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Nos Lecteurs ont la Parole

Notre divine comédie

Bienvenue au fin fond de l’enfer. Nos responsables, qui nous guident, se sont démenés pour nous faire traverser les multiples cercles de l’enfer et ils ont mis tous leurs efforts pour nous emmener jusqu’au dernier d’entre eux, pour nous enterrer et enterrer avec nous tout un pays.

La mission dont ils se sont chargés, dans l’obscurité de leurs cerveaux vidés de tout raisonnement et de toute logique et dans leur malvoyance nauséabonde, est d’enrayer notre pays libre et démocratique, de faire taire ceux qui le défendent dans le but d’en faire une des provinces d’un ancien empire qui s’est radicalisé dans son histoire récente et qui fait des rêves éveillés de puissance et d’accès à la Méditerranée, non sans l’aide et le support tenace et ferme de notre classe politique.

Conjoncture régionale à l’appui, dans cette partie du monde où le machiavélisme fait son grand retour à l’aube de ce XXIe siècle, où de nouveaux empires ressuscitent leur appétit et font revivre leurs anciennes aspirations au service d’une démagogie ostentatoire et d’une volonté d’expansion, de conquête et d’autopromotion fastueuse, où des prédateurs sont toujours à l’affût et leurrent leur proie et où, en même temps, il y a ce petit pays, géopolitiquement stratégique, qui est le nôtre et qui, malchanceux, se retrouve au niveau supranational, étouffé sous l’emprise de tout ce concours de puissances et de nuisances à ciel ouvert, et qui se retrouve également asphyxié au niveau national dans des politiques mensongères et des politiques d’autoproclamation et de négligence du peuple et de dictatures mafieuses, et de toute évidence moyen-âgeuses.

Entre la défaite de l’Arabie saoudite avec l’assassinat de Hariri et la victoire iranienne du Hezbollah durant la guerre de 2006, entre l’empire ottoman qui renaît de ses cendres et l’empire perse qui s’étire et qui s’étend grâce aux marionnettes régionales, entre l’empire du milieu et la première puissance mondiale, entre les pays arabes, la Russie, la Syrie et Israël, notre pays affaibli se perd.

Dans ce contexte menaçant le démantèlement et l’existence même de leur pays, les Libanais ont peur. Et profitant de ce contexte et renforçant les divisions, les fantoches et les automates se projettent dans leur avenir qui se résume par un grignotage de l’infrastructure libanaise d’abord, de la population et du pays dans sa totalité ensuite. Une politique visionnaire qui voudrait passer inaperçue, elle est de longue haleine et elle n’aurait abouti qu’à un fiasco si elle n’était pas facilitée et même encouragée par son éminence, notre classe politique captive et totalement sous l’emprise de cet hydre. Hypnotisée et corrompue, soumise corps et âme à cet hydre sous-État, cette classe politique inapte, incompétente et handicapée ne représente pas plus que le dégoût et la rancœur et les « tfeh » et les « tfou » d’une grande majorité de Libanais.

Bienvenus au point le plus bas. Ça y est, vous y êtes. La descente manigancée par nos irresponsables politiques se transcrit par une chute vertigineuse à un prix monstrueux, un voyage diabolique et chaotique à l’image de leur gouvernance avec des soubresauts mortels et l’atterrissage, rien à dire, pas de mots pour le décrire, l’un des plus apocalyptiques depuis Hiroshima et Nagasaki à l’image de leurs intentions pour ce pays avec des morts par centaines, des blessés par milliers et des destructions par milliards.

D’ici bas, point de plus bas. Nos cris et nos SOS ne sont pas partis dans les airs, ils se sont fait entendre, et de ce point infernal, un soulèvement beaucoup plus fort et beaucoup plus abouti est parfaitement réalisable. Une colline illuminée d’espoir par la lumière de la liberté et de l’humanité s’est dressée pour nous guider, et on n’a qu’à la remonter et le choix est le nôtre. Elle nous ouvre un chemin éclairé contrastant avec l’obscurité dans laquelle ils veulent nous garder et nous faire plonger encore et encore. Elle nous offre le bien contre le mal qui nous a été perpétré, elle nous offre la liberté contre le retour à l’esclavagisme des femmes, contre le retour aux pratiques moyenâgeuses de peur et d’asservissement, contre le retour aux pratiques dictatoriales et mafieuses de contrôle de la liberté individuelle et contre les pratiques clandestines de dilapidation de la fortune nationale.

