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Politique - Etats-Unis

Pour Amal, les sanctions US ciblent le Liban, Frangié dénonce une décision "politique"

La politique de sanctions US ne pourra pas atteindre ses objectifs au Liban, affirme le Hezbollah.

Pour Amal, les sanctions US ciblent le Liban, Frangié dénonce une décision

Ali Hassan Khalil (g) et Nabih Berry en avril 2008. Photo d'archives AFP / Louai Beshara

Le mouvement Amal, dirigé par le président de la Chambre Nabih Berry, et le courant Marada, dirigé par le leader chrétien Sleiman Frangié, ont tous deux dénoncé mercredi les sanctions qui ont visé la veille par le Trésor américain l'ancien ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, pilier du parti chiite, et l'ancien ministre des Travaux, Youssef Fenianos, affilié aux Marada.

Youssef Fenianos, ministre des Transports de 2016 à janvier 2020, et Ali Hassan Khalil, ministre des Finances de 2014 à janvier 2020, ont été soumis à des sanctions pour "corruption" et soutien au Hezbollah, que Washington considère comme une organisation terroriste. Dans un communiqué, le département du Trésor américain a indiqué que les deux ministres ont "fourni un soutien matériel au Hezbollah et se sont livrés à des actes de corruption". "Ces désignations soulignent la façon dont certains politiciens libanais ont conspiré avec le Hezbollah au détriment du peuple et des institutions du Liban", peut-on lire dans le texte. Pour les deux ex-ministres, les sanctions signifient que leurs éventuels avoirs aux Etats-Unis seront gelés et l'accès au système financier américain leur est bloqué.

Réagissant à cette décision, le président de la République, Michel Aoun, a demandé mercredi au ministre sortant des Affaires étrangères, Charbel Wehbé, de contacter l'ambassade des Etats-Unis à Beyrouth ainsi que l'ambassade du Liban à Washington et de se renseigner sur les circonstances qui ont abouti à la décision du Trésor américain.

"Ligne de défense du Liban"
Mercredi matin, le mouvement Amal a tenu une réunion urgente pour se pencher sur la décision américaine. Les sanctions contre Ali Hassan Khalil "ne visent pas seulement une personne qui a travaillé de manière temporaire comme ministre, a affirmé le parti de Nabih Berry à l'issue de cette réunion. Il s'agit en réalité d'une façon de cibler le Liban et sa souveraineté". Le mouvement Amal a souligné être également visé par ces sanctions, alors qu'il représente une "ligne de défense du Liban, de son unité et de son arabité". 

Le mouvement a toutefois souligné que cette décision américaine "n'impactera absolument pas ses convictions ni ses valeurs nationales". La formation chiite a encore critiqué "le timing" choisi pour ces sanctions, alors que les responsables sont en pleines tractations pour former un gouvernement, un mois après la démission du cabinet de Hassane Diab et une semaine après la nomination à la tête de la future équipe ministérielle de l'ancien ambassadeur Moustapha Adib. "Vous vous trompez de cible, de timing et de lieu. Mais nous avons reçu le message", ajoute le texte du communiqué.

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"Le communiqué du mouvement Amal suffit", s'est pour sa part contenté de commenter l'intéressé, Ali Hassan Khalil, sur la chaîne MTV. Dans la matinée, le député Kassem Hachem, membre du bloc parlementaire d'Amal, a estimé de son côté que la "rapidité" avec laquelle les sanctions ont été imposées par Washington serait due au fait que les Américains "ont été embêtés" par les réunions menées par le président français, Emmanuel Macron, avec "toutes les composantes" de la politique libanaise. Il a souligné que le timing de ces sanctions "sert la politique" américaine et qu'il s'attendait à des décisions similaires, visant d'autres responsables, "dans les prochaines semaines".

"Décision politique"
"La décision prise par le Trésor américain contre (l'ancien) ministre Youssef Fenianos est politique et le sanctionne pour ses prises de position, ses convictions et la position qu'il occupe", a de son côté affirmé M. Frangié, leader chrétien de Zghorta, dans un communiqué publié dans l'après-midi. "En tant que mouvement Marada, nous n'avons jamais eu honte de nos prises de position, au contraire, nous en sommes fiers car nous croyons en notre terre, notre souveraineté et notre identité. C'est pourquoi nous considérons la décision (du Trésor américain, NDLR) comme étant politique, ce qui nous renforce dans notre politique", a conclu Sleiman Frangié.

