, s'est rendu lui-même aux forces de l'ordre, selon l'armée, avant d'être placé en détention. Selon des précisions apportées par l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle), le meurtrier présumé travaille comme concierge dans une villa qui jouxte un terrain appartenant à Joseph Tok.

Ce meurtre a provoqué la colère des habitants qui se sont rassemblés lundi soir devant le Sérail, exigeant que le tireur leur soit remis. Des renforts de l’armée ont alors été acheminés sur place, tandis que le meurtrier présumé était emmené par les SR de l’armée à Tripoli. Dans la soirée, des motos appartenant à des journaliers syriens ont été incendiées à Bécharré. L'Ani avait rapporté lundi soir que les habitants avaient entrepris d'expulser les ressortissants syriens se trouvant dans la ville, une information qui a toutefois été démentie par le président de la municipalité, Freddie Keyrouz, à notre publication sœur en anglais, L'Orient Today. 

Réagissant à ces événements, les députés du caza de Bécharré, Sethrida Geagea et Joseph Ishak (Forces libanaises), ont appelé les habitants à "respecter les lois et à ne pas se laisser entraîner dans des actes violents", soulignant que le meurtrier présumé avait été arrêté et qu'il serait jugé. Le texte précise que Sethrida Geagea a mené lundi dans la soirée plusieurs contacts, notamment avec le commandant en chef de l'armée, le général Joseph Aoun, afin de "contrôler la situation dans la ville et de ne pas permettre à cet incident de provoquer des heurts sécuritaires". Le chef des FL, Samir Geagea, a de son côté appelé les habitants de Bécharré à ne commettre "aucun acte illégal" et à attendre les résultats de l'enquête. Il a encore réclamé à l'Etat que des fouilles soient menées dans toute la région afin que soient confisquées toutes les armes détenues illégalement.

"Inspection élargie"
De son côté, le conseil municipal de Bécharré s'est abstenu de commenter la réaction des habitants, les invitant à faire preuve de patience jusqu'à ce que l'enquête soit menée sur les événements de la veille, et a appelé à prendre des mesures vis-à-vis de la main-d'oeuvre syrienne. "Notre ville a toujours été un refuge pour les opprimés et n'a jamais fait de distinction entre les religions et les races ", soulignent les membres du conseil municipal dans un communiqué. Ils ont toutefois martelé qu'ils ne "toléreront aucune personne ni aucun groupe qui menacent notre sécurité et notre société".  A l'issue d'une réunion urgente, les autorités municipales ont exprimé leur "étonnement" concernant la possession, par un ouvrier syrien, d'une arme et se sont interrogées sur ses motifs. Elles ont dès lors réclamé aux forces de l'ordre de mener une "inspection élargie" des habitations des ressortissants syriens de la ville "afin de vérifier leur identité". Elles ont adressé une mise en garde "aux Syriens qui sont présents illégalement", les enjoignant "à quitter immédiatement" la localité. "Nous ne resterons pas silencieux face à ce crime et nous espérons que tout le monde fera preuve de patience jusqu'à la fin de l'enquête", ajoute le conseil municipal dans son communiqué, réclamant "des sanctions sévères" contre le meurtrier présumé. Il a encore demandé aux habitants d'employer de la main-d'oeuvre "locale" dans tous les secteurs d'activité. 

Mardi soir, l’Ani a rapporté que des soldats de l’armée libanaise ont perquisitionné des appartements dans lesquels vivent des Syriens. 

Les premiers éléments de l'enquête
Sur le terrain, la première juge d'instruction du Liban-Nord, Samaranda Nassar, s'est rendue sur le lieu du crime. Selon les premiers éléments de l'enquête, le suspect a tiré quatre fois au moyen d'un pistolet contenant des balles de 9 mm, alors qu'il se trouvait à proximité de la victime. Cette dernière a été touchée à l'épaule, au niveau de l'aisselle, à la taille et à la poitrine. C'est cette dernière balle qui a tué sur le coup Joseph Tok, selon le rapport du médecin légiste cité par l'Ani. Un autre objet contondant a été retrouvé sur les lieux du crime mais il n'était pas immédiatement confirmé s'il avait été utilisé lors de l'altercation entre les deux hommes.
Selon des témoins, un incendie limité s'était déclaré sur le terrain appartenant à M. Tok, peu avant les tirs.


Un appel au calme a été lancé mardi à l'attention des habitants de Bécharré, au Liban-Nord, tandis que les autorités locales ont haussé le ton vis-à-vis des réfugiés syriens qui y résident, après que des tensions aient éclaté la veille en réaction au meurtre d'un jeune homme de la localité. Lundi soir, Joseph Tok a été tué par balles dans la région des Cèdres, dans des...

commentaires (7)

Pourquoi ce réfugié syrien avait une arme à feu? Si il est établi que des simples syriens présents sur notre territoire sont armés , je demande expressément à ce que les FSI et l’armée mènent des rafles de grande ampleur pour les désarmer. Faute de quoi, chaque citoyen libanais sera en droit de posséder des armes pour se défendre en cas d’agression

Lecteur excédé par la censure

19 h 22, le 24 novembre 2020

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Commentaires (7)

  • Pourquoi ce réfugié syrien avait une arme à feu? Si il est établi que des simples syriens présents sur notre territoire sont armés , je demande expressément à ce que les FSI et l’armée mènent des rafles de grande ampleur pour les désarmer. Faute de quoi, chaque citoyen libanais sera en droit de posséder des armes pour se défendre en cas d’agression

    Lecteur excédé par la censure

    19 h 22, le 24 novembre 2020

  • Quand les ressortissants syriens forment 36% de la population libanaise ,il faudra s 'attendre encore au pire .

    Antoine Sabbagha

    18 h 15, le 24 novembre 2020

  • "s'est rendu lui-même aux forces de l'ordre". En fait, s'il s'est rendu aux forces de l'ordre c'est pour échapper aux citoyens qui s'apprêtaient à le lyncher.

    Yves Prevost

    17 h 20, le 24 novembre 2020

  • Il est juste temps pour les réfugiés syriens de rentrer chez eux mais encore faut-il qu’il y ait une volonté politique pour cela au Liban. Leur longue présence au Liban est devenu une arme a double tranchant au service de certains politiciens qui souhaitent peut etre les utiliser un jour comme milice au Liban. Une cinquieme colonne dans le coeur du Liban.

    nabil zorkot

    15 h 16, le 24 novembre 2020

  • Bon ben, il y a un meurtrier Syrien. Il ne faut pas amalgamer avec tous les résidents syriens. Lorsque Fadi el Hachem a assassiné un ressortissant syrien de 17 balles, on n'a pas renvoyé tous les maronites de Sehaileh que je sache...

    Gros Gnon

    14 h 30, le 24 novembre 2020

  • Ils doivent rentrer CHEZ EUX ces syriens. La guerre est terminée. Ils en profitent pour rester au liban. Ca a tjrs été leur voeux. Même pays en faillite, pour certains, le liban reste l'eldorado

    LE FRANCOPHONE

    13 h 47, le 24 novembre 2020

  • quand le General Aoun était en exil en France, il m'a dit ceux qui ne peuvent pas prendre les armes pour déloger l'armée syrienne ers syriens ... ca sera considérer comme un acte de résistance. les temps ont changé. a méditer

    Élie Aoun

    13 h 21, le 24 novembre 2020

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