Rechercher
Rechercher

Moyen-Orient - Télécoms

Les start-up israéliennes à l’assaut des Émirats

Alors que les prochains mois Israël pourrait connaître un « déclin » des investissements, notamment étrangers, l’accord avec Abou Dhabi devient particulièrement intéressant.


Les start-up israéliennes à l’assaut des Émirats

Eugene Kandel, le CEO de « Start-Up Nation Central », à Tel-Aviv, le 9 septembre 2020. Emmanuel Dunand / AFP

À la minute où Israël et les Émirats ont annoncé leurs noces, Eugene Kandel a reçu des « dizaines d’invitations d’Émiratis sur LinkedIn ». Un mois après, le « patron » de la « start-up nation », ex-conseiller économique du Premier ministre Benjamin Netanyahu, s’envole vers Dubaï y vendre la tech israélienne, en jouant la carte de la minorité arabe d’Israël. Le temps, c’est de l’argent, dit-on. Et les entreprises israéliennes n’ont pas attendu la signature des accords de normalisation entre l’État hébreu, les Émirats arabes unis et Bahreïn, aujourd’hui à Washington et en présence du président américain Donald Trump, pour se rendre à Abou Dhabi et Dubaï avec en main leurs catalogues de produits tech israéliens. Après la visite de ténors du renseignement, de la sécurité et de hauts fonctionnaires, des entreprises israéliennes ont visité la semaine dernière les Émirats, suivies ce lundi d’une vingtaine d’autres acteurs de l’industrie.

La « Start-Up Nation Central », organisation de la tech israélienne, a vu ses investissements croître de 33 % au premier semestre, à 4,6 milliards de dollars selon une étude interne rendue publique lundi. Mais cette hausse en temps de pandémie ne signifie pas que tout est rose au royaume de la tech, car des contrats négociés l’an dernier ont été comptabilisés en 2020.

Dans les prochains mois, Israël pourrait connaître un « déclin » des investissements, notamment étrangers, dans ses start-up, indique M. Kandel. C’est là que l’accord avec les Émirats devient particulièrement intéressant.

Par le passé, les jeunes pousses israéliennes avaient tendance à bourgeonner au pays avant d’être rachetées par des sociétés étrangères ce qui a changé ces « cinq dernières années », note M. Kandel.

« Comme ces compagnies ont commencé à grossir, il a fallu de plus en plus de capitaux pour assurer leur croissance et nous pensons qu’il y a un potentiel pour que cette tendance se poursuive et que (l’argent) des Émirats remplace ces investissements » qui se retirent, dit-il. Israël et les Émirats évoquent des échanges dans les secteurs de l’agrotech, les deux pays cherchant l’autonomie alimentaire en plein désert, la Fintech – les technologies financières – la cybersécurité, un domaine qui peut aller selon ses détracteurs jusqu’à embrasser les logiciels espions. Selon le journal Haaretz, au cours des dernières années, la société israélienne NSO, dont le logiciel espion Pegasius permet de siphonner à distance les données de téléphones portables, a signé des contrats avec des puissances du Golfe, notamment avec l’émirat d’Abou Dhabi et le Bahreïn. Et c’est sans compter les potentiels investissements dans les technologies militaires, notamment les drones, missiles et systèmes antidrones et antimissiles, dont Israël est l’un des leaders mondiaux.

Arabes du futur

Israël se distingue dans ces secteurs notamment en raison du service militaire obligatoire et des unités d’élite servant d’incubateur aux start-up. Le service militaire n’est pas obligatoire pour les juifs ultraorthodoxes (10 % de la population) et les Arabes (20 % de la population), tous deux sous-représentés dans la tech. Mais depuis 15 ans, le nombre d’étudiants arabes a bondi de 200 % au Technion, le MIT israélien, notait récemment l’établissement. Le nombre de diplômés arabes israéliens a ainsi augmenté, sans toutefois qu’ils soient intégrés dans les start-up israéliennes.

Avec la normalisation avec des pays du Golfe, les entreprises israéliennes devront se tourner vers ces talents arabes, estime M. Kandel. « Nous pensons que les Arabes israéliens pourront agir comme des ponts culturels car d’un côté ils savent travailler avec la majorité juive (du pays) et de l’autre avec le monde arabe ». « Il y aura un besoin additionnel non seulement pour les développeurs informatiques mais aussi dans le marketing et la vente, les entreprises vont pouvoir envoyer un Israélien dans un pays arabe pour vendre ses produits directement et là vous avez besoin de personnes qui parlent la langue (arabe) », souligne-t-il.

L’entrepreneur israélien Erel Margalit, qui préside la société d’investissements JVP Margalit, spécialisée dans la cybersécurité, l’intelligence artificielle et la Fintech, doit se rendre prochainement avec une vingtaine d’entreprises aux Emirats. « Nous voulons investir dans de jeunes entrepreneurs arabes dynamiques et brillants », dit-il soulignant son intérêt à investir dans un pays qui cherche non seulement à « acheter des technologies, mais à innover » avec le projet d’ouvrir son propre « hub » de start-up à Dubaï. « C’est notre but, c’est notre rêve et cela servirait de passerelle à toute la région. »

Guillaume LAVALLÉE/AFP

À la minute où Israël et les Émirats ont annoncé leurs noces, Eugene Kandel a reçu des « dizaines d’invitations d’Émiratis sur LinkedIn ». Un mois après, le « patron » de la « start-up nation », ex-conseiller économique du Premier ministre Benjamin Netanyahu, s’envole vers Dubaï y vendre la tech israélienne, en jouant la carte de la minorité...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut