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Économie - Monnaie

La livre libanaise pas près de se redresser sur le marché noir

L’absence de visibilité sur les avoirs du pays continue d’alimenter la spéculation.

La livre libanaise pas près de se redresser sur le marché noir

Un tag représentant un porte-monnaie avec l’inscription «  ils nous ont volés  », à Beyrouth. Photo P.H.B.

Le taux de change de la monnaie nationale sur le marché noir a encore flotté hier sous la ligne des 9 000 livres pour un dollar, sans toutefois franchir ce seuil dont il s’est dangereusement approché en fin de semaine dernière, en plein contexte de crise socio-économique mais aussi sanitaire en raison du Covid-19. Une période marquée par une forte contraction du PIB, une hyperinflation, une crise de liquidités en dollars et des restrictions bancaires – toujours illégales – sur la majorité des comptes en devises.

Selon les différentes sources habituellement consultées par L’Orient-Le Jour (sources bancaires, agents de change, particuliers et le site lebaneselira.org), il fallait débourser autour de 8 800/8 900 livres en moyenne hier pour acheter un dollar auprès d’un revendeur illégal, qui acceptait, lui, de le récupérer contre 8 600/8 700 livres. Le taux imposé par la Banque du Liban (BDL) aux agents agréés est toujours de 3 900 livres pour un dollar, tandis que la parité officielle, devenue fictive pour le citoyen lambda, reste figée à 1 507,5 livres.

Décrochage de la livre

Cela fait en tout et pour tout un peu plus de deux semaines que la monnaie du pays du Cèdre a recommencé à piquer du nez après s’être vaguement redressée puis stabilisée autour de 7 000/7 500 livres pour un dollar dans le sillage de la catastrophe qui a frappé Beyrouth le 4 août. Une embellie précaire liée à plusieurs facteurs dont l’adoption le 6 août de la circulaire n° 566 à travers laquelle la BDL a une nouvelle fois autorisé les agences spécialisées dans les transferts d’argent à décaisser en dollars, plutôt qu’en livres, les montants envoyés à leurs clients au Liban.

Le récent décrochage remonte pour sa part à la semaine du 21 septembre dernier, qui s’est achevée par l’abandon du Premier ministre désigné, Moustapha Adib, de sa mission de former un nouveau gouvernement, 26 jours après sa nomination. Alors que tout semble indiquer que la présidence de la République pourrait convoquer des consultations parlementaires contraignantes en vue de nommer un Premier ministre la semaine prochaine, le risque que la livre continue de se déprécier d’ici là est bien réel.

« L’évolution du taux du marché noir reflète la crise de confiance que traverse le secteur financier du pays. Ce qui domine aujourd’hui et depuis plusieurs mois, c’est le manque total de visibilité à court, moyen et long terme pour tous les secteurs de l’économie du pays. Il n’y a donc pas pour l’instant de bonne raison d’imaginer que la situation va s’améliorer s’il n’y a pas de changement d’attitude de la part des autorités », relève le directeur du département de recherche de Byblos Bank, Nassib Ghobril, contacté par L’Orient-Le Jour. « La formation d’un nouveau gouvernement, la reprise des négociations avec le Fonds monétaire international pour permettre au pays de décrocher une assistance financière, le lancement des réformes attendues par les soutiens du pays : rien n’est acquis, ce qui entretient la fébrilité des acteurs et offre un boulevard aux spéculateurs du marché noir », poursuit-il, soulignant l’indifférence coupable des partis politiques dans ce contexte. Il rappelle enfin que la masse monétaire du marché noir n’est pas aussi importante que ne le laisse supposer son influence sur le comportement des agents économiques. Début septembre, le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, avait évoqué un « taux fabriqué » et un volume de transactions marginal de « 4 millions de dollars par jour ». En place depuis 1993, le patron de la banque centrale est très critiqué pour sa part de responsabilité dans la crise actuelle pour diverses raisons.

Circulaire n° 151 et subventions

Pour l’heure, c’est l’attentisme qui domine donc chez la majorité des acteurs économiques – particuliers comme entreprises – qui effectuent des transactions en dollars, dans un pays très dépendant des importations et où de nombreuses familles envoient leurs enfants étudier à l’étranger. « La situation est encore tolérable pour les petits montants mais il est actuellement très difficile de trouver des agents qui acceptent de vendre d’importantes sommes en dollars, de l’ordre de plusieurs dizaines de milliers. Quelqu’un qui veut acquérir aujourd’hui une telle somme au noir doit être prêt à payer plus cher », témoigne une source proche de la filière des agents de change sous couvert d’anonymat. Une affirmation confirmée par une autre source travaillant justement au marché noir. « Pour l’instant, tous les yeux sont rivés sur l’évolution du processus de formation du gouvernement. Les prochaines échéances qui pourraient fortement impacter le taux dollar/livre sont la probable extension de la circulaire n° 151 de la BDL, attendue à la mi-octobre, et le sort des subventions sur le carburant et le blé, sur lesquels le doute plane depuis le milieu de l’été », conclut la source interrogée.

