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Société - Covid-19

Des chiffres importants, mais guère alarmants

Pour Salim Adib, épidémiologiste, le virus est en train de s’atténuer. C’est ce que montre le taux d’hospitalisations qui est passé de 5 à 2,9 %.

Des chiffres importants, mais guère alarmants

Des vacanciers profitant des derniers jours de la saison estivale. Photo Marwan Assaf

Avec la recrudescence exponentielle des cas de Covid-19 enregistrés au Liban depuis plusieurs semaines déjà – avec plus de 500, voire 600 cas journaliers –, le bilan de cas cumulés qui frôle les 17 000, dont plus de 4 000 d’origine inconnue, les hospitalisations et les décès déplorés presque tous les jours, on ne peut que constater que la situation a échappé depuis longtemps au contrôle des autorités concernées.

En trois jours, de samedi à lundi, 1 695 nouvelles contaminations ont été signalées et dix-neuf décès, portant ainsi à 17 308 le nombre de cas cumulés depuis la déclaration de l’épidémie au Liban, le 21 février, au nombre desquels 167 décès et 4 811 guérisons. Trois cent quarante-six personnes sont encore hospitalisées, dont 96 en soins intensifs.

Ces chiffres importants ne sont pas pour autant alarmants pour Salim Adib, professeur d’épidémiologie et de santé publique à l’Université américaine de Beyrouth. « Le Covid-19 est une épidémie qui évolue, explique-t-il à L’Orient-Le Jour. Le virus SARS-CoV-2, qui en est à l’origine aussi. Il est en train de s’atténuer et de s’installer dans la forme habituelle des virus qui entourent les êtres humains. Il s’agit de l’évolution naturelle des épidémies, sachant que celle-ci peut se faire en plusieurs semaines, mois ou années. Le seul virus qui n’a jamais évolué est celui du sida, qui attaque les capacités de défense du corps humain. »

Le Dr Adib souligne que les virus et les bactéries « commencent par un pic épidémique ». « C’est donc une crise inattendue qui peut causer des pertes humaines, ajoute-t-il. Progressivement, il va devenir endémique, c’est-à-dire qu’il va séjourner au sein de la flore virale globale. Éventuellement, si un vaccin est découvert ou si toute la population est immunisée, il deviendra sporadique ou sera même éliminé. » Pour l’épidémiologiste, le SARS-CoV-2 a atteint cette phase de dissémination au sein de la population libanaise et mondiale, « tout en perdant sa virulence ».

Un constat établi à la suite d’une analyse des chiffres. Le Dr Adib fait ainsi remarquer qu’en avril, près de 5 % des cas de Covid-19 étaient sévères, nécessitant une hospitalisation. Aujourd’hui, « ce taux a chuté à 2,9 % », constate-t-il. « Chaque jour, dix à vingt personnes sont hospitalisées, ce qui est contrôlable au niveau du pays pour le moins qu’on puisse les distribuer sans surcharger les établissements gouvernementaux », poursuit-il, signalant que d’ici à la fin de l’année, si les tests de dépistage continuaient à être effectués aussi massivement, le nombre des cas détectés au quotidien s’élèverait encore plus, « mais le nombre de malades va continuer à chuter en proportion relative et nous reviendrons à la situation qui prévalait en avril où il y avait très peu, voire zéro cas de malades ».

Nombre des décès en hausse

Malheureusement, « c’est le nombre des décès qui a changé et ceux-ci sont en hausse », déplore le Dr Adib. Cela est dû, selon lui, au fait que les personnes âgées, qui sont les plus vulnérables, ne sont plus à l’abri du virus. Les rencontres sociales se sont multipliées parallèlement à l’ouverture de l’aéroport. Aussi, les personnes rentrées au Liban se sont-elles adonnées à des activités sociales avant même de connaître leur statut de porteurs du virus, « parce qu’on tardait à leur communiquer les résultats ». Entre-temps, les voyageurs, pensant à tort que leurs résultats étaient négatifs, avaient rendu visite à tous les membres de leur famille et amis. « Nous témoignons d’une recrudescence des cas parmi les personnes qui ont des comorbidités graves et des personnes âgées, regrette le Dr Adib. Actuellement, la majorité des décès est constatée parmi des patients âgés de plus de 70 ans. Donc, au fur et à mesure que le virus s’atténue, les personnes du troisième âge en restent les seules victimes. C’est le scénario qui a été observé en hiver en Europe occidentale et que nous pensions pouvoir éviter. Nous n’avons pas pu le faire en raison du chaos total à l’aéroport. D’un autre côté, cette dissémination des cas est en train de créer une immunité collective. »

