La menace de sanctions, timidement brandie par Emmanuel Macron lors de sa première visite deux jours après l’explosion du 4 août, pourrait servir d’ultime recours si les reformes n’avançaient pas et que certains responsables libanais s’avéraient impliqués dans des affaires de corruption ou de terrorisme. C’est ce qu’a affirmé hier en soirée le chef de l’État français, démentant certaines informations de presse qui assuraient que les sanctions étaient déjà prêtes.
Ayant décidé de relever le difficile pari de sauver le Liban de son naufrage et surtout de forcer une classe politique récalcitrante à engager les réformes requises, Emmanuel Macron ne lésinera pas cependant à recourir à des moyens persuasifs pour les inciter à agir. Il a assuré que si d’ici à quelques semaines, les engagements n’étaient pas respectés, le Liban risquerait de ne recevoir aucune aide financière internationale, seul recours pour mettre fin à la crise. « C’est la dernière chance pour le système (libanais) », a déclaré le chef de l’Élysée dans des propos rapportés hier par le site Politico. « C’est un pari risqué que je tente, j’en suis conscient. Je mets sur la table la seule chose que j’ai : mon capital politique », a-t-il poursuivi.
Dans cette interview, il affirme que les trois mois à venir seront « cruciaux » pour qu’un véritable changement intervienne au Liban.
Dans le cas contraire, ajoute-t-il, il se dit prêt à « changer d’approche et à soutenir des mesures punitives », allant d’un gel du plan international d’assistance financière au Liban à des sanctions contre la classe dirigeante, précise encore le média.
S’agissant des sanctions, le chef de l’Élysée a tenu à préciser qu’elles ne seraient appliquées que dans le cas où des responsables politiques auraient trempé dans des affaires de corruption ou à caractère terroriste, laissant entendre que ces moyens ultimes ne sont pas la priorité pour le moment. « On n’enclenche pas des sanctions parce que des gens ne prennent pas leurs responsabilités politiques », a affirmé M. Macron.
Une telle politique de sanctions nécessiterait une base légale, qui n’est pas encore définie du côté français. Les États-Unis sont pour leur part plus offensifs sur ce terrain et bénéficient déjà d’une batterie imposante de sanctions dans les cas de terrorisme et de corruption.
« Ce n’est un secret pour personne que les États-Unis envisagent d’imposer des sanctions à l’encontre de certains Libanais en vertu de la loi Magnitski (Magnitski Act) », avait affirmé en février dernier le secrétaire d’État adjoint pour les Affaires du Proche-Orient, David Schenker, qui arrive aujourd’hui même à Beyrouth au moment où le président français est censé quitter le sol libanais.
M. Schenker annonçait à l’époque, conjointement avec le secrétaire adjoint américain au Trésor pour la Lutte contre le financement du terrorisme, Marshall Billingslea, un nouveau train de sanctions à l’encontre de membres du Hezbollah, avant de souligner que les membres du parti chiite ne seront plus les seuls visés. « La corruption et la résistance à la réforme ne sont pas une spécialité du Hezbollah. D’autres groupes au sein des différentes communautés et partis politiques s’opposent aux réformes (dans le pays) et se livrent à des actes de corruption », avait ajouté M. Schenker.
Mécanisme de suivi
Le président français est, quant à lui, revenu hier à la charge pour fixer une nouvelle fois une date butoir aux responsables et manier la stratégie de la menace voilée. Il y aura ainsi « un mécanisme de suivi » aux discussions qu’il mène avec les responsables politiques « en octobre, puis en décembre », a-t-il assuré. « Je reviendrai en décembre », a précisé M. Macron.
« On ne libérera pas l’argent du programme CEDRE », la conférence de soutien au Liban parrainée par Paris en avril 2018, « tant que ces réformes ne sont pas enclenchées sur le calendrier qui a été prévu », a encore prévenu le chef de l’Élysée, en assurant qu’il allait « mettre le poids pour que ces réformes passent par un engagement des forces politiques ».
Si les engagements pris par les responsables libanais concernant les réformes ne sont pas tenus et respectés, Emmanuel Macron a promis de revenir au Liban pour en rendre compte devant le peuple libanais.
« Cette feuille de route devra travailler sur la gestion des suites de l’explosion, du soutien à la population et la reconstruction du port, les réformes de l’électricité, le contrôle de capitaux, la gouvernance juridique et financière, la lutte contre la corruption et la contrebande, la réforme des marchés publics », a-t-il précisé.
A bon entendeur salut . Soyez bien sages cette fois chers politiciens sinon de mauvaises surprises vous attendent .
19 h 27, le 02 septembre 2020