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Politique - Décryptage

Une semaine pour trouver une issue à l’impasse gouvernementale

En fixant au jeudi 15 octobre le rendez-vous des consultations contraignantes pour la désignation d’un nouveau Premier ministre, le chef de l’État a jeté la balle dans le camp des blocs parlementaires. Le président Aoun a commencé par attendre une semaine, après la renonciation de Moustapha Adib à former le gouvernement, annoncée le 26 septembre, dans l’espoir que les contacts politiques s’intensifient et permettent de dégager un minimum d’entente sur l’identité du nouveau Premier ministre. Mais tout au long de la semaine écoulée, aucun développement sérieux ou notable n’a été enregistré, ni au Liban ni même entre Paris et Beyrouth. La seule réunion importante dans ce contexte a été celle qui a regroupé le chef de l’État et le président de la Chambre, Nabih Berry, dans l’avion les menant au Koweït, lundi. Au cours du trajet de l’aller et du retour, les deux hommes se sont entretenus au sujet de la situation en général et ont décidé qu’il fallait à tout prix faire quelque chose pour secouer l’immobilisme politique, d’autant que la situation économique et financière menace de se dégrader de façon catastrophique. Selon des sources proches de Baabda et de Aïn el-Tiné, MM. Aoun et Berry n’ont pas discuté de noms (de candidats à la présidence du Conseil), se contentant d’insister sur la nécessité d’agir vite pour pousser les différentes parties à définir clairement leurs positions. Et ce dans le but de ne pas laisser ce dossier en suspens jusqu’après les élections américaines (en novembre), ou dans l’attente d’une initiative venue de l’extérieur en cette période de crise aiguë et à visages multiples. C’est donc dans ce contexte que le palais de Baabda a annoncé hier le rendez-vous des consultations parlementaires contraignantes. C’est d’ailleurs la première fois que ce rendez-vous est fixé sans qu’il y ait une entente préalable sur le nom, mais aussi sans qu’il y ait une vision claire de l’aspect du gouvernement ou de l’étape à venir. Mais le chef de l’État a sciemment choisi de le fixer au 15 octobre pour laisser toute une semaine aux différentes parties afin d’entreprendre les contacts nécessaires et d’essayer de trouver des terrains d’entente. Le chef de l’État a voulu aussi, par cette décision, mettre les différentes parties au pied du mur face à leurs responsabilités et les pousser à ébaucher un dialogue entre elles pour tenter d’aboutir à un déblocage. Pour le chef de l’État, il faudrait tout faire pour que le Liban soit doté d’un gouvernement dans une période aussi grave et alors que des décisions économiques et financières vitales doivent être prises. Selon les milieux de Baabda, le chef de l’État a songé à convoquer les différentes parties à une réunion politique élargie, mais dans le climat actuel, il aurait été aussitôt la cible d’une campagne médiatique de vaste envergure qui lui aurait reproché de prendre une telle initiative au lieu de convoquer les blocs parlementaires aux consultations. Il a donc pris cette décision pour inciter les différentes parties à dialoguer entre elles, dans le but de dégager une entente au sujet du gouvernement.

Impasse totale

Toutefois, jusqu’à maintenant, l’impasse semble totale, sachant que depuis la récusation de Moustapha Adib, les positions restent les mêmes. Pour le tandem chiite Amal et le Hezbollah, les deux dernières expériences sur ce plan, celle du gouvernement de Hassane Diab et la tentative de Moustapha Adib, ont été un échec. Le gouvernement de Diab a été formé par le camp chiite et ses alliés, après le refus du courant du Futur et des Forces libanaises d’y participer et la position mitigée de Walid Joumblatt. Il s’est très vite heurté à une sorte de boycott local, arabe et international qui l’a empêché d’aller de l’avant, aussi bien dans les réformes financières et économiques que dans les décisions importantes sur les plans local et international.

À travers l’acceptation de la candidature de Moustapha Adib, les deux formations chiites ont tenté de rectifier le tir en s’inclinant sans discuter devant le choix de ce qu’on appelle « le club des quatre anciens Premiers ministres » et en particulier de Saad Hariri. La petite manœuvre qui consistait à envoyer une liste de trois noms sachant que seul un des trois était acceptable ne leur a pas échappé. Mais ils ont préféré accepter cette candidature, pour justement ne pas rééditer l’expérience Diab et permettre à une personnalité qui a l’aval des principales figures sunnites de former un gouvernement. Mais la surprise a eu lieu lorsque les deux formations, et avec elles le chef de l’État et le Courant patriotique libre, ont découvert qu’elles étaient totalement exclues du processus de formation du gouvernement. Elles ont donc flairé un piège qui consistait à les mettre devant un gouvernement de fait accompli, un peu dans le genre de celui de Fouad Siniora en 2007, après la démission des ministres chiites. Aujourd’hui, ce qu’il faudrait donc, à leurs yeux, c’est éviter de former un gouvernement à coloration unique, quelle que soit cette coloration, et en même temps choisir une personnalité qui a l’aval des principales figures sunnites. Amal et le Hezbollah continuent à avoir une préférence pour la désignation de Saad Hariri ou de toute personne de son choix, mais en partenariat avec eux.

