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Manipulation des masses

Une vaste et diabolique opération de manipulation et de désinformation, voire de falsification flagrante des faits… Avec en filigrane une exacerbation de plus en plus croissante d’un fanatisme religieux obscurantiste. Tel est, en résumé, le schéma que l’on pourrait dresser des événements qui ont secoué la France au cours des derniers jours.

Afin de bien appréhender ces développements, il est nécessaire d’emblée de reconnaître que nous assistons depuis plusieurs années à une résurgence notable de la religion comme facteur qui impacte l’actualité dans plus d’une région de la planète. « Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas » : cette citation attribuée à André Malraux, qui aurait nié en être l’auteur, reflète bien (quelle que soit sa paternité) le climat global qui marque ce siècle qui achève sa deuxième décennie.

Il faut donc se rendre à l’évidence : les dernières attaques qui ont visé la France ont pour toile de fond la redynamisation du paramètre « religion ». Sauf que ce phénomène dépasse largement le cadre, totalement légitime, de l’expression de la foi et illustre parfois un réflexe identitaire agressif aux connotations clairement idéologiques et politiques. Et c’est là que le bât blesse. Cette toile de fond religieuse est devenue en effet un instrument exploité largement par des puissances régionales ou des forces occultes au service de projets et d’objectifs dont le lien à la religion, en termes de spiritualité profonde, est souvent sujet à caution. C’est à ce niveau qu’apparaissent la manipulation des masses et la falsification des faits, lesquelles atteignent un point tel qu’elles provoquent des situations explosives qui apportent de l’eau au moulin de la théorie de Samuel Huntington sur le choc des civilisations (en l’occurrence entre l’Occident, timidement chrétien, et l’intégrisme islamiste).

Les attaques meurtrières dont a été la cible la France et les réactions qui ont suivi illustrent le danger de cette instrumentalisation de la religion et du terrorisme islamiste. Les faits sur ce plan parlent d’eux-mêmes, comme le montrent le discours politique et la ligne de conduite du président turc Recep Tayyip Erdogan qui joue à fond la carte de l’exacerbation du sentiment religieux réducteur, lançant de graves accusations, à plusieurs occasions, contre les dirigeants européens, notamment contre la chancelière Angela Merkel et tout récemment le président Emmanuel Macron, ce qui n’a pas manqué de créer un climat pavant la voie aux derniers actes terroristes à Paris et à Nice, entre autres. Cette posture agressive du Reïs turc, chef du parti islamiste de la Justice et du Développement issu de la mouvance des Frères musulmans, s’inscrit dans un contexte géopolitique bien particulier. Après l’échec du projet d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, Ankara a changé de cap et axé sa stratégie étrangère sur le terrain du Moyen-Orient et de la zone MENA, en général. Fidèle à l’idéologie islamiste de son parti, il a opté pour la carte de l’islam radical comme moyen de faire revivre les rêves impériaux de la Turquie post-ottomane, même au risque que cela débouche sur des actes terroristes barbares. Cela lui permet d’atteindre d’une pierre trois coups : se venger quelque peu de l’Europe qui lui a fermé au nez la porte de l’adhésion ; régler ses comptes avec la France et l’UE au sujet des dossiers de la Libye et, surtout, de la prospection gazière à l’est de la Méditerranée ; enfin galvaniser les foules autour de son islam radical pour asseoir son influence dans la région.

C’est au niveau de ce troisième point qu’apparaissent la manipulation des masses et la falsification des faits. Dans le but évident de provoquer des réactions populaires primaires, Erdogan a accusé, dans des discours enflammés, Emmanuel Macron d’avoir porté atteinte à l’islam et au Prophète et d’avoir encouragé la publication des caricatures de Mahomet, alors que le président français n’a fait que réagir simplement et fermement à un acte terroriste barbare – la décapitation d’un enseignant en pleine rue – en réaffirmant, comme il se devait de le faire en tant que président de la République, que la France ne saurait renier ses valeurs républicaines fondées sur la laïcité et le respect des libertés.

