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Lifestyle - Mode

Timi Hayek ou les rêves éparpillés de la Fée Clochette

Timi Hayek ou les rêves éparpillés de la Fée Clochette

Les carrés de soie de Timi Hayek en hommage au Liban. Photo DR

Quand la créatrice de mode Timi Hayek a été sélectionnée pour la deuxième édition du concours « Génération Orient » de L’Orient-Le Jour, on l’avait spontanément surnommée la Fée Clochette, tant elle dégageait à la fois de fragilité et de détermination. Depuis, on n’avait cessé d’admirer ses créations diaphanes teintées de rébellion, toiles légères et bords francs, romantisme et déchirures. En réponse aux obstacles posés par la difficile industrie de la mode qui est la sienne, elle s’était mise à créer des carrés de soie sur lesquels elle laissait aller sa fantaisie d’illustratrice, toujours fascinée par un Liban de rêve dont elle déclinait inlassablement les paysages et la mythologie. Vint le fatal 4 août. Nous lui avons demandé son témoignage.

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« À 18h, le soir de l’explosion, j’étais avec mon fiancé et sa mère dans une vieille maison libanaise près de l’hôpital Saint-Georges. Nous discutions de nos projets de mariage civil pour la semaine à venir. Quelques instants avant l’explosion, je me suis agrippée à lui, saisie d’une peur sourde. J’ai senti que quelque chose de dangereux était sur le point de se produire à cause des bruits étranges dans l’air. Puis nous avons été éjectés de là où nous étions assis. Une lourde porte a traversé la pièce et a atterri juste à côté de nous, avec des milliers d’éclats de verre et de débris. La maison dans laquelle nous nous trouvions a été complètement détruite. Sur le coup, la pensée de toutes les personnes qui ont dû être gravement blessées (ou mortes) dans ce moment suspendu m’a horrifiée. Nous étions pétrifiés à l’idée aussi que cette explosion pourrait être suivie d’une autre. Couverts de sang et de verre, il nous a fallu quelques heures de marche autour d’Achrafieh sous les bâtiments en ruine, sur des champs de verre brisé et de gravats, perdus, effrayés et blessés, pour finalement arriver à un hôpital dans les montagnes (les hôpitaux à proximité étaient détruits ou saturés). J’ai finalement pu faire suturer mon bras à 2 heures du matin et la mère de mon fiancé, qui en a eu 18 sur la tête, est restée forte et heureusement va mieux. Ma maison à Achrafieh et mon atelier-boutique de la rue Monnot ont également été endommagés, j’attends toujours que le verre soit disponible pour mon studio, pour pouvoir y reprendre mon travail. Cette épreuve m’a laissée perturbée. Je suis une personne paisible, extrêmement réceptive, et cette explosion d’une rare violence m’a vraiment secouée. »

Destructions au showroom de Timi Hayek, rue Monnot. Photo DR

Avant ce jour fatidique, la jeune femme avait commencé à se concentrer sur la production locale en imprimant ses illustrations sur papier. « Mes dessins sont généralement imprimés sur des foulards et des robes en soie, mais comme j’importe les soies imprimées (l’impression numérique sur soie n’existe pas au Liban), il m’a fallu réfléchir à des moyens de produire localement en raison de l’inflation. Mes illustrations se concentrent sur le beau patrimoine et la nature du Liban (les vieilles maisons libanaises à triple arcade, les ruines de Baalbeck, la cascade de Afqa...). J’espère pouvoir continuer à créer des dessins qui reflètent la beauté naturelle et l’antique magie cachée de ce pays, malgré les horreurs que nous traversons », dit-elle.

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La créatrice qui, en 2017, s’est vu confier la décoration des vitrines du grand magasin londonien Harvey Nichols (HN) à Knightsbridge revoit donc ses ambitions à la baisse sans renoncer à son rêve libanais. Illustratrice et spécialiste en design textile vestimentaire, Timi Hayek a fait ses études à Central St Martins avant de faire ses armes à Paris chez Louis Vuitton, sous la direction artistique de Marc Jacobs, et dans les ateliers de Jean-Charles de Castelbajac. D’autres stages ont suivi, à Londres, chez Alexander McQueen et Mary Katrantzou, tandis qu’elle préparait son projet de diplôme. L’année précédente, en 2010, elle se distinguait en remportant le prix Liberty Art Fabrics, et le tissu qu’elle avait dessiné avait été produit et vendu chez Liberty & Co.

Quand la créatrice de mode Timi Hayek a été sélectionnée pour la deuxième édition du concours « Génération Orient » de L’Orient-Le Jour, on l’avait spontanément surnommée la Fée Clochette, tant elle dégageait à la fois de fragilité et de détermination. Depuis, on n’avait cessé d’admirer ses créations diaphanes teintées de rébellion, toiles...

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Où acheter le merveilleux foulard de la photo, Timi?

Christine KHALIL

15 h 37, le 28 septembre 2020

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Commentaires (1)

  • Où acheter le merveilleux foulard de la photo, Timi?

    Christine KHALIL

    15 h 37, le 28 septembre 2020

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