L’escalade sera longue et pleine d’embûches et de frayeurs et de mensonges. Des bêtes féroces, des loups et des lynx, des vipères et des cerbères s’opposeront à notre sortie et à notre élévation et la base de tous nos maux, acharnée et sauvage, nous rattraperait et nous forcerait au retour à l’enfer.Mais notre Virgile, celui-là même qui ressemble à celui qui a guidé Dante de l’enfer jusqu’au purgatoire, cet homme que le destin nous a envoyé à nous, cet homme qui a entendu nos cris et nos peines plus qu’aucun autre de nos hommes politiques, cet homme qui est allé à la rencontre de nos concitoyens sinistrés avant nos politiciens et avec toute humilité a partagé leur détresse et l’a entendue, cet homme de la providence qui représente la raison et l’honnêteté et que notre classe politique craint, nous guidera et veillera sur nous et nous aidera à nous élever au-dessus du mal, au-dessus de tout le machiavélisme ambiant.

Ce Virgile est un messager portant un message impératif et magistral « 2oum ya cha3eb Lebnen ta n2oum ma3ak ». Et puis il y a eu cette phrase qui tient lieu de promesse et sur laquelle les Libanais basent leur espoir, une phrase qui résonne comme une perspective d’un bel avenir avec l’aide d’une puissance avec laquelle on partage les valeurs de liberté et d’honnêteté, une phrase suivie d’une accolade symbolique du soutien de ce Virgile au peuple Libanais dans sa totalité ; une phrase prononcée en anglais en réplique à la longue tirade d’une femme en colère : « – Your anger is the source of my optimism. » « – Votre colère est la source de mon optimisme. » Oui, M. le Président, le peuple libanais est en colère et vous êtes la source de son optimisme dans son avancée vers ses aspirations et sa vraie indépendance.

D’ici bas, plus de retour en arrière. Escalader cette pente lentement mais sûrement, aller vers la lumière, braver les obstacles superposés, récupérer nos infrastructures et restituer nos richesses matérielles et intellectuelles et gagner une nouvelle indépendance pour illuminer cette partie du monde qui sombre, pour faire rayonner notre belle culture qui est bien meilleure que les cultures médiévales archaïques importées qui nous font retomber dans l’inculture et dans l’incurie qui sont les leurs, pour finalement, non sans peine, arriver au purgatoire et là, une fois débarrassés de tous ces sanguinaires cannibales, notre foi invincible et imbattable dans notre pays bien-aimé prendra la relève et nous guidera vers un Liban paradisiaque.

Nos mamans ont crié de rage et pleuré de désespoir beaucoup, beaucoup trop et elles le font toujours tout autant. Mais à partir de ce fin fond, leurs cris sont des cris d’encouragement et leurs larmes sont des larmes de joie. Probablement, le chemin sera long et elles ne le continueront pas avec nous mais dans l’au-delà, elles seront plus paisibles pour leur pays, plus sereines pour leur progéniture et plus rassurées surtout pour leurs filles, qui, dans le beau futur qui se dessine, feront toujours partie de l’humanité au même titre que leurs garçons.

Et pour les plus jeunes, il faut continuer le chemin. « Contre le passé, y a rien à faire », et pour l’avenir, « le plus beau reste à faire ». Des mots d’encouragement de Daniel Balavoine.

À notre gloire ! Ce sera une comédie puisque la fin sera heureuse et elle sera divine car notre foi en notre pays l’emportera et le portera vers des sommets de félicité, de prospérité et de sérénité, le septième ciel ou quoi ! « Bhebbak ya Lebnan. »

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Bienvenue au fin fond de l’enfer. Nos responsables, qui nous guident, se sont démenés pour nous faire traverser les multiples cercles de l’enfer et ils ont mis tous leurs efforts pour nous emmener jusqu’au dernier d’entre eux, pour nous enterrer et enterrer avec nous tout un pays.La mission dont ils se sont chargés, dans l’obscurité de leurs cerveaux vidés de tout raisonnement et...

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