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Moyen-Orient - Éclairage

En Égypte, offensive du régime contre une organisation des droits humains

Trois membres de l’Egyptian Initiative for Personal Rights (EIPR) ont été arrêtés en moins d’une semaine.

En Égypte, offensive du régime contre une organisation des droits humains

Le président Abdel Fattah al-Sissi. Photo d’archives/AFP

Il aura fallu moins d’une semaine pour que les autorités égyptiennes arrêtent trois membres du personnel et de la direction de l’Egyptian Initiative for Personal Rights (EIPR), l’une des organisations locales les plus actives pour la défense des droits humains. Les forces de sécurité ont ainsi arrêté jeudi Gasser Abdel Razek, directeur exécutif du groupe, à son domicile dans la banlieue du Caire. Cette arrestation est intervenue alors qu’un sort identique avait été réservé à deux autres employés au sein de l’organisation quelques jours auparavant. Il s’agit de Karim Annaarah, chef du département de la justice pénale, et de Mohammad Bachir, directeur administratif.

Selon l’EIPR, les trois hommes sont accusés d’« appartenance à un groupe terroriste », de « diffusion de fausses informations » et d’« atteinte à la sûreté de l’État ». Ils ont été placés en détention provisoire pour deux semaines, renouvelables jusqu’à deux ans. Ce n’est pas la première fois que l’organisation est visée. En février, Patrick Zaki, chercheur sur les questions liées au genre en son sein, avait été arrêté. Il est toujours en détention.

Malgré les motifs invoqués par le gouvernement, cette vague de répression semble être liée, selon l’EIPR, à une réunion qu’elle a tenue le 3 novembre dernier avec des ambassadeurs européens au Caire au sujet des droits humains et des moyens « de soutenir leur renforcement en Égypte et dans le monde ». Peu après l’événement, l’EIPR a publié sur son compte Twitter des photos de sa rencontre avec les ambassadeurs allemand, français, italien, belge, espagnol, néerlandais, suisse, finlandais et danois, ainsi qu’avec des diplomates canadiens et britanniques. « Cette vague d’arrestations semble relever de représailles indirectes à cette réunion. C’est en somme les services de renseignements égyptiens qui veulent dire : “Vous avez franchi une ligne rouge et nous ne le permettons pas” », estime Amr Magdi, chercheur sur l’Égypte auprès de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch (HRW).

« Anéantissement de la société civile »

Connue pour son travail de plaidoyer en faveur des droits individuels et religieux et contre la peine capitale, l’EIPR publie régulièrement des enquêtes sur les violations des droits humains, y compris sur celles commises dans les prisons. Des médias proches du pouvoir l’ont accusée, ainsi que d’autres organisations, d’avoir rencontré des dirigeants étrangers dans le but de ternir l’image du pays.

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De par la nature de son travail, l’EIPR est donc extrêmement vulnérable en Égypte où, ces dernières années, le régime du maréchal Abdel Fattah al-Sissi a emprisonné des milliers de dissidents, militants politiques, journalistes et défenseurs des droits humains. Toute parole un tant soit peu libre est menacée. Le pays compte désormais près de 60 000 prisonniers politiques.

Dans un communiqué, Amnesty International a dénoncé des arrestations motivées par « de fausses accusations de terrorisme ». Sous couvert de lutte contre le terrorisme, le régime maintient en effet depuis avril 2017 l’état d’urgence, conférant ainsi aux forces de sécurité des pouvoirs considérables. Selon HRW, elles ont systématiquement recours à la torture et aux disparitions forcées. Et depuis 2013, les procès de masse et les peines de mort se sont multipliés. Rien qu’au mois d’octobre, l’Égypte a procédé à 49 exécutions en 10 jours, selon un décompte publié par l’organisation.

Le pouvoir a également renforcé des lois déjà restrictives régissant le travail des ONG et des médias. « Il s’agit d’une répression implacable visant, sans exagération, à l’anéantissement de la société civile égyptienne. Le gouvernement de Sissi essaie d’effacer les droits fondamentaux et d’entraver les perspectives de tout espace d’organisation indépendante, aussi petite soit-elle », note Amr Magdi. « L’une des principales raisons à cela est la capacité d’activistes égyptiens très courageux à opérer, même si nous entrons dans des années de répression continue. Leur travail a été couronné de succès si l’on considère qu’ils ont réussi à transmettre ce qui se passe sur le terrain aux diplomates et aux responsables occidentaux. Cela met en colère les autorités », poursuit le chercheur. D’autant plus que le gouvernement égyptien a investi des sommes colossales pour blanchir son image à l’étranger à travers des entreprises de relations publiques.

