Le patriarche maronite Mgr Béchara Raï a appelé dimanche les responsables politiques qui ont "le luxe de s'offrir du temps" à "ôter leurs mains" de la formation du gouvernement, à cinq jours des consultations parlementaires contraignantes, reportées la semaine dernière, pour la désignation d'un futur Premier ministre, poste pour lequel Saad Hariri semble être le seul candidat.
"Responsables et politiques, qui d'entre vous a le luxe de s'offrir du temps pour pouvoir retarder les consultations parlementaires et la formation du cabinet ? Qui d'entre vous a la prérogative de jouer avec la Constitution, le Pacte national, l'accord de Taëf, le système, la vie de la nation, et avec le peuple ? Ôtez vos mains et libérez le gouvernement. Vous êtes responsables d'un crime, celui de placer le pays dans un état de paralysie totale, en plus des conséquences de la pandémie du coronavirus", a lancé Mgr Raï lors de son homélie dominicale à Bkerké. "Personne n'est innocent du sang du Liban qui coule", a-t-il ajouté.
Ces propos du patriarche constituent une nouvelle attaque en règle contre la classe politique, au lendemain du premier anniversaire du mouvement de contestation contre la classe dirigeante, accusée d'incompétence, de corruption et de marchandage. "Nous voulons une révolution renouvelée, éthique, indépendante et non affiliée à qui que ce soit, a souligné Mgr Raï. Nous voulons une révolution unitaire définissant des objectifs libanais avec audace et clarté, qui porte un programme social et national constructif et qui réémerge avec un nouveau leadership représentant le peuple et discutant avec l'Etat et la communauté internationale".
Mercredi dernier, la présidence de la République avait reporté in extremis d'une semaine les consultations parlementaires contraignantes pour la désignation d'un futur Premier ministre. Celles-ci devaient se tenir le lendemain, alors que le Liban est dans une situation d'expédition des affaires courantes depuis plus de deux mois et qu'il subit une grave crise économique et sociale depuis un an.
Le palais présidentiel était resté vague sur les motivations de ce report, les milieux proches de la présidence assurant toutefois ne "pas opposer de veto à la candidature de Saad Hariri". Toutefois, l'absence d'un soutien chrétien à la candidature de ce dernier semble être la cause de ce report. Car le chef du CPL Gebran Bassil a lancé une violente charge verbale contre l'ancien Premier ministre, et les Forces libanaises du leader chrétien Samir Geagea ont d'ores et déjà refusé de le nommer lors des consultations. M. Bassil avait même fait savoir que le report des consultations d'une semaine ne lui ferait pas changer d'avis concernant la candidature de M. Hariri.
Dimanche, le CPL et les FL ont de nouveau affirmé, par la voix de deux de leurs députés, que les deux principales formations politiques de la scène chrétienne n'étaient toujours pas disposés à désigner Saad Hariri, tout en ouvrant d'autres portes. "Nous ne voulons pas nommer Hariri pour plusieurs raisons et tout entretien ne nous fera pas changer d'avis", a déclaré Georges Atallah (CPL) sur la chaîne locale LBCI en référence à un éventuel entretien entre M. Hariri et M. Bassil. "Cependant, nous pourrions accorder notre confiance si le gouvernement donnait l'impression de mettre en oeuvre les réformes et la feuille de route qui a été proposée à la Résidence des Pins", a-t-il ajouté, en référence à l'initiative lancée le 1er septembre à Beyrouth par le président français Emmanuel Macron visant à sortir le pays de la crise.
"Les données qui nous font pencher vers une non-désignation de Saad Hariri n'ont pas changé", a déclaré de son côté le député FL Georges Okaïs. "Nous ne sommes pas contre un retour de Saad Hariri au gouvernement en tant que personne, mais nous voulons un gouvernement de spécialistes indépendants", a-t-il ajouté. "Le problème du gouvernement ne se situe pas au niveau de M. Hariri ou d'une quelconque faction, mais au niveau du tandem chiite (Hezbollah-Amal) qui veut nommer les ministres chiites, notamment au ministère des Finances", a relevé le député F.L.
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Ton Éminence, tu as une milice armée et financée (par l'Iran ou autre)? Non? Alors avec tout le respect qu'on te doit, laisse la parole à ton alter ego Chiite, qui lui a tout compris. C'était ma contribution de la journée. Bisous.
Gros Gnon
22 h 00, le 18 octobre 2020