On aurait pu espérer que la pression exercée par le président français, Emmanuel Macron, sur les dirigeants libanais en faveur d’un changement politique devenu nécessaire au Liban les aurait poussés à former un gouvernement dans les plus brefs délais. Hélas, on est bien loin du compte. Hier, l’Élysée a confirmé que le président Macron sera de retour au Liban lundi soir, comme il l’avait promis lors de son dernier déplacement à Beyrouth, au lendemain de la double explosion du port. Mais c’est dans un Liban sans nouveau gouvernement qu’il débarquera à l’occasion du centenaire du Grand Liban.
La décision du leader du Futur Saad Hariri, mardi, de se retirer de la course a radicalement changé la donne, et contrairement à ce qu’on aurait pu espérer, les tractations en vue d’une entente autour du prochain Premier ministre sont à nouveau au point mort. Tandis que circulaient, depuis mardi soir, des informations au sujet d’une série de réunions que devait entamer le directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, afin de paver la voie à une entente élargie, notre informateur politique Mounir Rabih confiait hier que le général Ibrahim a renoncé à toute médiation sur le plan gouvernemental. Du moins pour le moment.
Si le directeur de la Sûreté générale s’était impliqué il y a quelques jours dans la formation du gouvernement, c’était principalement pour tenter de freiner la levée de boucliers sunnite contre le chef de l’État, Michel Aoun, qui s’abstient toujours de fixer la date des consultations parlementaires contraignantes en vue de nommer le futur Premier ministre. Toujours selon Mounir Rabih, la mission de Abbas Ibrahim consistait aussi à tenir Saad Hariri informé de la position du tandem Baabda-Courant patriotique libre au sujet de la future équipe ministérielle. C’est d’ailleurs le veto auquel se sont heurtées ses conditions – à savoir la mise sur pied d’une équipe qui réponde aux aspirations du mouvement de contestation et n’inclurait ni le Hezbollah ni le chef du CPL, Gebran Bassil – qui aurait poussé le leader du Futur à jeter l’éponge.
L’opposition : Non à Hariri
Des sources politiques contactées par L’OLJ ajoutent que le nom de Saad Hariri ne faisait pas l’unanimité des protagonistes politiques. Appuyé par le tandem chiite, il fait face au veto du CPL, mais aussi à celui de l’opposition chrétienne représentée par les Forces libanaises après la démission des députés Kataëb, comme le confie une source informée à L’OLJ. Cette source croit savoir que, pour l’opposition, une reconduction de M. Hariri au Sérail aurait signifié l’assurance d’une couverture politique au Hezbollah. Dans certains milieux, on va même jusqu’à laisser entendre que le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, aurait évoqué cette question avec M. Hariri lors de leur entretien, lundi dernier, à la Maison du Centre. Le leader se serait même montré favorable au retrait de Saad Hariri de la course à la présidence du Conseil. Des informations démenties tant par les haririens que par les joumblattistes. Les deux camps s’accordent, en outre, sur le fait que le processus gouvernemental stagnera jusqu’à ce que Baabda convoque les députés aux consultations parlementaires contraignantes.
Entre-temps, le Hezbollah est revenu hier à la charge, appelant à nouveau à ce que le prochain gouvernement soit un cabinet d’union nationale. Après avoir plaidé, vendredi dernier, pour un gouvernement auquel le Hezbollah « contribuerait », le numéro deux du parti, le cheikh Naïm Kassem, a réitéré, devant l’ambassadeur de Russie à Beyrouth, Alexander Zasypkin, l’insistance de sa formation pour que soit mis en place un cabinet « qui bénéficierait du plus large appui de la part des forces politiques et parlementaires ».
De son côté, l’ambassadeur de Grande-Bretagne à Beyrouth, Chris Rampling, a appelé, depuis Bkerké, à la formation d’un gouvernement productif qui jouirait de l’appui du peuple libanais, et le plus rapidement possible...
Inutile de former un nouveau gouvernement. Garder le présent, même résultat escompté. Former plutôt un nouveau parlement, serait plus utile, si on a l'intention de faire des réformes. Mais, c'est un peu tard.
17 h 21, le 27 août 2020