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Moyen-Orient - Éclairage

En Syrie, Poutine envoie un message à Erdogan

L’aviation russe a visé hier un camp du groupe Failaq al-Cham affilié à Ankara, dans la province d’Idleb.

En Syrie, Poutine envoie un message à Erdogan

L’aviation russe a bombardé hier un camp d’entraînement de Failaq al-Cham, dans la province d’Idleb. Photo d’un Sukhoi russe prise en 2018. Anas al-Dyab/AFP

Les théâtres changent, les enjeux divergent, mais les deux acteurs principaux restent les mêmes : Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan. Le président russe et son homologue turc se livrent actuellement un bras de fer sur plusieurs terrains de conflit, qui vont du Haut-Karabakh à la Libye en passant bien sûr par la Syrie, où les tensions sont montées hier de plusieurs crans.

Près de 80 combattants rebelles syriens affiliés à la Turquie ont été tués hier dans des frappes attribuées à la Russie. Un camp d’entraînement d’un groupe de l’opposition syrienne appartenant au Front national de libération (FNL), une coalition de groupes rebelles affiliés à Ankara, a été visé dans la région de Jabal al-Douayli dans le nord de la province d’Idleb, entraînant la mort de 78 combattants et en blessant près d’une centaine d’autres. Le bilan pourrait toutefois être revu à la hausse, de nombreux combattants se trouvant actuellement dans un état critique. Cette frappe ciblée est la plus importante dans cette région depuis plus de huit mois et constitue l’une des plus meurtrières en neuf ans de conflit.

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« Un message clair destiné à Ankara », analyse Nawar Oliver, chercheur au centre Omran basé à Istanbul, « car il s’agit d’une opération massive avec un objectif précis, celui de provoquer un maximum de dommages », poursuit-il. L’agence médiatique russe ANNA a publié une photo du ciblage du site en précisant qu’il s’agit d’un camp appartenant à Hay’at Tahrir al-Cham, (HTC), l’ex-branche syrienne d’el-Qaëda qui contrôle la moitié de la province d’Idleb. L’agence a déclaré que deux avions russes avaient largué une demi-tonne d’explosifs sur des combattants de HTC qui s’apprêtaient à obtenir leur diplôme après leur formation. Le groupe visé est en réalité Failaq al-Cham, une mouvance proche des Frères musulmans et membre du FNL depuis 2018, déployé dans plusieurs zones de l’opposition. Nagi Moustapha, porte-parole du Front national de libération, a confirmé à L’Orient-Le Jour les frappes russes et dénoncé les « violations » par l’aviation de Moscou et par les forces du régime de la trêve avec « des positions militaires, des villages et des localités pris pour cibles ». Il a en outre promis une réponse aux attaques. « Moscou a voulu viser précisément ce groupe, alors que c’est le plus favorisé au sein de l’alliance pro-Ankara », explique Nawar Oliver.

À couteaux tirés

Il faut dire que les frictions se sont accentuées depuis plusieurs semaines entre Moscou, l’allié de Damas, et Ankara, parrain des rebelles. Malgré un accord de cessez-le-feu signé le 5 mars dernier, les deux parties sont à couteaux tirés. Cette entente avait permis de stopper net une offensive meurtrière du pouvoir syrien, démarrée en décembre et qui a fait près d’un million de déplacés selon l’ONU. Mais depuis le mois de juin, le régime de Damas et son allié n’ont eu de cesse de violer cette trêve, faisant craindre l’imminence d’une offensive plus large. De nouveaux signes de défiance étaient apparus peu après la visite du chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov à Damas début septembre, qui avait déclaré que le « travail devait bientôt être achevé » à Idleb. Cette fois-ci, l’accord russo-turc qui prévoit notamment des patrouilles conjointes le long de l’autoroute M4, un axe crucial pour Damas qui traverse la région d’Idleb pour relier Alep à Lattaquié, est au bord de l’implosion. Jusqu’ici, Moscou s’était contenté de frappes indiscriminées dans la région, suffisamment subtiles pour montrer à son adversaire qu’il reste aux aguets, mais pas suffisamment fortes pour faire craindre une escalade. La Turquie ne semblait pas prendre la menace assez au sérieux puisqu’elle a continué à déployer des militaires et du matériel dans la province. Elle a toutefois effectué le retrait de ses troupes le 20 octobre de la base militaire de Morek, dans la province d’Idleb, sans pour autant diminuer le nombre de ses effectifs qui avoisine les 15 000 soldats. « C’est un signe de plus de la mésentente actuelle entre les deux pays et Ankara préfère bouger ses soldats au cas où un problème surviendrait avec Moscou », estime Nawar Oliver.