Bienveillance et fermeté

Les chancelleries occidentales, partenaires du Caire sur plusieurs dossiers régionaux, ont vivement réagi. Suite à l’arrestation de Mohammad Bachir, le ministère français des Affaires étrangères a exprimé sa profonde préoccupation et a affirmé que Paris avait l’intention de poursuivre son « dialogue franc et exigeant avec l’Égypte sur les questions des droits de l’homme ». Le Caire a pour sa part balayé d’un revers de main la position française qu’il assimile à une « ingérence » et à une « tentative d’influencer les enquêtes » dans une affaire en cours.

Hier, l’ambassadeur irlandais Sean O’Regan a fait part dans un tweet de la « grave préoccupation » de son pays face à ces arrestations, dans le sillage d’une réunion « faisant partie intégrante d’une pratique diplomatique normale ». Côté britannique, le Foreign Office a indiqué que le chef de la diplomatie Dominic Raab « a directement abordé le cas (des trois personnes arrêtées) avec son homologue égyptien », Sameh Choukri.

Le sénateur américain Chris Coons – l’un des éventuels prochains secrétaires d’État américain sous l’administration du vainqueur de l’élection présidentielle américaine Joe Biden – a, quant à lui, qualifié la répression visant l’EIPR d’ « exemple perturbant de la répression en l’Égypte visant les militants des droits de l’homme ». Le mandat du président américain sortant Donald Trump avait été marqué par une alliance étroite avec Abdel Fattah al-Sissi et par une grande bienveillance vis-à-vis d’un certain nombre de dictatures dans la région. Mais son successeur a fait savoir qu’il se montrerait plus ferme avec les autocrates du Moyen-Orient. « Avec Donald Trump, les dirigeants arabes se sont sentis enhardis dans leurs violations des droits humains », résume M. Magdi. « Mais cela ne veut pas dire qu’il y aura un changement du tout au tout sous l’administration Biden. Il faut garder en tête que l’administration Obama a commis des erreurs concernant l’Égypte et d’autres pays de la région, et n’a pas réussi à lier son soutien au maréchal Sissi au respect des droits humains et à la responsabilité des forces de sécurité », ajoute-t-il.

Il aura fallu moins d’une semaine pour que les autorités égyptiennes arrêtent trois membres du personnel et de la direction de l’Egyptian Initiative for Personal Rights (EIPR), l’une des organisations locales les plus actives pour la défense des droits humains. Les forces de sécurité ont ainsi arrêté jeudi Gasser Abdel Razek, directeur exécutif du groupe, à son domicile dans la...

commentaires (1)

arrêtez de nous bassiner avec les "droits de l'hommes". Ces droits ont tjrs bénéficier aux perturbateurs, agitateurs, gauchistes de tout poil. En Egypte, les citoyens honnêtes, pacifistes qui ne foutent pas la merde vivent HEUREUX et TRANQUILLES. D'ailleurs, vous savez bien que l'egyptien à l'instar du Libanais adore son armée et c'est réciproque. Les occidentaux depuis la chute du barbu des frères musulmans ne sont pas "contents". Ils voulaient à tout prix instaurer les frérots en egypte sous pretexte qu'ils ont été "élus" alors que c'était magouille et cie. STOP à la désinformation. Si l'Egypte n'agit pas de la sorte, dans quelques années vous aurez des intégristes au pouvoir. On y va en egypte, on passe nos vacances avec nos amis, nos familles qui vivent HEUREUX alors qu'ils n'ont rien à voir avec la politique et tout ce qui s'en suit. L'OLJ reprend des articles des occidentaux qui n'ont tjrs pas digéré que MORSI, le frérot musulman qui a ruiné l'egypte, soit déchu par le peuple via son armée. Merci et bonne journée.

LE FRANCOPHONE

15 h 53, le 21 novembre 2020

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Commentaires (1)

  • arrêtez de nous bassiner avec les "droits de l'hommes". Ces droits ont tjrs bénéficier aux perturbateurs, agitateurs, gauchistes de tout poil. En Egypte, les citoyens honnêtes, pacifistes qui ne foutent pas la merde vivent HEUREUX et TRANQUILLES. D'ailleurs, vous savez bien que l'egyptien à l'instar du Libanais adore son armée et c'est réciproque. Les occidentaux depuis la chute du barbu des frères musulmans ne sont pas "contents". Ils voulaient à tout prix instaurer les frérots en egypte sous pretexte qu'ils ont été "élus" alors que c'était magouille et cie. STOP à la désinformation. Si l'Egypte n'agit pas de la sorte, dans quelques années vous aurez des intégristes au pouvoir. On y va en egypte, on passe nos vacances avec nos amis, nos familles qui vivent HEUREUX alors qu'ils n'ont rien à voir avec la politique et tout ce qui s'en suit. L'OLJ reprend des articles des occidentaux qui n'ont tjrs pas digéré que MORSI, le frérot musulman qui a ruiné l'egypte, soit déchu par le peuple via son armée. Merci et bonne journée.

    LE FRANCOPHONE

    15 h 53, le 21 novembre 2020

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