Nullement découragé
Par ses échecs répétés,
Le petit crapaud
Rejeta l’idée
D’être cloué au poteau.
Rêvant encore
De reprendre le flambeau,
Il remonta au créneau,
En déclarant tout haut
Sa volonté
De sauvegarder
Ce qui subsistait
De cette république efflanquée.
Comme il se doit,
La faune piaffa et s’agita,
Glapit, piaula et croassa,
Puis se rassembla,
Et le cirque reprit
Dans la ménagerie,
Dont je vous conte ci-après
Toutes les retombées.
Le rat qui s’ennuyait,
Fut le premier à sauter
Sur l’opportunité,
Confirmant sous le figuier,
Qu’il soutenait
Sans hésiter
L’amphibien émacié.
Mais c’était sans compter
Sur ses arrière-pensées.
Tout vexé qu’il était,
D’avoir été délaissé,
Le caméléon déclara forfait
Et rejeta d’un ton désabusé
L’impudicité du crapaud
À l’échec voué.
Mais en girouette
Qui se respecte,
Il rectifia sa décision
Et obtint satisfaction.
La hyène qui soupirait
Et somnolait
Dans son petit palais,
Ne fit que rabâcher
Ce que le crapaud déjà savait.
« Ne prends pas tes désirs
Pour des réalités.
Aucune chance de progrès
Sans mes fidèles alliés. »
Le corbeau bien perché
Sur une branche d’olivier
Les laissa piailler.
Rusé qu’il était,
Il ricana,
Et resta muet,
Préférant s’envoler,
Sans se mouiller.
Voulant se démarquer,
La belette pygmée
Qui rarement se manifestait,
Belotta entre deux bouchées
Qu’elle appuyait sans ambiguïté
Le batracien,
Avant de s’en retourner
Pour se goinfrer.
Le zèbre, qui au loin paissait,
Eut le gros toupet
De s’exprimer.
« Il faut tout chambouler,
Tout changer,
Et vous en premier »,
S’attirant de suite
La foudre de ces malfrats
Qui le renvoyèrent
D’où il venait.
Le putois qui avait bouffé du lion
Sortit de ses gonds,
Lâcha un pet,
Et déclara furibond
Qu’il n’était nullement question
De violer la Constitution
Et d’accepter les aspirations
« De cet infatué ».
Soufflant le chaud et le froid,
Le renard au sourire narquois
Le calma.
« Personne n’osera marcher
Sur nos pieds.
Nous seuls sommes habilités
À mener ce ballet
Dans la direction qui nous sied. »
Ces minables gredins
À l’ego outrancier
Tiennent notre destin
Entre leurs mains.
Leurs greniers regorgent de blé,
Leurs panses sont bien gonflées.
Dormant dans des nids douillets,
Ils rêvent toujours de postérité.
Ces pestiférés
Qui se chamaillent en journée,
Mais trinquent à la nuit tombée,
Ne savent que menacer, voler
Et impunément afficher
Leurs aspirations,
Sans aucune considération
Pour notre bienfait.
Tirons-en donc la leçon.
L’ambition démesurée
Du petit crapaud
Finira en queue de poisson,
Car en la présence de ces larrons,
N’est envisageable, à l’horizon,
Aucune solution.
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