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Société - Liberté d'expression au Liban

Les opposants au pouvoir toujours dans le viseur des autorités

Tollé après la convocation pendant plusieurs heures du collectionneur Gabriel Daher, du journaliste Riad Kobeissi et de l'activiste Lucien Bourjeily. 

Les opposants au pouvoir toujours dans le viseur des autorités

Un des appels à manifester en solidarité avec Gabriel Daher, collectionneur convoqué le lundi 20 octobre par le bureau de lutte contre la cybercriminalité et "contre la répression de la liberté d'expression".

La répression des libertés au Liban se poursuit, notamment dans les milieux des opposants à la classe dirigeante. Ces deux derniers jours ont ainsi été marqués par plusieurs convocations de la part des autorités de personnes ayant critiqué ou lancé des accusations contre le président libanais, Michel Aoun. 

Le collectionneur Gabriel Daher a été convoqué mardi matin devant le bureau de lutte contre la cybercriminalité pour une publication sur les réseaux sociaux dans laquelle il accusait le chef de l'Etat d'avoir "mené le pays en enfer". A l'issue de son interrogatoire qui a duré plusieurs heures, le collectionneur a été libéré sous caution d'élection de domicile, pour des raisons de santé, après avoir fait l'objet d'un mandat de dépôt de la part de la procureure générale près la cour d'appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, selon des informations de L'Orient-Le Jour.

Lorsqu'il avait annoncé sa convocation sur les réseaux sociaux, M. Daher avait souligné ne pas avoir été informé par les forces de sécurité des raisons de cette convocation. Pour mémoire, le 21 septembre, lors d'une conférence de presse, M. Aoun avait affirmé que, si un cabinet n'était pas rapidement formé, "nous nous dirigeons vers l'enfer", une phrase qui avait fait couler beaucoup d'encre. 

Pour protester contre cette arrestation, plusieurs personnes ont manifesté devant le bureau de lutte contre la cybercriminalité, tandis que sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes ont condamné cette arrestation et dénoncé un "Etat policier". Cette arrestation a également été dénoncée par le leader druze libanais Walid Joumblatt, dans un tweet. "Apparemment, le mandat (du président Aoun) ou ses proches se dirigent vers une répression de toutes les formes d'expression inédites, même sous Enver Hoxha, en Albanie", a écrit M. Joumblatt, en référence au dictateur albanais ayant régné de 1945 à 1985. "Je condamne l'arrestation de Gaby Daher et toutes les formes d'attaques contre les libertés", a-t-il ajouté.



Riad Kobeissi et l'émir du Captagon
Par ailleurs, le journaliste d'investigation Riad Kobeissi a été convoqué mardi devant le département d'enquêtes criminelles du palais de Justice de Beyrouth à la suite de ses accusations concernant l'implication présumée du président Aoun dans l'affaire de l'émir du Captagon, prince saoudien qui avait été arrêté pour narcotrafic à Beyrouth en 2015. Vendredi, des sources du milieu judiciaire, citées par M. Kobeissi, avaient rapporté que le directeur des douanes, Badri Daher, actuellement sous le coup d'une instruction dans cette affaire de narcotrafic, avait affirmé lors de son interrogatoire que le président Aoun lui avait demandé lui-même de lever l'interdiction de quitter le territoire du prince saoudien.

Pour mémoire

« Ils ont détruit Beyrouth et ils ont le culot de nous traduire en justice »

A la sortie de son audition, M. Kobeissi a souligné auprès de la chaîne al-Jadeed pour laquelle il travaille, que le département d'enquêtes criminelles ne devrait pas traiter les affaires concernant des journalistes, qui relèvent normalement de prérogatives du Tribunal des imprimés. "On m'a interrogé sur mes sources, mais je ne les dévoilerai pas", a souligné le journaliste. "Au lieu d'interroger les journalistes sur leurs sources, la justice devrait faire la lumière sur la présence d'une bombe quasi-nucléaire qui a explosé au visage des Libanais", le 4 août dans le port de Beyrouth, a-t-il encore lancé, en référence au stockage, pendant des années, de 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium dont l'explosion a tué 202 personnes, fait des milliers de blessés et dévasté la capitale. 

"Film surréaliste"
En juin, le procureur général près la Cour de cassation, le juge Ghassan Oueidate, avait chargé les enquêteurs de la police judiciaire de lancer des investigations pour déterminer l'identité de toute personne ayant diffusé des publications et des images portant atteinte au chef de l'État, afin qu'elles soient poursuivies en justice pour diffamation et outrage public. Cette décision avait fait un tollé dans les milieux d'activistes et parmi les organisations prônant la liberté d'expression, qui dénoncent régulièrement les atteintes aux droits des Libanais.

