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Politique - Liban

Un nouveau gouvernement dans les 15 jours, affirme Macron

"Ce n'est pas une carte blanche ou un chèque en blanc qui est donné, mais une exigence avec un rendez-vous dans six à huit semaines", a lancé le président français lors d'une conférence de presse après avoir rencontré l'ensemble des acteurs politiques libanais.

Un nouveau gouvernement dans les 15 jours, affirme Macron

Le président français, Emmanuel Macron, lors d'une conférence de presse, mardi 1er septembre 2020, à Beyrouth. AFP / POOL / GONZALO FUENTES

L'ensemble des forces politiques libanaises se sont engagées à former un gouvernement dans les 15 jours, a annoncé mardi soir le président français, Emmanuel Macron, lors d'une conférence de presse au terme de sa visite à Beyrouth. Il a ajouté que le gouvernement rassemblerait des personnalités "compétentes" et serait formé "comme un collectif indépendant qui aura le soutien de tous les formations politiques".

Le nouveau Premier ministre, Moustapha Adib, nommé quelques heures avant l'arrivée de M. Macron lundi, doit entamer mercredi les consultations parlementaires pour la formation de son équipe. Le président français a rappelé que "la moyenne ces dernières années" pour la formation des gouvernements au Liban était "entre 5 et 11 mois" en raison des divergences politiques. M. Macron a assuré que M. Adib, un ambassadeur relativement inconnu jusque là, avait "sur le plan politique un soutien massif des forces politiques, même s'il n'est pas unanime". "Cette légitimité, il ne peut l'obtenir qu'en formant rapidement un gouvernement de mission fait de professionnels, une équipe la plus solide possible", a-t-il ajouté, en réponse à une question.

"Un accord a été acté ce soir"
"Je ne suis pas venu ici pour prendre acte d'un accord entre les partis libanais ou pour adouber, accepter ou donner une reconnaissance à quoi que ce soit. Ce n'est pas le rôle de la France. Je suis volontaire et lucide sur les difficultés autant que sur ce que vous pouvez réussir", a lancé M. Macron lors de la conférence de presse après des entretiens avec les principales formations politiques à la résidence des Pins. Revenant sur les avancées politiques attendues du Liban, Emmanuel Macron a affirmé que "des premiers pas ont été faits et doivent être suivis de solutions concrètes". 

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Dans ce cadre, "dans les tous prochains jours un gouvernement doit être formé". Il a rapporté que, lors de ses rencontres politiques, les forces politiques et les présidents de la République, Michel Aoun, et du Parlement, Nabih Berry, se sont engagés à ce que ce gouvernement soit formé "dans les prochains jours", comprenant des personnalités indépendantes et compétentes et que ce cabinet "aurait le soutien de toutes les formations politiques". "Toutes les parties se sont engagées à ce que la formation de ce gouvernement ne prenne pas plus de quinze jours", a-t-il assuré. Et M. Macron de souligner l'importance de l'engagement des formations politiques à la feuille de route que devra mettre en application le futur gouvernement. "Cette feuille de route devra travailler sur la gestion des suites de l'explosion, du soutien à la population et la reconstruction du port, les réformes de l'électricité, le contrôles de capitaux, la gouvernance juridique et financière, la lutte contre la corruption et la contrebande, la réforme des marchés publics", a-t-il précisé. "Sur tous ces points, l'accord de tous les groupes politiques a été acté ce soir", a déclaré Emmanuel Macron, soulignant que les forces politiques devaient maintenant s'entendre sur "les modalités" de mise en œuvre de cette feuille de route. Il a encore affirmé que certaines forces étaient même "prêtes à en faire plus".

Rendez-vous dans six à huit semaines
Il a dans ce contexte dit souhaiter organiser "une conférence internationale dans la deuxième quinzaine d'octobre", à laquelle seraient invités les trois présidents libanais et le Groupe international de soutien au Liban (GIS), au plus haut niveau, ainsi que les dirigeants internationaux et régionaux au-delà du groupe, afin de mobiliser des aides autour de ce plan, "pour s'assurer que la communauté internationale accompagnera ces réformes". 

"Si les rendez-vous ne sont pas respectés, nous en tirerons les conséquences", a mis en garde M. Macron. "Ce n'est donc pas une carte blanche ou un chèque en blanc qui est donné, mais une exigence avec un rendez-vous, dans six à huit semaines, pour prendre en compte les quinze jours de formation d'un gouvernement et quatre semaines d'un gouvernement actif, avec de premières échéances", a-t-il souligné. "Le rôle de la France est donc de chercher des soutiens internationaux et je m'y engage, si l'ensemble des responsabilités et décisions auxquelles les forces politiques et responsables se sont engagés auprès de moi sont au rendez-vous", a-t-il affirmé. 