De son côté, le chef du courant du Futur continue de considérer que le moment local, régional et international, n’est pas favorable à son retour au Sérail. Il ne veut pas rééditer les expériences du passé, lorsque son gouvernement a été à deux reprises poussé vers la démission, en janvier 2011 et en octobre 2019. En même temps, il ne souhaite pas donner la présidence du Conseil à une personnalité sunnite qui pourrait réussir là où lui n’a pas pu le faire. Autrement dit, Saad Hariri ne veut pas être désigné et ne veut pas nommer une personnalité à ce poste. Amal et le Hezbollah attendent de leur côté qu’il change d’avis. L’impasse est donc totale.

C’est dans ce contexte que l’ancien président du Conseil, Nagib Mikati, a lancé une initiative, la seule actuellement, qui pourrait débloquer la situation. Le responsable tripolitain a proposé la formation d’un gouvernement techno-politique de 20 membres, 14 experts et 6 ministres politiques, pour assurer le sauvetage du pays dans cette période particulièrement délicate. M. Mikati, qui fait partie du « club des quatre », est toutefois le seul, avec Saad Hariri, à avoir une assise populaire importante. Lors des dernières législatives, il a ainsi réussi à obtenir quatre sièges parlementaires à Tripoli, contre trois pour le courant du Futur qui avait fait appel à des personnalités tripolitaines en vue, comme Samir el-Jisr et Mohammad Kabbara, et un pour Fayçal Karamé. Mais des sources proches de M. Mikati affirment qu’il n’est pas candidat à la présidence du Conseil dans de telles circonstances. De toute façon, il n’aura probablement pas l’aval de Saad Hariri ni, donc, celui de Fouad Siniora et Tammam Salam. Ni même celui des deux formations chiites dont les expériences avec un cabinet Mikati (en 2005 et en 2011) n’ont pas été encourageantes.

De son côté, le chef de l’État souhaite la formation du gouvernement au plus vite, car son mandat entamera le 31 octobre sa cinquième année et, jusqu’à présent, le bilan n’est pas à la hauteur des attentes des Libanais. Mais en même temps, s’il veut rattraper le temps perdu, il préfère que le gouvernement ait la plus large représentativité possible, tout en étant productif et efficace. Dans ce contexte, « la perle rare » n’a pas encore été trouvée et le temps joue contre le Liban.


En fixant au jeudi 15 octobre le rendez-vous des consultations contraignantes pour la désignation d’un nouveau Premier ministre, le chef de l’État a jeté la balle dans le camp des blocs parlementaires. Le président Aoun a commencé par attendre une semaine, après la renonciation de Moustapha Adib à former le gouvernement, annoncée le 26 septembre, dans l’espoir que les contacts...

commentaires (4)

Impasse totale. Eh Scarlette, leh min nater chou wa min myn encore?

PPZZ58

20 h 15, le 08 octobre 2020

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Commentaires (4)

  • Impasse totale. Eh Scarlette, leh min nater chou wa min myn encore?

    PPZZ58

    20 h 15, le 08 octobre 2020

  • Pour SH, une conversation, à 11000 pieds d'altitude, sans face à face, entre la poire et le fromage de deux (irr) responsables qui ne peuvent se blairer est "la seule réunion importante" qui a eu lieu au sujet du nouveau gouvernement à former. Va comprendre Charles...

    DJACK

    19 h 44, le 08 octobre 2020

  • Tss Tss Tss, les pauvres bougres , amal,hezb & aoun ! les pauvres naifs que les sunnites ont reussi a bluffer tant leur bonte de coeur les empeche de penser a mal.... bien entendu venant d'autrui !

    Gaby SIOUFI

    09 h 50, le 08 octobre 2020

  • Tout un article pour comprendre aux libanais que c’est le tandem chiite et le CPL à leur traine qui décident de l’avenir de tout un pays. Eh FACHARTOU, vous voulez que le bordel continue, il continuera. Vous voulez voler les 2 francs 6 sous qui restent, volez les. Mais nous conserverons nos liberté d’expression et d’action. Personne ni rien n’a jamais été éternel au Liban, un jour très prochain vos armes disparaîtront et vous serez contraints de discuter avec vos concitoyennes la tête et l’index baissés. Le Liban nous appartient à nous autant qu’à vous, vous ne pourrez jamais vous l’approprier. Que l’OLJ ait le courage de me publier cette fois

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 31, le 08 octobre 2020

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