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Culture - Concert

Le chant consolateur de Abeer Nehmé pour Beyrouth meurtrie et endeuillée

Le mardi 8 septembre 2020 à 18h7, heure précise de la funeste explosion du 4 août, la chanteuse, avec le concours du chœur de l’Université antonine, donnera un récital à l’église Saint-Maron à Gemmayzé sous les auspices du festival Beirut Chants. Par-delà la douleur d’une tragédie immense pointe une note d’espoir...

Le chant consolateur de Abeer Nehmé pour Beyrouth meurtrie et endeuillée

Abeer Nehmé : « Ma demeure, c’est la musique. C’est là que j’habite… » Photo DR

Elle a chanté au Vatican pour la canonisation de saint Hardini et sainte Rafqa tout comme elle a levé des fonds pour les enfants réfugiés de l’Irak et de la Syrie. Le joyeux film Bosta de Philippe Aractingi porte son empreinte pour sa bande musicale… Aujourd’hui, Abeer Nehmé est à côté de tous ces rescapés des horreurs subies dans une ville livrée à l’esprit du mal, de l’inacceptable indifférence et l’impudente imprévoyance. Devant ce délaissement collectif où le citoyen libanais est impitoyablement jeté à son sort, la battante pour les causes humaines oppose la beauté, la tendresse, la force cicatrisante du chant ainsi que son pouvoir rassembleur. Elle donne ainsi un récital le mardi 8 septembre 2020 à 18h7, heure précise de la funeste explosion du 4 août au port de Beyrouth, avec le concours du chœur de l’Université antonine, à l’église Saint-Maron, endommagée, à Gemmayzé, sous les auspices du festival Beirut Chants.

Face à la mer où se dresse ce silo déchiqueté, cet indescriptible et effarant paysage de ruines fumantes et de désolation, une église recueillie mais en état de délabrement lance une mélodie de consolation, de geste humain, d’effusion fraternelle, de prière, d’acte de foi, d’élévation vers un ciel où la miséricorde et la solidarité sont possibles…

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Comme son prénom l’indique, Abeer en langue arabe est l’arôme des fleurs. Elle mêle ces images à celle de la musique, amie et consolatrice des hommes qui rêvent surtout d’un avenir meilleur. D’ailleurs la chanteuse, fille de Tannourine, avait déclaré un jour : « La musique et moi, on ne fait qu’un ! Ma demeure, c’est la musique. C’est là que j’habite… »

La chanteuse et musicologue à la voix ample et ductile allie aussi bien la spiritualité la plus éthérée aux tarab et keif les plus émoustillants. Elle sait manier aussi bien les langues arabe que syriaque ou araméenne, et épouse les rythmes syncopés du jazz oriental tout en caressant d’une main experte les cordes d’un quanoun dont elle pince avec tendresse ou véhémence les cordes. Elle rejoint en ce tour de chant, minuté au souvenir du drame de Beyrouth, toutes les personnes – et elles sont innombrables – qui n’ont plus de maison, plus de toit, plus de fenêtres, plus de murs. Et dont personne dans cet État de défaillance et de démission ne se soucie, à qui personne ne tend la main…

Sur ce soir de recueillement douloureux avec la volonté de dépasser l’épreuve, la chanteuse tient ces propos : « Il m’est difficile de chanter en ce moment tant la douleur et la déception sont grandes. Et tant mon dégoût et écœurement des gens au pouvoir sont insurmontables. J’espère avoir la force et être prête à dire la vérité. De même, j’espère que ma voix sortira de mon gosier pour communier et prier avec mes concitoyens laminés… Pour conter avec la musique notre histoire, nos moments de joie d’antan. Et tenter de conjurer tant de malheurs, de détresse, de mutilations, de décombres. Faire passer un message et une énergie. »

Abeer Nehmé : « Ma demeure, c’est la musique. C’est là que j’habite… » Photo DR

La musique et le chant, bâtisseurs de ponts

Autour d’elle, le chœur de l’Université antonine, mais aussi un trio de musiciens : Marc Abou Naoum au piano, Mario Raï au violon et Nadim Rouhana à l’accordéon. Au programme : un bouquet de chansons du répertoire arabe connu avec, en plus, l’Ave Maria de Caccini. « Chanter à l’heure de cette innommable déflagration où toute la vie des Beyrouthins a basculé et changé, ce point noir dans l’histoire du Liban marqué à jamais dans les mémoires, devient un moment de défi et de combat, un moment en lui-même solennel, grave, glaçant. Il faut transformer tout cela en un acte de foi, de prière, de résilience, de communion, d’amour. Car même si nous sommes fatigués de reconstruire à chaque fois, la voix de Dieu nous dit qu’après la mort, il y a la résurrection », dit la chanteuse.

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Un concert singulier, particulier, dans une église lourdement endommagée, sans public ni audience – la pandémie du Covid-19 impose de telles mesures sécuritaires et sanitaires. Néanmoins, les auditeurs pourront suivre l’événement en direct sur la chaîne MTV et les réseaux sociaux du festival Beirut Chants.

La voix séraphique de Abeer Nehmé résonnera dans tous les quartiers, les rues et les ruelles aux bâtisses dévastées où s’est abattue cette impensable et monstrueuse tornade engendrée par des hommes de mauvaise volonté…

Quand la douceur et la gravité de la voix humaine deviennent source de compréhension, de stimulation des liens sociaux contre les tombereaux d’insultes proférées à l’encontre de gouvernants corrompus et absents…

Quand la musique et le chant deviennent bâtisseurs de ponts et ultimes soutiens et alliés des blessés du cœur et de l’âme à qui toute dignité et équité sont refusées...

Elle a chanté au Vatican pour la canonisation de saint Hardini et sainte Rafqa tout comme elle a levé des fonds pour les enfants réfugiés de l’Irak et de la Syrie. Le joyeux film Bosta de Philippe Aractingi porte son empreinte pour sa bande musicale… Aujourd’hui, Abeer Nehmé est à côté de tous ces rescapés des horreurs subies dans une ville livrée à l’esprit du mal, de...

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J,AIME SA VOIX. ELLE A UN GRAND AVENIR.

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 15, le 05 septembre 2020

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  • J,AIME SA VOIX. ELLE A UN GRAND AVENIR.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 15, le 05 septembre 2020

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