"La confiance c'est le problème de l'autre"
Interrogé sur l'éventualité que des sanctions puissent viser des personnalités libanaises si les engagements n'étaient pas respectés, M. Macron a cité le philosophe Emmanuel Levinas : "La confiance c'est le problème de l'autre".  Et d'expliquer : "Ce soir, je fais confiance. Ensuite, si rien n'a été fait d'ici fin octobre, je devrai dire à la communauté internationale que nous ne pouvons pas être au rendez-vous de l'aide". "On n'enclenche pas des sanctions parce que des gens ne prennent pas leurs responsabilités politiques", a-t-il ajouté, soulignant qu'un "contrat était passé" avec les responsables libanais "ce sur quoi s'engagent leurs responsabilités politiques et, en face, l'aide de la communauté internationale". Et de souligner : "S'il s'avère que certains responsables trempent dans la corruption, des sanctions pourraient être envisagées, si cela s'impose, de manière ciblée sur base d'une coopération européenne". Selon le président français, "si on ne met pas la pression pour des réformes de court terme, qui jouent sur le quotidien des Libanais, à ce moment là on joue la politique du pire".  Il a appelé à ce que "le système politique se transforme de lui-même pour correspondre aux aspirations du peuple ou que le peuple trouve le chemin démocratique de sa propre révolution". "Nous ne devons jamais laisser la politique du pire l'emporter. Sinon, les gens se lasseront, le désespoir gagnera et les gens intelligents qui le pourront quitteront le pays. Cela constituerait l'anéantissement du Liban pour un temps et je me battrai pour que cela n'arrive pas", a-t-il lancé.

Dans un entretien accordé ce matin au site américain Politico, M. Macron avait prévenu les dirigeants libanais qu'ils s'exposeraient à des sanctions s'ils ne parviennent pas à tracer dans les trois mois un nouveau cap pour le pays. Le président français avait prévenu dans cette interview que les trois mois à venir seront "cruciaux" pour qu'un véritable changement intervienne au Liban. Dans le cas contraire, il se dit prêt à "changer d'approche et à soutenir des mesures punitives" allant d'un gel du plan international d'assistance financière au Liban à des sanctions contre la classe dirigeante.

En réponse à une autre question, le président Macron a souligné que la France "a toujours été claire sur sa position concernant le Hezbollah dans sa composante militaire et terroriste et elle le condamne". S'il a appuyé les propos de la journaliste ayant soulevé le manque de transparence dans les procédures électorales, notamment dans les zones ou le parti chiite est prépondérant, il a ajouté : "Je ne suis pas le juge de votre scrutin". "Si je voulais être dans la pureté des intentions, je condamnerais le Hezbollah dans sa plénitude, je refuserais de parler au Hezbollah en tant que formation politique de votre Parlement et je vous dirais il faut les condamner et les désarmer. Mais je n'aurais rien changé à votre problème. Je n'aurais eu aucune action utile", a souligné M. Macron. "Sans doute le Hezbollah est au Parlement parce qu'il y a de l'intimidation. Mais il l'est aussi sans doute parce que d'autres formations n'ont pas réussi à diriger le pays", a-t-il estimé. Et de conclure : "Il faut donc avoir un discours sincère avec le Hezbollah en tant que formation politique. Les questions qui le concernent ne doivent pas être un tabou".

"Éventuels détournements" des aides
Au début de son discours, M. Macron est revenu en détails sur les différentes aides sanitaires, alimentaires, éducatives et en matière de reconstruction apportées à Beyrouth après la double explosion du port, qui a fait plus de 190 morts. "L'urgence est toujours là et nous ne détournerons jamais les yeux de cette urgence de soutien au peuple libanais", a-t-il affirmé. Il a notamment annoncé sept millions d'euros supplémentaires d'aides pour la réhabilitation des écoles endommagées par les explosions, le matériel scolaire et le soutien aux familles d'élèves, qui viennent s'ajouter aux aides déjà annoncées en juillet lors de la visite du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. Au niveau de la reconstruction de Beyrouth, il a insisté sur l'importance que l'aide soit fournie "dans l'intérêt des Libanais et d'eux seuls". M. Macron a insisté sur l'importance de la transparence de la distribution des aides et appelé à enquêter sur "d'éventuels détournements" qui auraient pu être commis.
Le président français a encore affirmé souhaiter "un nouveau rendez-vous avec la communauté internationale", sous la forme d'une seconde conférence internationale de mobilisation de l'aide, qui aurait lieu dans la seconde quinzaine d'octobre.

Le président français a par ailleurs évoqué le centenaire de la création de l'Etat du Grand-Liban, le 1er septembre 1920, par le général français Henri Gouraud. Il a déclaré que cet anniversaire n'est pas "juste pour commémorer le passé mais pour l'avenir de la jeunesse" libanaise. Il a affirmé avoir, lors de la cérémonie organisée dans la matinée à Jaj, où il a planté un cèdre, avoir vu dans les yeux des enfants présents "beaucoup de détermination, la conviction qu'ils n'avaient aucune raison de s'habituer au malheur".

Réunions avec les chefs de file
M. Macron était arrivé lundi soir à Beyrouth, pour une tournée pleine de symboles, à l'occasion du centenaire, et de rencontres avec des responsables de différents horizons, notamment politique, sanitaire et de la société civile. Il a notamment discuté avec les principaux responsables politiques au cours d'un déjeuner au palais présidentiel, avant de se réunir longuement avec eux dans la soirée à la résidence des Pins. Il a échangé en tête à tête avec les leaders des forces politiques mais aussi avec le patriarche de l'Eglise maronite, Béchara Raï, qui multiplie les appels depuis plusieurs semaines en faveur d'une "neutralité" du Liban.

L'ensemble des forces politiques libanaises se sont engagées à former un gouvernement dans les 15 jours, a annoncé mardi soir le président français, Emmanuel Macron, lors d'une conférence de presse au terme de sa visite à Beyrouth. Il a ajouté que le gouvernement rassemblerait des personnalités "compétentes" et serait formé "comme un collectif indépendant qui aura le soutien de tous...

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