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Société - Covid-19

À Roumieh, la fronde des détenus testés positifs

Les prisonniers contaminés refusent de se conformer aux mesures de prévention et d’hygiène. Un moyen d’exercer une pression pour l’adoption d’une loi d’amnistie générale.

À Roumieh, la fronde des détenus testés positifs

Le comité chargé des soins de santé dans les prisons réuni hier à l’ordre des médecins sous la présidence de Charaf Abou Charaf. Photo Hussam Chbaro

Depuis près de dix jours, les yeux sont rivés sur la prison centrale de Roumieh où plus de 352 contaminations au coronavirus ont été signalées à ce jour. Ce qui fait craindre une explosion de cas au sein de l’établissement pénitentiaire, du fait de la surpopulation carcérale. Initialement conçue pour accueillir un millier de prisonniers, la prison de Roumieh en abrite aujourd’hui près de 4 000. Or il est notoire que la promiscuité est l’un des principaux facteurs de la transmission du SARS-CoV-2 et, par conséquent, de la propagation rapide de la maladie.

De leur côté, les prisonniers ne facilitent pas les choses. Depuis que les premiers cas ont été signalés, la semaine dernière, ils refusent de se conformer aux mesures de prévention et d’hygiène. Tandis qu’ils appellent à l’adoption d’une loi d’amnistie générale, cette fronde constituerait un moyen de pression sur le Parlement pour qu’il vote une loi dans ce sens. À l’extérieur, les prisonniers sont soutenus par leurs familles qui multiplient les sit-in.

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« Les mesures de prévention ont été prises dans les prisons depuis le début de la pandémie dans le pays en février, ce qui a permis de retarder l’apparition des cas », affirme à L’Orient-Le Jour Myrna Doumit, présidente de l’ordre des infirmières et infirmiers du Liban. « Une attention particulière est accordée aux établissements carcéraux », affirme-t-elle, soulignant qu’à Roumieh, « près de 1 000 tests PCR ont déjà été effectués ». « C’est un taux assez élevé, couvrant près du tiers des prisonniers, insiste-t-elle. Ils sont suivis par une équipe d’infirmières et d’infirmiers. »

Selon les Forces de sécurité intérieure, 956 tests PCR ont été réalisés à Roumieh à ce jour, dont 352 se sont avérés positifs. « La majorité de ces cas sont asymptomatiques ou présentent peu de symptômes », assure une source sécuritaire à L’OLJ. En effet, seules sept personnes ont été hospitalisées, alors que deux autres, dont l’état de santé s’est amélioré, sont retournées en prison. Du même milieu, on explique que les cas ont été déclarés dans le bâtiment B de la prison, c’est-à-dire celui qui abrite les islamistes, et dans le bâtiment des personnes jugées.

Selon cette source, « le problème réside dans le fait que ces prisonniers refusent de respecter les mesures de précaution ». « Ils refusent même de rester dans le centre d’isolement aménagé pour les cas de coronavirus, soutient-elle. Ce qui expose les autres prisonniers à la maladie. Or, on ne peut pas les obliger à se conformer aux directives. Des négociations sont menées avec eux pour essayer de les faire revenir sur leur décision. Parallèlement, on a fait sortir des deux bâtiments un grand nombre de prisonniers âgés et à la santé fragile. »

Une explosion des cas

La situation à la prison de Roumieh était hier à l’ordre du jour de la réunion tenue par le comité chargé des soins de santé dans les prisons à l’ordre des médecins. « L’attitude adoptée par les détenus contaminés par le virus expose les autres prisonniers au danger, mais aussi les corps infirmier et médical, et les agents des FSI qui sont en contact avec eux », déplore le président de l’ordre des médecins, Charaf Abou Charaf. Pour lui, il est important d’accélérer le processus des jugements, « ce qui a commencé à être fait ». « Nous craignons une explosion des cas dans les prisons avec nécessité d’hospitalisation, poursuit-il à L’OLJ. Il faudrait augmenter le nombre des lits réservés aux prisonniers dans les hôpitaux et penser à aménager deux autres établissements à leur intention. J’ignore les raisons pour lesquelles à ce jour les hôpitaux publics ne sont pas encore prêts à accueillir des patients. »

Outre Roumieh, trois cas de Covid-19 ont été signalés dans la prison de Zahlé, dans la Békaa, et deux cas dans la prison du quartier général des FSI à Beyrouth. Sur le plan national, le bilan était à la hausse hier avec 940 nouveaux cas, dont 17 en provenance de l’étranger, et treize décès, ce qui fait grimper à 31 778 le nombre de cas cumulés depuis février, au nombre desquels 328 décès. Selon le rapport quotidien du ministère de la Santé, 13 527 patients se sont rétablis, alors que 466 sont encore hospitalisés, dont 126 en soins intensifs.