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Poutine, fragilisé dans son pré carré postsoviétique

Au-delà des enjeux syriens, la fracture entre les deux puissances s’est approfondie ces dernières semaines. Car la frappe russe inédite d’hier intervient dans un contexte géopolitique plus large où les deux pays se font face dans un nouveau théâtre de conflit : le Caucase. La Turquie soutient l’Azerbaïdjan dans la guerre qui l’oppose à l’Arménie dans la région du Haut-Karabakh depuis le 23 septembre. Une médiation russe a permis aux deux parties de s’accorder sur un cessez-le-feu et une reprise des pourparlers à plusieurs reprises, mais le processus a échoué. La semaine dernière, la Turquie avait promis d’envoyer des militaires turcs à Bakou, si le gouvernement azéri le lui demandait. Un tel déploiement constitue une ligne rouge pour Moscou qui se voit bousculé dans son pré carré postsoviétique, ce qui pourrait expliquer en partie la décision de frapper en Syrie hier contre les proxys d’Ankara. « La seule réaction d’Ankara pour l’instant sera d’autoriser le FNL à frapper des positions du régime, au cas où Moscou continue ses provocations », estime Nawar Oliver. « Des soldats turcs, qui sont très nombreux dans la province d’Idleb, pourraient très bien être des cibles directes », conclut-il.


Les théâtres changent, les enjeux divergent, mais les deux acteurs principaux restent les mêmes : Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan. Le président russe et son homologue turc se livrent actuellement un bras de fer sur plusieurs terrains de conflit, qui vont du Haut-Karabakh à la Libye en passant bien sûr par la Syrie, où les tensions sont montées hier de plusieurs crans. Près...

commentaires (4)

L,ISLAMISTE ERDO L,OTTOMAN POURSUIT LE GENOCIDE DES ARMENIENS PAR SES AIEUX EN POURSUIVANT LES ARMENIENS POUR LE ACHEVER JUSQU,AU KARABAKH ET EN ARMENIE, UN GENOCIDAIRE. OLJ, CENSUREZ COMME BOUS L,AVEZ FAIT AUJOURD,HUI.

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 42, le 27 octobre 2020

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Commentaires (4)

  • L,ISLAMISTE ERDO L,OTTOMAN POURSUIT LE GENOCIDE DES ARMENIENS PAR SES AIEUX EN POURSUIVANT LES ARMENIENS POUR LE ACHEVER JUSQU,AU KARABAKH ET EN ARMENIE, UN GENOCIDAIRE. OLJ, CENSUREZ COMME BOUS L,AVEZ FAIT AUJOURD,HUI.

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 42, le 27 octobre 2020

  • L’auteure de cet article prouve depuis plusieurs années et une fois encore son parti pris : à présent pro Turc !!! Elle trouve normal que 15000 soldats turcs occupent un territoire syrien et le transforment en bastion Frère Musulman.

    Chelhot Michel

    08 h 00, le 27 octobre 2020

  • LA RUSSIE DOIT DEGAGER LES OTTOMANS COMPLETEMENT DE SYRIE ET DE LYBIE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    05 h 42, le 27 octobre 2020

  • les grecs, les arméniens, la france, l'europe,israel, les russes, et même les usa.... La turquie officielle s'est mis sur le dos, presque tous les acteurs de la région. Ca fait penser à une chanson d'Aznavour ( un arménien, juste pour l'embêter) :) Aznavour dit : " je me suis vu au haut de l'affiche". Le leader turc se voit au haut de l'affiche, il n'arrive plus à voir le sol et sur quoi il marche. Il marche sur tout le monde et ca ne lui fait pas trop d'amis au final. Si ca lui va? Tant mieux pour lui. Mais il faut des amis à long terme.

    LE FRANCOPHONE

    01 h 53, le 27 octobre 2020

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