Peut-on parler d’immunité de horde alors que le virus mute ? « C’est en mutant qu’il devient victime de l’immunité, assure le Dr Adib. Les vaccins sont des virus atténués. On les a répliqués plusieurs fois pour qu’ils perdent leur capacité de provoquer la maladie, tout en gardant leur capacité de générer une réaction immunologique. Donc au fur et à mesure que ce virus se réplique dans une population à forte immunité, il perd de sa virulence. Sa présence continue toutefois à générer des anticorps spécifiques qui vont protéger la personne et son entourage. »

En ce qui concerne les personnes qui auraient contracté la maladie une seconde fois, le Dr Adib rappelle que tous les individus ne développent pas « une réaction immunitaire suffisante ». « C’est un phénomène observé dans tous les vaccins, précise-t-il. 2 à 3 % ne développent pas de réaction immunitaire. »

En ce qui concerne le ratio (nombre de cas détectés par rapport au nombre de tests effectués) qui est aux alentours de 7 %, l’épidémiologiste note qu’il « ne constitue pas une indication majeure de santé publique », d’autant qu’il pourrait exister des « doublons ». Il s’agit de personnes qui étaient testées positives, qui repassent le test une seconde fois, mais celui-ci reste positif, et qui seraient comptabilisées dans les nouveaux bilans.

Sommes-nous dans la seconde vague ? « La seconde vague n’est pas un second pic dans l’histoire d’une maladie, indique le Dr Adib. La seconde vague survient lorsque le virus change de mécanisme d’attaque, entraînant une nouvelle pathologie. Ce qui n’est pas le cas du SARS-CoV-2 qui continue à être transmis par voie respiratoire. Nous sommes toujours dans la même vague. »

Soulignant qu’un confinement n’est pas applicable au Liban, en raison de la détresse économique et humanitaire que connaît le pays, le Dr Adib affirme que la prévention consiste à respecter les gestes-barrières (port du masque, distanciation sociale et lavage fréquent des mains), à éviter les rassemblements qui sont « inutiles » et à protéger les personnes fragiles. Et de conclure : « Une fois que l’hiver austral sera fini, le virus se sera atténué un peu partout dans le monde. Les rapports le montrent. Il y aura plus de cas positifs, mais moins de décès et de malades. »

Avec la recrudescence exponentielle des cas de Covid-19 enregistrés au Liban depuis plusieurs semaines déjà – avec plus de 500, voire 600 cas journaliers –, le bilan de cas cumulés qui frôle les 17 000, dont plus de 4 000 d’origine inconnue, les hospitalisations et les décès déplorés presque tous les jours, on ne peut que constater que la situation a échappé depuis...

commentaires (3)

QUELLE BOURDE ON VEUT NOUS SERVIR ! POUR UN TRES PETIT PAYS COMME LE LIBAN LES CHIFFRES JOURNALIERS DE DECES ET DE CAS EST CERTAINEMENT DES PLUS ALARMANTS. \ PLACEZ DES GENS COMPETENTS ET RESPONSABLES DANS TOUS LES POSTES DU PAYS.

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 51, le 01 septembre 2020

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Commentaires (3)

  • QUELLE BOURDE ON VEUT NOUS SERVIR ! POUR UN TRES PETIT PAYS COMME LE LIBAN LES CHIFFRES JOURNALIERS DE DECES ET DE CAS EST CERTAINEMENT DES PLUS ALARMANTS. \ PLACEZ DES GENS COMPETENTS ET RESPONSABLES DANS TOUS LES POSTES DU PAYS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 51, le 01 septembre 2020

  • Tout va très bien Mme la marquise!?

    Wlek Sanferlou

    13 h 52, le 01 septembre 2020

  • Il est assez rassurant!

    NAUFAL SORAYA

    07 h 07, le 01 septembre 2020

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