Le Hezbollah a également condamné les sanctions US. "D'abord, sur le plan moral, on voit que cette décision injuste est une médaille d'honneur pour les deux chers amis et pour tous ceux que l'administration américaine accuse d'être des résistants ou de soutenir la résistance", peut-on lire dans le communiqué du parti chiite. "Deuxièmement, l’administration américaine est une autorité terroriste qui répand le chaos et la destruction dans le monde entier et qui est le principal parrain du terrorisme sioniste et tafkiriste dans notre région. Elle n’a pas le droit de qualifier les gens honnêtes et les résistants de terroristes, et tout ce qui sort de cette administration est condamné et rejeté", poursuit le parti chiite. "Troisièmement, cette politique de sanctions américaines ne pourra pas atteindre ses objectifs au Liban et ne pourra contraindre les Libanais à renoncer à leurs droits nationaux souverains. Au contraire, elle augmentera leur attachement à leur libre décision, à leur dignité nationale et à leur pleine souveraineté", conclut le Hezbollah, avant de dire qu'il est solidaire des deux anciens ministres sanctionnés.

Le Conseil supérieur chiite a lui aussi dénoncé les sanctions américaines, affirmant qu'il s'agit "d'une décision politique injuste qui porte atteinte à la souveraineté libanaise, défie la volonté du peuple libanais et des forces politiques et contredit les valeurs démocratiques".  Le Conseil a aussi souligné "le droit du peuple libanais à résister face à l'armée israélienne et à défendre ses frontières terrestres et maritimes". Il a enfin dit "soutenir le président de la Chambre Nabih Berry" et a appelé le Trésor américain "à revenir sur sa décision qui aura de graves conséquences".

Frontières maritimes
En outre, Amal évoque dans son communiqué la question de la délimitation des frontières terrestres et maritimes avec Israël, sur fond de litige autour de l'exploitation de ressources en hydrocarbures. "Nous réclamons l'intégralité de nos droits et nos frontières terrestres et maritimes et nous ne ferons aucun compromis, malgré toutes les sanctions et les pressions, d'où qu'elles viennent. Et par souci de vérité, l'accord sur la délimitation des frontières maritimes au Liban-Sud a été achevé avec les Etats-Unis qui l'ont validé en date du 9 juillet 2020 mais qui refusent jusqu'à présent de le dévoiler, sans aucune excuse valable", conclut le communiqué d'Amal.

Le secrétaire adjoint américain pour les Affaires au Proche-Orient, David Schenker, a déclaré mardi espérer signer dans les semaines à venir un accord-cadre entre le Liban et Israël pour débuter les discussions sur leurs frontières maritimes contestées. En 2018, le Liban avait signé un premier contrat de forage de pétrole et de gaz dans ses eaux territoriales, notamment dans une zone contestée par son voisin méridional Israël, avec qui il est toujours techniquement en guerre. Le gouvernement israélien a déclaré en mai 2019 qu'il avait donné son accord pour débuter des discussions avec le Liban par l'entremise des Etats-Unis afin de résoudre le conflit sur leurs frontières maritimes.

Le mouvement Amal, dirigé par le président de la Chambre Nabih Berry, et le courant Marada, dirigé par le leader chrétien Sleiman Frangié, ont tous deux dénoncé mercredi les sanctions qui ont visé la veille par le Trésor américain l'ancien ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, pilier du parti chiite, et l'ancien ministre des Travaux, Youssef Fenianos, affilié aux...

commentaires (21)

PROBABLEMENT BERRY ET SES HOMMES SONT BOURRÉS PAR LES DOLLARS US EN CASH. SANCTION OU SANCTIONS, EUX ILS TIENNENT LE COUP À VIE. AUCUN "JUGE" LEUR A DEMANDÉ D'OÙ VIENNENT CES FORTUNES ?????? SACRÉS JUGES LIBANAIS.

