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Moyen-Orient - Éclairage

L’Iran craint le débordement du conflit au Haut-Karabakh sur son territoire

De nouveaux tirs dans le nord-ouest du pays, près de la frontière avec le Haut-Karabakh, ont provoqué la colère de Téhéran.


L’Iran craint le débordement du conflit au Haut-Karabakh sur son territoire

Une Iranienne à Téhéran devant le drapeau de l’Iran, le 14 octobre 2020. Atta Kenare/AFP

L’Iran semble faire, lui aussi, les frais des affrontements dans l’enclave séparatiste du Caucase. Dix roquettes sont tombées jeudi sur des villages iraniens situés en bordure du Haut-Karabakh, détruisant un bâtiment et blessant un de ses résidents, selon l’agence officielle iranienne IRNA. L’agence rapporte que « plus de 50 roquettes et obus de mortier » ont touché cette région depuis fin septembre.

« Si de tels tirs se répètent, la République islamique d’Iran ne restera pas indifférente », a menacé hier sur Twitter le porte-parole des Affaires étrangères, Saïd Khatibzadeh. Ce n’est pas la première fois que Téhéran met en garde les belligérants contre les répercussions du conflit sur ses régions du Nord-Ouest, où vit une importante minorité azérie. « Toute intrusion sur le territoire de notre pays par l’une ou l’autre des parties au conflit est intolérable et nous mettons sérieusement en garde toutes les parties, qui doivent prendre les précautions nécessaires à cet égard », avait déclaré début octobre le gouvernement, après la chute d’obus ayant blessé au moins un enfant dans cette zone.

Le pays s’est toutefois gardé d’accuser une des deux parties. « L’Iran cherche à équilibrer les rapports de force et se positionner comme médiateur du conflit », analyse pour L’OLJ Azadeh Kian, professeure de sociologie à l’Université de Paris et spécialiste de l’Iran. Si le pays entretient historiquement des relations cordiales avec l’Arménie, à qui il aurait récemment facilité le passage d’armes et de matériel militaire en provenance de Russie, il s’est également prononcé en faveur de Bakou, en appelant Erevan à mettre fin à l’occupation du Haut-Karabakh. Téhéran s’oppose pourtant aux relations étroites que l’Azerbaïdjan entretient avec les États-Unis et Israël, deux de ses farouches adversaires, mais la République islamique n’a pas intérêt à se mettre Bakou à dos.

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« La répercussion du conflit sur son territoire inquiète réellement la République islamique, alors que la minorité azérie est la deuxième plus importante après les Perses. Certains groupes azéris d’Iran n’ont pas hésité à soutenir officiellement Bakou et à demander l’autonomie de leurs régions, voire leur indépendance », note Azadeh Kian. Plusieurs manifestations de soutien à l’Azerbaïdjan, au cours desquelles des dizaines de personnes ont scandé « Karabakh » ou « Vive l’Azerbaïdjan ! », ont eu lieu début octobre dans diverses provinces du nord-ouest de l’Iran. Certains manifestants ont même agité des slogans ethniques, avant d’être dispersés par la police, selon l’agence de presse iranienne Fars. Téhéran craint de ne pas pouvoir contrôler le soulèvement de cette minorité, qui pourrait donner l’exemple aux autres communautés ethniques du pays, alors que ces dernières comptent pour 40 % à 50 % de la population iranienne.

Surtout en cette période de difficultés pour le pays. « Les combats entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan arrivent à un moment particulièrement compliqué pour l’Iran. Chez lui, le régime fait face à une situation économique extrêmement difficile à cause du rétablissement des sanctions américaines. À l’étranger, il est impliqué dans de multiples aventures géopolitiques inachevées dans le monde arabe, de l’Irak à la Syrie et au-delà, dans lesquelles il a considérablement investi ces dernières années », expose à L’OLJ Alex Vatanka, spécialiste de l’Iran au sein du Middle East Institute. Fragilisé, Téhéran semble voir le rôle de médiateur du conflit lui échapper. « Malgré la place que souhaite occuper l’Iran au Haut-Karabakh, le pays est relayé au second plan, après la Turquie, la Russie et Israël », affirme Azadeh Kian. La Turquie apparaît en particulier comme une puissance indispensable dans la région. Fidèle allié de Bakou, Ankara lui a apporté son aide dès la reprise des hostilités dans le Caucase, le 27 septembre. Un soutien militaire qui se traduit par l’envoi de mercenaires syriens dans l’enclave caucasienne. Ces mêmes soldats qui se battent contre le régime de Bachar el-Assad en Syrie, soutenu par l’Iran. Mais là encore, Téhéran se garde bien de s’opposer à la Turquie. « Ankara, que de nombreux commentateurs iraniens considèrent comme déterminé à établir sa tutelle sur tous les peuples turcs, est facilement en mesure de riposter à l’Iran, en incitant des poches de la grande population azérie d’Iran à s’opposer à la politique de Téhéran. De plus, malgré les soupçons persistants entre les deux puissances, la Turquie est un voisin et un partenaire commercial important pour l’Iran. Isolé, le pays ne veut pas voir la Turquie rejoindre sa longue liste d’adversaires ouverts », reconnaît Alex Vatanka.

Même si elle le pouvait, la République islamique ne semble pas avoir intérêt à intervenir sur le terrain. « Aujourd’hui, personne ne considère vraiment la médiation iranienne comme une proposition sérieuse. Téhéran veut surtout voir la fin rapide de cette dernière série de combats qui, si elle était élargie, pourrait entraîner l’Iran dans une nouvelle guerre régionale qu’elle peut difficilement se permettre », conclut Alex Vatanka.

L’Iran semble faire, lui aussi, les frais des affrontements dans l’enclave séparatiste du Caucase. Dix roquettes sont tombées jeudi sur des villages iraniens situés en bordure du Haut-Karabakh, détruisant un bâtiment et blessant un de ses résidents, selon l’agence officielle iranienne IRNA. L’agence rapporte que « plus de 50 roquettes et obus de mortier » ont touché...

commentaires (3)

Une implosion de l IRAN serait l effet boomerang de tout le mal fait par ce regime diabolique depuis 40 ans au proche orient.

HABIBI FRANCAIS

10 h 54, le 17 octobre 2020

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Commentaires (3)

  • Une implosion de l IRAN serait l effet boomerang de tout le mal fait par ce regime diabolique depuis 40 ans au proche orient.

    HABIBI FRANCAIS

    10 h 54, le 17 octobre 2020

  • LES MILLIONS D,AZERIS DE L,IRAN VONT SE REVOLTER ET DEMANDER LEUR ATTACHEMENT A L,AZERBADJAN. LES PROVOCATIONS IRANIENNES AILLEURS VONT ARRIVER A LA MAISON.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 53, le 17 octobre 2020

  • Bizarrement, si l'on se souvient : La guerre azeri arméniens sans compter la guerre serbo-kosovo de l'époque ( années 80 ) : Le résultat fut : l'effritement de l'ex URSS : Les populations, constatant que l'iran intégriste était nés..ils avaient "eux aussi" demandé À L'URSS, la liberté du culte voire indépendance. Ce fut le cas. Aujourd'hui, ce même phénomène revient avec l'Iran pour cible collatérale (et ses différentes ethnies) sans oublier les dizaines d'ethnies vivant aussi en turquie. Une remise en jeu des frontières et pays ? , sembleraient très probables dans un futur moyen. L'irak, la syrie sont éclatés. Le liban aussi virtuellement , reste donc les pays en guerre actuellement ainsi que leurs sponsors.

    LE FRANCOPHONE

    03 h 50, le 17 octobre 2020

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