
Des drapeaux du Liban et de l'ONU à Naqoura, le 14 octobre 2020. REUTERS/Aziz Taher
Le Liban a exprimé mercredi l'espoir de pouvoir délimiter sa frontière maritime avec Israël dans un "délai raisonnable", a affirmé mercredi le chef de la délégation libanaise qui mène ces pourparlers avec l'Etat hébreu lors du premier round de ces discussions qui ont lieu au siège de la Force intérimaire des Nations unies (Finul) à Naqoura.
Annoncées début octobre, ces négociations entre ces deux pays voisins, officiellement toujours en guerre, se déroulent sous l'égide de l'ONU et avec la médiation des États-Unis qui ont qualifié cette initiative d'"historique", notamment dans l'optique de lever les obstacles à la prospection d'hydrocarbures. Ces pourparlers sont cruciaux pour un Liban en faillite qui s'est lancé dans la prospection d'hydrocarbures offshore. En 2018, le pays a signé son premier contrat d'exploration pour deux blocs avec un consortium international. Problème: une partie d'un des blocs, le numéro 9, déborde sur une zone de 860 km2 que les deux voisins se disputent.
"Long chemin"
"Notre réunion du jour donne le coup d'envoi des négociations techniques indirectes et constitue une première étape d'un long chemin vers le tracé des frontières sud. A partir de l'intérêt supérieur de notre pays, nous espérons que les négociations se dérouleront à un rythme nous permettant de clore ce dossier dans un délai raisonnable", a déclaré le général Bassam Yassine, selon des propos rapportés par notre correspondante Hoda Chedid. "Nous sommes ici pour discuter et négocier le tracé de nos frontières sur la base du droit international, de la trêve signée en 1949 et des accords franco-britanniques de Paulet-Newcombe (signés en 1923 et qui tracent la frontière entre le Liban et la Palestine historique à l’époque des mandats français et britannique), qui dessine une ligne partant sur terre de Ras Naqoura et qui se prolonge en mer selon la technique de la ligne médiane", a-t-il ajouté.
Pour sa part, le ministre israélien de l'Energie a affirmé mercredi que son pays allait continuer à négocier avec le Liban au sujet des frontières maritimes. Dans un communiqué publié après le premier round de discussions, M. Steinitz affirmé qu'il avait "accepté que la délégation israélienne poursuive ses pourparlers afin de donner une chance au processus", rapporte l'agence Reuters.
De leur côté, le département d’État américain et le bureau du coordinateur spécial de l'ONU pour le Liban, Jan Kubis, ont affirmé dans un communiqué conjoint que les parties ont tenu des pourparlers "productifs" et "réaffirmé leur engagement à poursuivre les négociations plus tard ce mois-ci". Lors d'un point de presse, le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, a lui aussi salué les négociations. "Nous sommes engagés à aider au succès de ces pourparlers", a-t-il dit brièvement.
Le premier round de ces discussions, qui avaient débuté vers 10h30 à Naqoura, au Liban-Sud, sur une base frontalière de la Finul, déployée pour surveiller la zone tampon entre les deux pays, s'est achevée au bout d'une heure environ. La délégation libanaise s'est ensuite rendue au palais présidentiel de Baabda et le général Yassine a informé le président de la République, Michel Aoun, de la teneur des négociations lors du premier round. La délégation fera de même au terme de chaque étape des pourparlers. Le deuxième round se tiendra le 26 octobre, rapporte notre correspondante Hoda Chedid. Une source militaire libanaise, citée par l'AFP, avait toutefois affirmé dans un premier temps que celui-ci se déroulerait le 28 octobre.
Lors de cette réunion "préliminaire" qui s'est tenue à huis clos, trois allocutions, en plus de celle du général Yassine, ont été prononcées en ouverture : celle de M. Jan Kubis, celle du secrétaire d'Etat adjoint américain pour le Moyen-Orient, David Schenker, et celle du chef de la délégation israélienne, Udi Adiri, qui est directeur général du ministère israélien de l’Énergie. Les participants devaient ensuite s’entendre sur le programme des futures rencontres et le "mécanisme de négociations".
Les délégations libanaise et israélienne se trouvaient dans une même pièce. Selon des sources diplomatiques citées par la chaîne locale LBCI, les discussions lors de cette réunion "protocolaire" et "exploratoire" se sont tenues en anglais. La délégation libanaise, elle, s'exprimait en arabe avec une traduction simultanée en anglais. Si Israël a évoqué des "négociations directes", des responsables libanais ont, eux, assuré que les deux délégations ne se parleront pas.