Emmanuel Macron n’a à aucun moment tenu des propos offensants à l’égard de l’islam ou du Prophète. Mais cela le président turc ne pouvait le reconnaître et a, au contraire, accusé le chef de l’Élysée d’islamophobie afin de faire vibrer au niveau des masses populaires la fibre du fanatisme religieux. Cette manipulation était d’autant plus aisée que ces masses populaires en question ne peuvent comprendre que dans un pays comme la France, les journaux, revues et médias sont totalement autonomes et ne sont en aucune circonstance soumis aux ordres du président de la République et du pouvoir central.

La gravité de la posture adoptée par le président turc dans son bras de fer avec l’Europe réside dans le fait que ce comportement belliqueux suscite et attise dangereusement un choc des cultures et des civilisations qui risquerait de provoquer un déchaînement des passions et une spirale de la violence échappant à tout contrôle.

Une vaste et diabolique opération de manipulation et de désinformation, voire de falsification flagrante des faits… Avec en filigrane une exacerbation de plus en plus croissante d’un fanatisme religieux obscurantiste. Tel est, en résumé, le schéma que l’on pourrait dresser des événements qui ont secoué la France au cours des derniers jours.Afin de bien appréhender ces...

commentaires (2)

Il faut remettre la religion entre les mains du Pape Francois et de l'Imam sunnite de l'école al-Azhar, Ahamad al-Tayyib: «Assez de sang innocent» ont-ils dit et signé. Alors ce 4 fevrier 2019, il s'est bien passé quelque chose! Quelque chose d'important dans ce côtoîement des ces deux religions. Si la religion musulmane est une religion de la "Polis", et donc éminement politique, alors L'Imam Al-Tayyib devrait prendre son bâton de pellerin et rendre visite à Erdogan. Qu'est ce qui l'en empêche? N'est-il pas grand temps que l'Islam modéré se salisse les mains? Pourquoi seul le Pape François signe-t-il unilateralement une Enciclique sur la Fratérnité, qui vient après cet accord avec l'Islam?

Achikbache Dia

22 h 36, le 04 novembre 2020

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Commentaires (2)

  • Il faut remettre la religion entre les mains du Pape Francois et de l'Imam sunnite de l'école al-Azhar, Ahamad al-Tayyib: «Assez de sang innocent» ont-ils dit et signé. Alors ce 4 fevrier 2019, il s'est bien passé quelque chose! Quelque chose d'important dans ce côtoîement des ces deux religions. Si la religion musulmane est une religion de la "Polis", et donc éminement politique, alors L'Imam Al-Tayyib devrait prendre son bâton de pellerin et rendre visite à Erdogan. Qu'est ce qui l'en empêche? N'est-il pas grand temps que l'Islam modéré se salisse les mains? Pourquoi seul le Pape François signe-t-il unilateralement une Enciclique sur la Fratérnité, qui vient après cet accord avec l'Islam?

    Achikbache Dia

    22 h 36, le 04 novembre 2020

  • Il ne faut pas en vouloir à ces pauvres créatures qui piétinent les photos de Macron et brûlent le drapeau français. Ces gens n’ont jamais connu La Liberté et encore moins La Liberté d'expression grâce à leurs dirigeant autocrates qui les enferment dans une ignorance totale de ce qu’est réfléchir, penser ou à exprimer. Ils l’ont toujours fait pour eux... Pour eux un président a le pouvoir absolu de limoger tout le monde puisque président ou roi ou prince. Comment leur expliquer que dans les pays civilisés le président n’est que le serviteur du peuple qui doit obéir comme tout un chacun aux lois de son pays et respecter ses institutions et sa constitution. Il se trouve que dans la constitution française le droit de s’exprimer est sacré et non négociable d’où la fermeté de M. Macron car il doit en premier protéger le droit de tous les citoyens français. Certains hommes au pouvoir devraient suivre l’exemple au lieu de pousser ses pauvres gens à se ridiculiser aux yeux du monde civilisé en manifestant leur colère contre La Liberté alors qu’ils feraient mieux de retourner leurs frustrations contre leurs dirigeants qui les privent de l’essentiel, le droit à la lumière et à l’ouverture en agitant le chiffon de la religion insultée pour leur faire oublier leur misère sous leurs règnes.

    Sissi zayyat

    12 h 59, le 03 novembre 2020

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