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La circulaire n° 151 a été adoptée le 21 avril dernier et permet aux titulaires de comptes en dollars sur lesquels les banques ont appliqué des restrictions de les retirer en livres à un taux supérieur à celui du marché, fixé par la BDL (qui l’a mis à jour pour la dernière fois en juillet à 3 900 livres pour un dollar). Ce texte, défendu par Riad Salamé comme un moyen de préserver le pouvoir d’achat des Libanais en plein contexte de dévaluation de la livre, a été pointé du doigt par certains experts comme un des facteurs qui ont accéléré la chute de la monnaie nationale.

Les subventions pour pallier l’inflation dont bénéficient certaines importations vitales (carburants, blé, médicaments et matériel médical, entre autres) ont également été mises en place dès octobre 2019 par la BDL (tantôt seule, tantôt en coopération avec certains ministères). Le mécanisme consacré permet aux importateurs de ces produits d’obtenir une partie des dollars destinés à leurs fournisseurs auprès de la BDL, soit au taux officiel, soit à celui des agents de change agréés.

Mais le processus a contribué à amenuiser les réserves de devises de la BDL qui ont atteint un niveau critique, ce qui alimente les spéculations sur leur suppression.


Le taux de change de la monnaie nationale sur le marché noir a encore flotté hier sous la ligne des 9 000 livres pour un dollar, sans toutefois franchir ce seuil dont il s’est dangereusement approché en fin de semaine dernière, en plein contexte de crise socio-économique mais aussi sanitaire en raison du Covid-19. Une période marquée par une forte contraction du PIB, une...

commentaires (4)

Tant que tout ce monde mafieux tient le pays dans ses griffes les libanais iront vers l’enfer promis. Il a été on ne peut plus clair dans ses promesses macabres qu’il réserve aux citoyens libanais mais ils n’ont pas réagit comme il se doit pour lui montrer que si enfer il y a ce sera par hiérarchie et qu’il sera le premier à y accéder, titre pompeux oblige. Nous nous contentons de sillonner les rues et les régions à chercher à manger à boire à se soigner pour pallier aux manques en acceptant l’inacceptable alors que leur projet est de longue haleine et trouveront toujours le moyen de nous obstruer le seul orifice par lequel passe ce soupçon de lumière. Il faut casser ce trou, l’élargir et aller chercher notre liberté et notre dignité pour les enfermer ensuite dans des cellules où aucune lumière ne saura pénétrer pour qu’ils moisissent et périssent à jamais pour tout le mal qu’ils nous ont infligé. C’est notre seule solution aux problèmes. IL FAUT AGIR PERSONNE D’AUTRE NE NOUS SAUVERA NOUS SOMMES RESPONSABLES DE CETTE AGONIE IMPOSÉE.

Sissi zayyat

11 h 05, le 07 octobre 2020

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Commentaires (4)

  • Tant que tout ce monde mafieux tient le pays dans ses griffes les libanais iront vers l’enfer promis. Il a été on ne peut plus clair dans ses promesses macabres qu’il réserve aux citoyens libanais mais ils n’ont pas réagit comme il se doit pour lui montrer que si enfer il y a ce sera par hiérarchie et qu’il sera le premier à y accéder, titre pompeux oblige. Nous nous contentons de sillonner les rues et les régions à chercher à manger à boire à se soigner pour pallier aux manques en acceptant l’inacceptable alors que leur projet est de longue haleine et trouveront toujours le moyen de nous obstruer le seul orifice par lequel passe ce soupçon de lumière. Il faut casser ce trou, l’élargir et aller chercher notre liberté et notre dignité pour les enfermer ensuite dans des cellules où aucune lumière ne saura pénétrer pour qu’ils moisissent et périssent à jamais pour tout le mal qu’ils nous ont infligé. C’est notre seule solution aux problèmes. IL FAUT AGIR PERSONNE D’AUTRE NE NOUS SAUVERA NOUS SOMMES RESPONSABLES DE CETTE AGONIE IMPOSÉE.

    Sissi zayyat

    11 h 05, le 07 octobre 2020

  • La livre libanaise c’est comme le thermomètre d’un malade, auquel non seulement les médecins (ir)responsables refusent les soins , mais auquel ils administrent du poison ... Résultat: le thermomètre est responsable de la température !

    LeRougeEtLeNoir

    08 h 27, le 07 octobre 2020

  • En nous privant de nos nombreux $ dans les comptes en banques ca ne peut pas se passer autrement. Nous ne sommes pas supposés aller au marché noir quand les comptes bancaires sont en $...

    Sybille S. Hneine

    07 h 59, le 07 octobre 2020

  • Tant que le président refusera de former un gouvernement et un gouvernement crédible, le dollar continuera à monter - et tant pis pour les libanais! Mais qui se soucie d'eux dans les hautes sphères de la République? -

    Yves Prevost

    06 h 41, le 07 octobre 2020

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