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Société - Crise

Six hôpitaux menacent de suspendre les traitements et interventions chirurgicales à partir de lundi

La BDL et l’Association des banques promettent de régler le problème des contraintes financières au secteur médical.
Six hôpitaux menacent de suspendre les traitements et interventions chirurgicales à partir de lundi

Une infirmière traitant un patient atteint du coronavirus, à l’hôpital Hôtel-Dieu de France. Photo Hôtel-Dieu de France/HO/AFP

Parents pauvres des secteurs affectés par la crise économique et financière, six hôpitaux universitaires libanais ont annoncé hier, dans un communiqué commun, qu’ils étaient incapables de recevoir des patients et qu’ils comptaient suspendre les traitements et interventions chirurgicales à partir de la semaine prochaine, en raison des pénuries au niveau du matériel médical et des médicaments ainsi que des contraintes financières imposées par la Banque centrale. Il s’agit de l’hôpital de l’Université américaine de Beyrouth, du centre médical de la Lebanese American University – Hôpital Rizk, des hôpitaux Saint-Georges des grecs-orthodoxes, Notre-Dame des Secours, Mont-Liban et de l’Hôtel-Dieu de France. À l’origine de cette décision, un problème de liquidité en livres libanaises à l’échelle nationale, que la Banque centrale a essayé de résoudre en publiant le 9 octobre courant la circulaire n° 573 contraignant les importateurs de blé, de carburant, de médicaments et de matériel médical à fournir 85 % de la facture en livres libanaises et en liquide et les 15 % restants en devises.

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En conséquence, le syndicat des importateurs de matériel médical a officialisé à son tour l’obligation pour les patients, les hôpitaux et les compagnies d’assurances de payer 85 % de leurs factures en livres et en liquide et 15 % en dollars. Une décision à laquelle les établissements hospitaliers se sont opposés, dans la mesure où ils manquent de liquidité, étant payés par les assurances et les caisses sociales par chèques ou virements bancaires. C’est ce qu’ils expliquent notamment dans leur communiqué, en précisant qu’ils sont « incapables d’assumer ces charges ». « Les hôpitaux présentent leurs excuses à leurs patients car ils sont incapables de continuer à fournir les traitements médicaux et chirurgicaux au cours de la période à venir, en particulier en raison de la pénurie chronique dans leur stock, de nombreuses fournitures chirurgicales et médicaments n’étant plus disponibles », peut-on lire dans leur communiqué conjoint.

« Effondrement total »

« Les factures d’hospitalisation sont payées aux différents organismes par chèque ou virement bancaire et les hôpitaux ne peuvent pas demander aux patients, surtout dans les circonstances actuelles, de payer une partie de leurs factures en espèces », expliquent-ils. « Les capacités des hôpitaux ont été paralysées par les circulaires et les décisions » des importateurs d’équipements médicaux, regrettent ces établissements qui disent « ne pas pouvoir assumer les conséquences de telles décisions et circulaires ». « La responsabilité des menaces contre la sécurité sanitaire et sociale des citoyens et contre la vie des patients souffrant de maladies chroniques incombe aux parties qui émettent ces décisions », ont prévenu ces hôpitaux, en référence à la Banque centrale et aux syndicats des importateurs de médicaments et d’équipements médicaux. Ils ont enfin appelé « les responsables sanitaires, économiques et financiers à prendre les mesures immédiates pour résoudre ce problème qui va certainement accélérer l’effondrement total du secteur médical et hospitalier ».

Une menace mise à exécution à partir de lundi ?

Contacté par L’Orient-Le Jour, le docteur Georges Ghanem, directeur général du Centre médical de la Lebanese American University (LAU) – Hôpital Rizk, explique que le communiqué des hôpitaux constitue « une menace qui va être mise à exécution à partir de lundi si la Banque centrale et les tiers payants ne réagissent pas pour régler ce problème ». Il dénonce des décisions « paralysant les secteurs concernés par les soins médicaux en les plongeant dans un cercle vicieux qu’ils ne peuvent pas briser ». « Des hôpitaux ont déjà annulé des opérations chirurgicales la semaine dernière parce qu’ils ne pouvaient pas demander à leurs patients de régler en cash le prix des équipements médicaux », confie le Dr Ghanem, qui s’indigne du fait que « l’État subventionne des produits comme l’essence qui font l’objet de contrebande et néglige le matériel qui peut sauver des vies ». « Pour le moment, souligne Dr Ghanem, les hôpitaux peuvent survivre grâce à leur stock, mais celui-ci ne va pas durer. »

Des assurances de la BDL et de l’ABL

La BDL et l’Association des banques du Liban ont rapidement réagi à cet ultimatum. L’ABL a affirmé dans un communiqué publié en soirée que « les banques sont prêtes à assurer les liquidités en livres libanaises aux hôpitaux en contrepartie des chèques et des cartes bancaires de ces établissements », souhaitant ainsi que les hôpitaux ne mettent pas à exécution leur menace. La BDL a publié à son tour un communiqué affirmant que « les billets sont assurés et les banques concernées les garantiront aux hôpitaux afin qu’ils couvrent le coût des fournitures médicales nécessaires ». La BDL a ainsi souligné qu’il n’y a « pas lieu d’hésiter à fournir tous les services médicaux dont les Libanais ont besoin ». Elle rappelle en outre que les mesures qu’elle prend ont pour but de contrôler le taux de change du dollar sur le marché noir. La BDL assure aussi vouloir préserver « le pouvoir d’achat de tous les Libanais, et espère que tout le monde se montrera coopératif, y compris le secteur médical, au lieu de (faire) des surenchères irresponsables ». Pour finir, la BDL rappelle qu’en une semaine, le taux du change du dollar sur le marché noir est passé de 9 000 LL à 7 000 LL.

Reste à voir comment la BDL et l’ABL mettront à exécution leurs promesses, car, à ce stade, les modalités d’application de leurs décisions ne sont toujours pas claires. « On parle de sommes énormes. Des centaines de millions de livres », souligne le Dr Ghanem, qui dénonce « des décisions non étudiées et une politique d'amateurs ». Il insiste sur le fait que le secteur hospitalier a besoin de « stabilité en ces temps difficiles pour pouvoir mener à bien sa mission », en évoquant notamment les défis liés à l’épidémie de Covid-19 et à l’effondrement économique et financier dans le pays.

Parents pauvres des secteurs affectés par la crise économique et financière, six hôpitaux universitaires libanais ont annoncé hier, dans un communiqué commun, qu’ils étaient incapables de recevoir des patients et qu’ils comptaient suspendre les traitements et interventions chirurgicales à partir de la semaine prochaine, en raison des pénuries au niveau du matériel médical et des...

commentaires (1)

Mon seul réconfort sera un jour de pouvoir raconter à mes petits-enfants que j'ai vécu à l'époque bénie du "Liban Fort". Merci qui?

Gros Gnon

11 h 13, le 24 octobre 2020

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Commentaires (1)

  • Mon seul réconfort sera un jour de pouvoir raconter à mes petits-enfants que j'ai vécu à l'époque bénie du "Liban Fort". Merci qui?

    Gros Gnon

    11 h 13, le 24 octobre 2020

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