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Des chiffres alarmants qui ont fait réagir le président de la commission parlementaire de la Santé, Assem Araji, qui a déclaré que le Liban a « perdu le contrôle » face à la pandémie. De son côté, le directeur de l’hôpital gouvernemental universitaire Rafic Hariri, Firas Abiad, a estimé dans une série de tweets que la lutte contre le virus « ne se passe pas comme il le faudrait ». Il a souligné que les dernières recommandations émises (lundi) par la commission nationale chargée de lutter contre le Covid-19, à savoir un renforcement de la mise en application des gestes barrières, des tests et du traçage des cas positifs, n’étaient pas suffisantes. « Pourquoi une approche similaire (à ce qui a été fait avant, NDLR) mènerait-elle à des résultats différents ? » s’est-il interrogé. Le médecin a par ailleurs souligné que le nombre d’hospitalisations et de décès risquait d’augmenter, suite à la hausse de cas déclarés.Enfin, plusieurs cas ont été détectés parmi les fonctionnaires du bureau pour l’enregistrement des véhicules, dépendant du département du trafic routier, à Ouzaï, au sud de Beyrouth. En conséquence, cette administration sera fermée jusqu’au 28 septembre.

Depuis près de dix jours, les yeux sont rivés sur la prison centrale de Roumieh où plus de 352 contaminations au coronavirus ont été signalées à ce jour. Ce qui fait craindre une explosion de cas au sein de l’établissement pénitentiaire, du fait de la surpopulation carcérale. Initialement conçue pour accueillir un millier de prisonniers, la prison de Roumieh en abrite aujourd’hui...

commentaires (3)

Si les images du film de Nadine Nabaki ("Capharneum") sont correctes, ils sont comme des sardines la-bas dans les cellules, et ce film montre aussi qu'ils ont besoin de medicaments pour dormir (a cause du bruit intolerable dans la prison). Donc en tous cas la situation - maladie ou pas - est tres mauvaise pour eux ... Aussi il y a quelques annees, je me souviens que le ministre d'interieur Marwan Charbel il avouait lui -meme que les conditions a Roumieh-prison sont scandaleuses, en grand contraste d'aillieurs avec le beau village tres jolie de Roumieh meme ...

Stes David

13 h 44, le 24 septembre 2020

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Commentaires (3)

  • Si les images du film de Nadine Nabaki ("Capharneum") sont correctes, ils sont comme des sardines la-bas dans les cellules, et ce film montre aussi qu'ils ont besoin de medicaments pour dormir (a cause du bruit intolerable dans la prison). Donc en tous cas la situation - maladie ou pas - est tres mauvaise pour eux ... Aussi il y a quelques annees, je me souviens que le ministre d'interieur Marwan Charbel il avouait lui -meme que les conditions a Roumieh-prison sont scandaleuses, en grand contraste d'aillieurs avec le beau village tres jolie de Roumieh meme ...

    Stes David

    13 h 44, le 24 septembre 2020

  • "... Les prisonniers contaminés refusent de se conformer aux mesures de prévention et d’hygiène. Un moyen d’exercer une pression pour l’adoption d’une loi d’amnistie générale. ..." -.- Il faudrait leur expliquer qu’une ÉVENTUELLE amnistie ne concernerait que les personnes non-contaminées, pour éviter de propager le virus hors de la prison. Tous ceux qui sont positifs devront rester confinés sur place. Eh oui. C’est comme ça...

    Gros Gnon

    13 h 05, le 24 septembre 2020

  • Les autorités n’avaient qu’à prendre les mesures préventives au lieu de laisser pourrir la situation comme ils ont l’habitude de faire pour arriver à imposer leurs solutions initiales qui les rongent depuis bien avant l’épidémie. Amnistier tous les assassins y compris ceux qui ont du sang de notre armée sur les mains pour semer le cahot dans les rues. Ils seront leurs prochains appuis par gratitude et il leur sera confié les missions les plus abjectes pour être remercié de leur acte encore plus abjecte qui est d’étoffer leurs rangs de criminels en les libérant.

    Sissi zayyat

    11 h 17, le 24 septembre 2020

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