
Vue sur les décombres du port de Beyrouth, le 24 septembre 2020. Photo Nabil Ismaïl
Des proches de victimes des explosions du 4 août ont manifesté lundi en fin de journée devant le port de Beyrouth, afin de réclamer une enquête transparente sur cette catastrophe qui a fait près de 200 morts.
Prenant la parole lors de ce sit-in, le père d'une des victimes a réclamé vengeance pour la mort de son fils. "Le sang appelle le sang", a-t-il lancé, appelant à une enquête transparente et à ce que toutes les personnes impliquées soient condamnées. "Si le juge en charge de cette affaire ne peut pas parler en toute transparence, qu'il démissionne", a-t-il déclaré, accusant les autorités libanaises d'être "criminelles". Les manifestants brandissaient notamment des photos de leurs proches décédés.
Une action similaire avait déjà eu lieu il y a une dizaine de jours. Les participants à cette manifestation avait alors mis en garde contre un recours à l'escalade de leur mobilisation en cas de "réticences" autour de cette affaire.
La déflagration du 4 août a tué au moins 194 personnes et blessé 6.500 autres. Elle a été provoquée, selon les explications officielles, par l'incendie de 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium, entreposées sans précaution depuis sept ans dans un hangar du port, de l'aveu même des responsables.
Jreissati entendu comme témoin
Une enquête locale est en cours avec l'aide technique d'experts internationaux, alors que le chef de l'Etat, Michel Aoun, refuse toute enquête internationale, estimant que celle-ci "diluerait la vérité". Une enquête internationale est pourtant réclamée par une grande partie de la population et plusieurs dirigeants de la communauté internationale, la confiance dans les autorités libanaises étant au plus bas.
Dans le cadre de l'enquête locale, le juge d’instruction et procureur général près la Cour de justice, Fadi Sawan, en charge du dossier, a entendu, comme témoins, Salim Jreissati, ancien ministre de la Justice et actuel conseiller du chef de l'Etat, ainsi que le propriétaire d'une compagnie de transport maritime opérant dans le port de Beyrouth dont l'identité n'a pas été révélée. Depuis le début de son instruction, le juge Sawan a émis plus d'une vingtaine de mandats d’arrêt, entre autres contre des employés et responsables du port, dont son ancien directeur général Hassan Koraytem, le directeur général des douanes Badri Daher, le directeur général du transport maritime et terrestre Abdel Hafiz al-Kaïssi et quatre officiers.
TOUTE ENQUETE LOCALE SERVIRAIT A CAMOUFLER LA VERITE ET A INNOCENTER LE VRAI PROPRIETAIRE DE CE NITRATE D,AMONIUM DONT DES QUANTITES ONT ETE SAISIES DANS DIVERS PAYS AUX MAINS DES HEZBOLLAHIS.
17 h 51, le 28 septembre 2020