Ce mercredi, la médiation a été assurée par David Schenker, arrivé mardi à Beyrouth pour participer à la réunion d’ouverture des négociations à la tête d'une délégation de sept membres. Le diplomate John Desrocher prendra ensuite la relève. La délégation de l'ONU compte, elle, trois membres.
Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), la délégation libanaise était arrivée de Beyrouth à bord de trois hélicoptères. L'armée libanaise et les soldats de la Finul ont bloqué les routes menant à la base, tandis que des hélicoptères de la force onusienne survolaient le secteur, a constaté un photographe de l'AFP.
Le tandem chiite critique la présence de civils
Deux militaires - le général Bassam Yassine, qui occupe actuellement le poste de chef d’état-major adjoint pour les opérations et qui préside la délégation, et le colonel Mazen Basbous, qui a occupé le poste d’adjoint du commandant des forces maritimes - ainsi que deux civils - Wissam Chbat, président sortant du conseil d’administration de l’Autorité de l’énergie (LPA, principalement chargée de suivre le dossier des hydrocarbures off-shore au Liban) et Nagib Massihi, un expert en droit international et spécialiste du dossier des frontières maritimes qui collaborait avec le commandement de l’armée dans le domaine de la cartographie, représentent le Liban.
Fait notable, quelques heures avant le début des négociations, le Hezbollah et le mouvement Amal avaient critiqué, dans la nuit de mardi à mercredi, la présence de personnalités civiles dans la délégation libanaise, estimant que seuls des militaires auraient dû s'y trouver et dévoilant ainsi des divisions au sein de la classe politique. "Cela nuit à la position du Liban et à ses intérêts (...) et représente une capitulation face à la logique israélienne qui veut une forme quelconque de normalisation", ont-ils dénoncé dans un communiqué. Le tandem chiite a également critiqué la composition de la délégation israélienne qui comprend "majoritairement des personnalités politiques et économiques".
La délégation israélienne est composée de six membres, dont le directeur général du ministère de l'Energie, un conseiller diplomatique du Premier ministre Benjamin Netanyahu et le chef de la direction des Affaires stratégiques de l'armée.
"En quelques mois"
Une source au ministère israélien de l’Énergie citée par l'AFP assure que la délimitation maritime peut être résolue "en quelques mois" si le processus se déroule sans encombres côté libanais, avertit-elle. "Nous ne nous faisons aucune illusion. Notre objectif n'est pas de créer une quelconque normalisation ou processus de paix", ajoute cette source.
La dernière grande confrontation entre le Hezbollah et Israël remonte à l'été 2006. Une guerre dévastatrice d'un peu plus d'un mois avait alors fait plus de 1.200 morts côté libanais, en majorité des civils, et 160 côté israélien, essentiellement des militaires. Depuis, des réunions tripartites routinières sont organisées par la Finul avec de hauts responsables des deux armées.
D'après l'ONU, des pourparlers sur leur frontière terrestre seront menés séparément dans le cadre de rencontres tripartites supervisées par la Finul. "En cas d'accord sur la frontière terrestre, se posera alors la question des armes du Hezbollah", avertit Hilal Khashan, politologue à l'Université américaine de Beyrouth. Le mouvement chiite est la seule faction à ne pas avoir abandonné son arsenal après la guerre civile (1975-1990), utilisant son rôle de "résistance" face à l'Etat hébreu comme justification. Et selon M. Khashan, il n'y renoncera pas.
Quelques semaines seulement après des accords de normalisation avec Israël signés par les Emirats arabes unis et Bahreïn à la Maison Blanche, mais aussi à l'approche de l'élection présidentielle américaine, des observateurs s'interrogent sur la symbolique de ces développements pour le président Donald Trump. Au-delà du contentieux bilatéral, ces pourparlers interviennent dans un contexte régional de fortes tensions en Méditerranée orientale autour des hydrocarbures et de la délimitation des frontières maritimes, impliquant aussi entre autres la Turquie, la Grèce et Chypre.
le Liban independant, libre de ses decisions ? voyons voir dans quelques mois ou quelques annees ! lorsque plus aucun moyen d'exporter nos ressources ne sera possible. Ah mais si, nous serions qd meme Victorieusement gagnants a les utiliser seuls . ou avec qqs citernes en contrebande a nos freres
10 h 38, le 15 octobre 2020