Gebran Eid

00 h 03, le 10 septembre 2020

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Commentaires (21)

  • PROBABLEMENT BERRY ET SES HOMMES SONT BOURRÉS PAR LES DOLLARS US EN CASH. SANCTION OU SANCTIONS, EUX ILS TIENNENT LE COUP À VIE. AUCUN "JUGE" LEUR A DEMANDÉ D'OÙ VIENNENT CES FORTUNES ?????? SACRÉS JUGES LIBANAIS.

    Gebran Eid

    00 h 03, le 10 septembre 2020

  • Ces sanctions ne touchent pas le Liban Monsieur Amal ! Elles touchent des voleurs, des intriguants sans scrupules, et de plus qui n’ont rien à voir ni avec le Liban , ni la libanité. ! Votre tour, corbeau perché arrive, ne soyez pas impatient !

    LeRougeEtLeNoir

    23 h 49, le 09 septembre 2020

  • Mr. Ali Hassan Khalil has built a 10 million house while over 50% of Lebanese are going hungry and cannot afford basic necessities. He’s been the minister of finance for many years. How could he afford this house?

    Mireille Kang

    22 h 52, le 09 septembre 2020

  • Des preuves ont été citées :Pourcentage des contrats, détournements de fonds.. Loin de la politique.

    Esber

    22 h 11, le 09 septembre 2020

  • "... Réagissant à cette décision, le président de la République, Michel Aoun, a demandé mercredi au ministre sortant des Affaires étrangères, Charbel Wehbé, de contacter l'ambassade des Etats-Unis à Beyrouth ainsi que l'ambassade du Liban à Washington et de se renseigner sur les circonstances qui ont abouti à la décision du Trésor américain. ..." -.- En cas de réponse tardive ou non satisfaisante, le président de la République se réserve le droit de prendre à l’encontre de membres de l’administration américaine des sanctions similaires, à savoir qu’il leur sera interdit d’utiliser le système bancaire Libanais... Haaaa ha ha ha ha haaaa! Ha ha ha! Ha ha ! Ha! Haaaa!

    Gros Gnon

    21 h 14, le 09 septembre 2020

  • "... les sanctions signifient que leurs éventuels avoirs aux Etats-Unis seront gelés et l'accès au système financier américain leur est bloqué ..." -.- Oui, enfin, ça va quand même plus loin que ça. La Banque Du Liban, conformément aux accords internationaux auquels le Liban adhère, interdit à toute institution financière (banque, compagnies d’assurances, etc.), de traiter avec ces individus sous peine de se voir elles mêmes sanctionnées. De plus, celles-ci sont obligées de signaler à la Commission Spéciale d’Investigation (SIC) tout l’historique des transactions avec ces individus. Ce n’est pas une mince affaire. Et à propos, ça couvre aussi leurs proches, leurs associés, et toute personne avec qui ils sont ou ont été en relations d’affaires...

    Gros Gnon

    21 h 10, le 09 septembre 2020

  • Nos jeunes-cadres-dynamiques-LooooL.

    Christine KHALIL

    20 h 53, le 09 septembre 2020

  • Après les gâte-sauce, nous en sommes aux seconds couteaux. Bientôt le tour des chefs. Bassil doit attendre son tour avec impatience !

    Yves Prevost

    19 h 14, le 09 septembre 2020

  • Amal ne represente ni la souverainte ni les Libanais.

    EL KHALIL ABDALLAH

    19 h 07, le 09 septembre 2020

  • M. Berry ( Ali Baba ) l'Amérique a raison sur votre compte et autre aussi

    Eleni Caridopoulou

    18 h 41, le 09 septembre 2020

  • Berry et Franjieh peuvent dire ce qu'ils veulent, il n'en reste pas moins que leurs mouvements ont été humiliés par ces sanctions qui vont servir d'avertissement à d'autres responsables corrompus dont les principaux chefs et membres du Courant Patriotique Libre de Aoun et Bassil et du Hezbollah, voire du Courant du Futur, entre autres.

    Tony BASSILA

    18 h 25, le 09 septembre 2020

  • Il est assez amusant d'observer que les deux partis politiques ne répondent pas directement aux accusations de corruption, ni aux détournements. Amusant? A vrai dire habituel. Par ailleurs, je souhaiterais préciser à M. Berri que je suis fier de ne pas partager ses valeurs, ni celles d'ailleurs des bons samaritains qui le soutiennent dans les charmants quartiers touristiques de notre pays. Pour ce qui est de la fibre patriotique de M. Frangie, s'agit-il de celle reliée à la grande sœur ou bien l'amnésie a-t-elle eu raison de lui?

