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Société - Justice

Une avocate porte plainte contre la garde du Parlement

Les agents en charge de la sécurité de la Chambre sont accusés d’avoir blessé par balles des contestataires le 8 août.

Une avocate porte plainte contre la garde du Parlement

Une jeune fille blessée dans le périmètre du Parlement est secourue par des manifestants le samedi 8 août. Photo João Sousa

L’avocate Diala Chehadé a porté plainte au pénal contre la garde du Parlement, accusée d’avoir usé de violences injustifiées contre les manifestants, le samedi 8 août, en tirant à balles réelles contre eux. Me Chehadé a engagé l’action au nom de son client, Nassim Mohsen, qui avait perdu l’œil gauche lors de « la manifestation de colère » contre le pouvoir, organisée après la tragique explosion au port de Beyrouth le 4 août.

Cette mobilisation avait été marquée par de nombreux débordements policiers dont, entre autres, l’usage présumé par la garde du Parlement de balles réelles contenant des grenailles de plomb tirées contre les manifestants. Dans un communiqué de presse publié mardi dernier, l’ONG Human Rights Watch a fustigé le comportement des forces de l’ordre avec les manifestants. Ces derniers étaient venus exprimer leur colère contre le pouvoir, notamment ceux qui avaient permis le stockage de plusieurs centaines de tonnes de nitrate d’ammonium au port, à l’origine de l’hécatombe du 4 août.

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Dans une interview diffusée mercredi sur la page Facebook du groupe Loubnan Yantafed (Le Liban se révolte), l’avocate a expliqué les motifs de sa démarche, soulignant l’importance des poursuites judiciaires contre la garde du Parlement « en tant qu’entité et non pas contre certains de ses membres seulement ». Elle l’a justifiée par deux éléments principaux : le fait que cet organisme, qui ne relève pas des Forces de sécurité intérieure, comme l’avait expliqué l’ancienne ministre de l’Intérieur Raya el-Hassan, « agit comme une bande criminelle organisée », et l’impossibilité d’identifier les individus qui ont tiré à balles réelles et à bout portant sur les contestataires.

Des handicaps physiques
L’avocate a réclamé aux autorités les enregistrements des caméras de surveillance situées dans le périmètre du Parlement lors des altercations qui avaient fait plus de 700 blessés. Certains parmi ces derniers ont perdu la vue à cause de cet usage excessif de la force.

Interrogé par L’Orient-Le Jour à ce sujet, le Dr Joe el-Khoury, chef du service de radiologie interventionnelle à l’hôpital Jeitaoui et à l’Université libanaise, le confirme : « Certains blessés ont perdu un œil, d’autres ont vu leurs organes vitaux endommagés, d’autres encore ont subi des dommages nerveux pouvant entraîner une paralysie de certains de leurs membres. » « La radiographie d’une des personnes blessées, âgée de 21 ans, a montré que plus de 35 grenailles de plomb lui ont perforé le corps. Elle aurait été touchée à deux reprises, la seconde fois de dos, probablement pendant qu’elle prenait la fuite. C’est du jamais-vu : ces plombs sont généralement trouvés dans les cartouches utilisées par les chasseurs d’oiseau et de gibier, mais il s’agit là d’un gros calibre », précise-t-il. Il convient de noter la sournoise propriété des grenailles de plomb qui, une fois tirées, se dispersent en l’air pour toucher la cible de manière multiple et éparpillée, faisant ainsi un maximum de dégâts.

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Avec le cas de Nassim Mohsen, Me Chehadé ouvre la voie pour que justice soit rendue aussi aux autres blessés. Elle déplore le fait qu’à ce jour, aucune action n’ait été prise par les députés pour interpeller les autorités compétentes au sujet de ces violences. Pour l’avocate, la justice « ne peut plus agir comme elle le faisait avant l’explosion du 4 août et doit à présent se prononcer avec courage lorsqu’il est question des innombrables malheurs accablant les Libanais ». « Nous devons en tout cas oser l’espérer du procureur général Ghassan Oueidate, sous la charge duquel repose cette plainte », affirme-t-elle. Et d’encourager tous ceux qui ont été touchés physiquement à cause des dérives policières à porter plainte, « ne serait-ce que pour documenter ce qui leur est arrivé et ainsi gagner du temps face aux délais de prescription, pour le cas où, par miracle, un gouvernement futur en viendrait à décider de condamner ces actes barbares ».

L’avocate Diala Chehadé a porté plainte au pénal contre la garde du Parlement, accusée d’avoir usé de violences injustifiées contre les manifestants, le samedi 8 août, en tirant à balles réelles contre eux. Me Chehadé a engagé l’action au nom de son client, Nassim Mohsen, qui avait perdu l’œil gauche lors de « la manifestation de colère » contre le pouvoir,...

commentaires (5)

"La police du parlement", une milice, déguisée en uniformes et armes des forces de sécurité intérieure, payée par le contribuable libanais. Quel mascarade révoltante...

DJACK

11 h 07, le 29 août 2020

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Commentaires (5)

  • "La police du parlement", une milice, déguisée en uniformes et armes des forces de sécurité intérieure, payée par le contribuable libanais. Quel mascarade révoltante...

    DJACK

    11 h 07, le 29 août 2020

  • Il semble que la garde du parlement est a la solde de son chef . Très probablement aussi leurs soldes sont payés par le gouvernement. Tant qu'il n'y a aucune lueur d'un changement radical , les musiciens et leurs chefs d'orchestre resteront les mêmes.

    DRAGHI Umberto

    10 h 29, le 29 août 2020

  • LES LOUPS AUX ORDRES DE MAITRE GOUPIL COLLE SUR SA CHAISE DEPUIS DES DECENNIES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 55, le 29 août 2020

  • Comment se fait-il que pas un parlementaire n'ait saisi la justice? Il faudrait que les victimes se constituent partie civile contre cette milice privée pour demander justice, réparations, dommages et intérêts.

    Dounia Mansour Abdelnour

    08 h 28, le 29 août 2020

  • Cette police du parlement doit tout simplement être dissoute. Soit on une police nationale, alors qu’elle s’occupe aussi de la protection du parlement, soit on n’en n’a pas, alors que chacun s’occupe de sa propre protection et que plus personne ne prononce le terme État Libanais

    Lecteur excédé par la censure

    07 h 48, le 29 août 2020

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