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Ces convocations font suite à l'arrestation lundi pendant plusieurs heures du réalisateur et activiste Lucien Bourjeily, appréhendé par l'armée en raison de la présence, dans le coffre de sa voiture, de panneaux sur lesquels étaient écrits des slogans antigouvernementaux et de ballons remplis de peinture. Après sa libération, M. Bourjeily avait qualifié son arrestation de "film surréaliste" dans une publication sur Facebook. "Certains marchent dans la rue avec des armes de guerre, la frontière est ouverte aux quatre vents à la contrebande, mais par contre, nous nous faisons arrêter pour quelques petits ballons de peinture et des slogans contre les voleurs au pouvoir", a-t-il écrit, remerciant par ailleurs les avocats bénévoles ayant contribué à sa relaxe. 

Un sit-in a en outre été organisé mardi devant le Sérail de Tripoli par un groupe d'activistes du Akkar, afin de réclamer la libération de plusieurs de leurs camarades, arrêtés après avoir mis le feu au siège du Courant patriotique libre à Halba. Ces militants manifestent depuis plusieurs jours à cet effet et ont notamment fermé à plusieurs reprises des axes routiers de la région.

La répression des libertés au Liban se poursuit, notamment dans les milieux des opposants à la classe dirigeante. Ces deux derniers jours ont ainsi été marqués par plusieurs convocations de la part des autorités de personnes ayant critiqué ou lancé des accusations contre le président libanais, Michel Aoun. Le collectionneur Gabriel Daher a été convoqué mardi matin devant le...

commentaires (9)

En fait, si on y réfléchit bien, la "justice" devrait lancer un mandat d'arrêt contre la personne qui a porté plainte contre Gabriel Daher, puisque grâce à cette personne tous ceux qui n'avaient pas lu le post de Gabriel Daher, et ils sont beaucoup plus nombreux que ceux qui l'avaient lu, ont été mis au courant de ces propos grâce à cette publicité innatendue. C'est paradoxal, non? L'arroseur arrosé...

Gros Gnon

23 h 35, le 20 octobre 2020

Tous les commentaires

Commentaires (9)

  • En fait, si on y réfléchit bien, la "justice" devrait lancer un mandat d'arrêt contre la personne qui a porté plainte contre Gabriel Daher, puisque grâce à cette personne tous ceux qui n'avaient pas lu le post de Gabriel Daher, et ils sont beaucoup plus nombreux que ceux qui l'avaient lu, ont été mis au courant de ces propos grâce à cette publicité innatendue. C'est paradoxal, non? L'arroseur arrosé...

    Gros Gnon

    23 h 35, le 20 octobre 2020

  • C'est la politique de la main tendue du père du peuple ...

    Zeidan

    21 h 27, le 20 octobre 2020

  • ILS VEULENT FAIRE TAIRE LES LIBANAIS MAIS LES LIBANAIS NE SE TAISENT PAS. C,EST LE PAYS DE LA LIBRE EXPRESSION.

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 10, le 20 octobre 2020

  • C’est un gag, non? Je vais me réveiller, j’ai dû manger trop lourd à midi... Non mais sérieusement, ils croient vraiment que ce genre d’arrestation va relever le "prestiige" de la présidence? LOOOOL!

    Gros Gnon

    18 h 05, le 20 octobre 2020

  • 1)Aoun a déclaré que " si un cabinet n'était pas rapidement formé, nous nous dirigeons vers l'enfer". 2) Aoun repousse les consultations parlementaires préalables à la nomination d'un premier ministre chargé de former le cabinet. 3) Que chacun tire la conclusion de son choix.

    Yves Prevost

    18 h 03, le 20 octobre 2020

  • Qu’à-t’ont fait de monLiban paradis de la culture de la liberté,de la convivialité et du bien vivre?

    Copti Michel

    16 h 23, le 20 octobre 2020

  • Le problème avec tout ça, c'est que si un jour quelqu'un dit du bien du président, il ne saura jamais s'il le dit parce que c'est vrai ou parce que c'est obligatoire... Libérez Gariel Daher !

    Gros Gnon

    16 h 18, le 20 octobre 2020

  • Quand on est certain de faire le meilleur pour l'Etat qu'on représente et que sa conscience est tranquille, on n'a pas besoin de s'inquiéter et de faire poursuivre ceux qui disent le contraire ! Sachant que la vraie justice fera son travail...de justice...et non de poursuites policières ridicules ! - Irène Saïd

    Irene Said

    15 h 12, le 20 octobre 2020

  • ET si l'on disait que le père du peuple nous a mené vers le paradis sur terre .... serait on inquiété pour divulgations d'informations erronées , portant atteinte au prestige de l'état ?

    C…

    14 h 48, le 20 octobre 2020

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