    Georges Olivier

    17 h 29, le 09 septembre 2020

  • Pourquoi cibler des pions ? ça n'a aucun sens et ne fait que donner du temps aux gros poissons pour qu'ils prennent leurs dispositions . Il faut couper la tète du serpent !!!

    Elie H

    17 h 07, le 09 septembre 2020

  • Non messieurs, ça ne cible pas le Liban et ce n'est pas politique...au moins les USA peuvent nommé le corrompu sans aucun risque...et au plaisir de voir beaucoup d'autres nommés!!

    Wlek Sanferlou

    17 h 04, le 09 septembre 2020

  • La souveraineté du Liban, on croit rêver ... Monsieur vous qui êtes accroché à votre poste, indélogeable vous qui permettez la présence d'un état dans l'état, le votre avec vos milices du parlement et celui de vos acolytes barbus, s'il vous plait ne parlez pas de souveraineté vous qui avez aussi vendu le Liban à la Syrie et à l'Iran. Et votre ami sanctionné, ce qui est regrettable c'est que vous ne soyez pas en tête de liste des sanctions cela aurait été plus profitable pour nous ... j'espère que votre tours viendra comme tous vos amis.

    Zeidan

    16 h 26, le 09 septembre 2020

  • Les sanctions contre Ali Hassan Khalil " visent une personne qui a travaillé de manière temporaire comme ministre ....de Février 2014 jusqu'au 29 octobre 2019 !!! Ce qui lui a laissé amplement le temps, en tant que ministre des finances, d'utiliser son poste de ministre des Finances pour tenter d'assouplir les restrictions financières à l'encontre du hezbollah , faciliter les transferts d’argent et de faire porter sur la déclaration en douane cn23 à la place de matériels électroniques du sable !!!

    C…

    16 h 18, le 09 septembre 2020

  • Votre tour viendra Mr Berry. Ses sanctions ne visent pas la souveraineté du Liban mais elles visent toutes les personnes qui ont volé le pays au détriment du peuple et des valeurs nationales. Amal comme tous les partis politiques au Liban ne sont pas au service du pays ni même au service de leurs communautés. Vous formez tous des partis politiques que pour vos services et intérêts personnels. Vous avez tous trahi le peuple.

    Achkar Carlos

    15 h 49, le 09 septembre 2020

  • Depuis quand le parti amal représente le Liban, chacun ouvre une boutique a son compte et prétend représenter le Liban. Le mouvement amal a dit : qu'il représente une "ligne de défense du Liban, de son unité et de son arabité, ainsi que de notre droit à défendre nos valeurs, nos droits et nos frontières" Franchement quelles valeurs ils défendent ? celle de kidnapper, voler, piller voire de tuer et, rester au-dessus des lois maintes fois bafouées ? Je trouve que Mr Berry ne manque pas de souffle en affirmant des contres vérités. Ils sont pris la main dans le sac et ça les déplaît lol c’était prévisible …

    Le Point du Jour.

    15 h 30, le 09 septembre 2020

  • Non Monsieur Berri, ce n’est pas la souveraineté du Liban qui est ciblée mais les vrais voleurs magouilleurs et j’en passe... D’ailleurs, quelle indécence d’associer la souveraineté du Liban à un sous fifre d’un parti que ça soit Amal ou n’importe quel autre parti. J’espère que beaucoup d’autres soient ciblés...Je pense au trio décideur et tous ceux qui gravitent dans son giron.

    mokpo

    15 h 21, le 09 septembre 2020

  • Quelle souveraineté? Il faut avoir du culot ou être complètement en transe pour percevoir l'ombre d'un Liban souverain. Je pencherai pour de la mauvaise foi; c'est pathétique

    GAF

    15 h 05, le 09 septembre 2020

  • le mouvement Amal a souligné... "... notre droit à défendre nos valeurs, nos droits et nos frontières". Valeurs : tribales. Droits : usurpés par la force des armes. Frontières : les confins de l'iran peut-être, sûrement pas les frontières libanaises.

    Desperados

    14 h 56, le 09 septembre 2020

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