Le mouvement Amal, dirigé par le président de la Chambre Nabih Berry, et le courant Marada, dirigé par le leader chrétien Sleiman Frangié, ont tous deux dénoncé mercredi les sanctions qui ont visé la veille par le Trésor américain l'ancien ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, pilier du parti chiite, et l'ancien ministre des Travaux, Youssef Fenianos, affilié aux Marada.
Youssef Fenianos, ministre des Transports de 2016 à janvier 2020, et Ali Hassan Khalil, ministre des Finances de 2014 à janvier 2020, ont été soumis à des sanctions pour "corruption" et soutien au Hezbollah, que Washington considère comme une organisation terroriste. Dans un communiqué, le département du Trésor américain a indiqué que les deux ministres ont "fourni un soutien matériel au Hezbollah et se sont livrés à des actes de corruption". "Ces désignations soulignent la façon dont certains politiciens libanais ont conspiré avec le Hezbollah au détriment du peuple et des institutions du Liban", peut-on lire dans le texte. Pour les deux ex-ministres, les sanctions signifient que leurs éventuels avoirs aux Etats-Unis seront gelés et l'accès au système financier américain leur est bloqué.
Réagissant à cette décision, le président de la République, Michel Aoun, a demandé mercredi au ministre sortant des Affaires étrangères, Charbel Wehbé, de contacter l'ambassade des Etats-Unis à Beyrouth ainsi que l'ambassade du Liban à Washington et de se renseigner sur les circonstances qui ont abouti à la décision du Trésor américain.
"Ligne de défense du Liban"
Mercredi matin, le mouvement Amal a tenu une réunion urgente pour se pencher sur la décision américaine. Les sanctions contre Ali Hassan Khalil "ne visent pas seulement une personne qui a travaillé de manière temporaire comme ministre, a affirmé le parti de Nabih Berry à l'issue de cette réunion. Il s'agit en réalité d'une façon de cibler le Liban et sa souveraineté". Le mouvement Amal a souligné être également visé par ces sanctions, alors qu'il représente une "ligne de défense du Liban, de son unité et de son arabité".
Le mouvement a toutefois souligné que cette décision américaine "n'impactera absolument pas ses convictions ni ses valeurs nationales". La formation chiite a encore critiqué "le timing" choisi pour ces sanctions, alors que les responsables sont en pleines tractations pour former un gouvernement, un mois après la démission du cabinet de Hassane Diab et une semaine après la nomination à la tête de la future équipe ministérielle de l'ancien ambassadeur Moustapha Adib. "Vous vous trompez de cible, de timing et de lieu. Mais nous avons reçu le message", ajoute le texte du communiqué.
"Le communiqué du mouvement Amal suffit", s'est pour sa part contenté de commenter l'intéressé, Ali Hassan Khalil, sur la chaîne MTV. Dans la matinée, le député Kassem Hachem, membre du bloc parlementaire d'Amal, a estimé de son côté que la "rapidité" avec laquelle les sanctions ont été imposées par Washington serait due au fait que les Américains "ont été embêtés" par les réunions menées par le président français, Emmanuel Macron, avec "toutes les composantes" de la politique libanaise. Il a souligné que le timing de ces sanctions "sert la politique" américaine et qu'il s'attendait à des décisions similaires, visant d'autres responsables, "dans les prochaines semaines".
"Décision politique"
"La décision prise par le Trésor américain contre (l'ancien) ministre Youssef Fenianos est politique et le sanctionne pour ses prises de position, ses convictions et la position qu'il occupe", a de son côté affirmé M. Frangié, leader chrétien de Zghorta, dans un communiqué publié dans l'après-midi. "En tant que mouvement Marada, nous n'avons jamais eu honte de nos prises de position, au contraire, nous en sommes fiers car nous croyons en notre terre, notre souveraineté et notre identité. C'est pourquoi nous considérons la décision (du Trésor américain, NDLR) comme étant politique, ce qui nous renforce dans notre politique", a conclu Sleiman Frangié.
Le Hezbollah a également condamné les sanctions US. "D'abord, sur le plan moral, on voit que cette décision injuste est une médaille d'honneur pour les deux chers amis et pour tous ceux que l'administration américaine accuse d'être des résistants ou de soutenir la résistance", peut-on lire dans le communiqué du parti chiite. "Deuxièmement, l’administration américaine est une autorité terroriste qui répand le chaos et la destruction dans le monde entier et qui est le principal parrain du terrorisme sioniste et tafkiriste dans notre région. Elle n’a pas le droit de qualifier les gens honnêtes et les résistants de terroristes, et tout ce qui sort de cette administration est condamné et rejeté", poursuit le parti chiite. "Troisièmement, cette politique de sanctions américaines ne pourra pas atteindre ses objectifs au Liban et ne pourra contraindre les Libanais à renoncer à leurs droits nationaux souverains. Au contraire, elle augmentera leur attachement à leur libre décision, à leur dignité nationale et à leur pleine souveraineté", conclut le Hezbollah, avant de dire qu'il est solidaire des deux anciens ministres sanctionnés.
Le Conseil supérieur chiite a lui aussi dénoncé les sanctions américaines, affirmant qu'il s'agit "d'une décision politique injuste qui porte atteinte à la souveraineté libanaise, défie la volonté du peuple libanais et des forces politiques et contredit les valeurs démocratiques". Le Conseil a aussi souligné "le droit du peuple libanais à résister face à l'armée israélienne et à défendre ses frontières terrestres et maritimes". Il a enfin dit "soutenir le président de la Chambre Nabih Berry" et a appelé le Trésor américain "à revenir sur sa décision qui aura de graves conséquences".
Frontières maritimes
En outre, Amal évoque dans son communiqué la question de la délimitation des frontières terrestres et maritimes avec Israël, sur fond de litige autour de l'exploitation de ressources en hydrocarbures. "Nous réclamons l'intégralité de nos droits et nos frontières terrestres et maritimes et nous ne ferons aucun compromis, malgré toutes les sanctions et les pressions, d'où qu'elles viennent. Et par souci de vérité, l'accord sur la délimitation des frontières maritimes au Liban-Sud a été achevé avec les Etats-Unis qui l'ont validé en date du 9 juillet 2020 mais qui refusent jusqu'à présent de le dévoiler, sans aucune excuse valable", conclut le communiqué d'Amal.
Le secrétaire adjoint américain pour les Affaires au Proche-Orient, David Schenker, a déclaré mardi espérer signer dans les semaines à venir un accord-cadre entre le Liban et Israël pour débuter les discussions sur leurs frontières maritimes contestées. En 2018, le Liban avait signé un premier contrat de forage de pétrole et de gaz dans ses eaux territoriales, notamment dans une zone contestée par son voisin méridional Israël, avec qui il est toujours techniquement en guerre. Le gouvernement israélien a déclaré en mai 2019 qu'il avait donné son accord pour débuter des discussions avec le Liban par l'entremise des Etats-Unis afin de résoudre le conflit sur leurs frontières maritimes.
PROBABLEMENT BERRY ET SES HOMMES SONT BOURRÉS PAR LES DOLLARS US EN CASH. SANCTION OU SANCTIONS, EUX ILS TIENNENT LE COUP À VIE. AUCUN "JUGE" LEUR A DEMANDÉ D'OÙ VIENNENT CES FORTUNES ?????? SACRÉS JUGES LIBANAIS.
00 h 03, le 10 septembre 2020