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Politique - Décryptage

Gouvernement : l’impasse dans l’attente d’initiatives extérieures

La décision du chef du courant du Futur Saad Hariri, annoncée mardi, de se retirer de la course à présidence du Conseil, a rebattu les cartes politiques. Même si la possibilité de la désignation de M. Hariri ne faisait pas que des heureux, aussi bien dans les milieux politiques que populaires, son retrait ne signifie pas pour autant que la voie de la présidence du Conseil est ouverte à d’autres. Car la tendance générale n’est pas aujourd’hui à un compromis constructif, mais à la radicalisation des positions. Dans cette période particulièrement délicate sur les plans politique, économique, sécuritaire (depuis la réapparition des cellules terroristes dormantes dans la foulée du triple assassinat de Kaftoun, le week-end dernier), comme sur le plan humain, après la tragédie du port, l’impasse semble totale.

Officiellement, le Courant patriotique libre et son chef Gebran Bassil se sont déclarés en faveur de toute personnalité que choisirait Saad Hariri, même s’il s’agissait de Nawaf Salam ou de Mohammad Baassiri. L’objectif étant, d’une part, de faciliter la formation du gouvernement et, d’autre part, de respecter le choix du chef du courant du Futur considéré comme le principal représentant des sunnites.

Mais cette position du CPL ne suffit pas à faire pencher la balance en faveur du candidat choisi par Saad Hariri. D’abord, ce dernier n’a pas donné le nom de son candidat et, selon les sources proches de sa formation, il ne compte pas le faire pour ne pas rééditer le scénario des deux mois qui ont suivi la démission de son gouvernement le 29 octobre 2019, lorsque trois personnalités (Mohammad Safadi, Bahige Tabbarah et Samir el-Khatib) ont été sollicitées sans que le processus aboutisse à un résultat concret. Et même si Saad Hariri venait à changer d’avis en soutenant Nawaf Salam par exemple, l’aval du CPL ne signifie pas que le tandem chiite (Amal et le Hezbollah) accepterait cette candidature. Au contraire, il pourrait aller jusqu’à considérer qu’il s’agit d’une tentative de retournement contre la majorité parlementaire issue des élections législatives de 2018 et, par conséquent, il y aurait deux scénarios possibles : soit le candidat en question n’obtient pas la majorité des voix des députés dans le cadre des consultations parlementaires contraignantes, soit il sera désigné, mais avec un score dérisoire, de sorte qu’il lui faudra des mois pour former un gouvernement... jusqu’à ce que les circonstances régionales et internationales favorisent enfin un compromis interne et le poussent alors vers la sortie.

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Un autre scénario paraît aussi possible : les parties impliquées dans la formation du nouveau gouvernement pourraient finir par trouver un candidat surprise, dans le genre de l’actuel président du Conseil démissionnaire Hassane Diab, une sorte de kamikaze décidé à se lancer dans cette aventure semée d’embûches. Ce serait alors une réédition de l’expérience Diab, avec un Premier ministre qui devra faire face à l’opposition du courant du Futur (on se souvient des manifestations dans les régions à majorité populaire sunnite après la désignation de Hassane Diab et la formation de son gouvernement), ainsi qu’à celle des manifestants et d’autres formations politiques, sans parler de la méfiance des parties internationales...

Renflouement ?
Une autre possibilité avait été évoquée hier dans les milieux politiques, et elle consiste dans ce qu’on appelle « le renflouement du gouvernement de Hassane Diab ». Selon ce scénario et face à l’impossibilité de former un autre cabinet, le président du Conseil démissionnaire reviendrait sur sa démission annoncée le lundi 10 août et reprendrait pleinement ses fonctions pour éviter la vacance gouvernementale en une période aussi délicate. Les partisans de ce scénario rappellent que Saad Hariri était ainsi revenu sur la démission qu’il avait annoncée à partir de Riyad le 4 novembre 2017, dès son retour au Liban le 22 novembre. Ils ajoutent que le décret d’acceptation de la démission n’est publié en général que lors de la formation d’un nouveau gouvernement, lorsque trois décrets sont annoncés en même temps : l’acceptation de la démission, la désignation du nouveau Premier ministre et la formation du gouvernement. Donc, selon les partisans de ce scénario, jusqu’à cette date, la démission reste non officielle...

Toutefois, plusieurs spécialistes juridiques ne sont pas d’accord avec cette analyse. Selon eux, le 4 novembre 2017, Saad Hariri n’avait pas présenté sa démission par écrit au chef de l’État puisqu’il se trouvait à Riyad. Et le président Aoun avait alors exigé que la démission soit faite par écrit à partir du Liban. Une fois de retour à Beyrouth, Saad Hariri était donc revenu sur sa démission. Mais ce scénario ne peut pas s’appliquer dans le cas de Hassane Diab qui a annoncé officiellement sa démission à partir du Sérail avant de la remettre par écrit au chef de l’État...

Selon les milieux proches de Baabda, ce dernier songerait malgré tout à fixer dans les plus brefs délais la date des consultations parlementaires contraignantes, dans l’espoir de pousser les différentes parties à s’entendre sur le nom du nouveau président du Conseil. Mais pour l’instant, rien ne dit que cette démarche ait des chances de réussir.

La seule certitude qui ressort de tous ces scénarios, c’est que le pays est dans l’impasse sur le plan gouvernemental. Le Liban attend donc avec impatience l’arrivée à Beyrouth du président français Emmanuel Macron, le 1er septembre, dans l’espoir qu’il soit porteur d’idées en mesure de faciliter un déblocage. Une fois de plus, les différentes parties libanaises semblent incapables de trouver un accord entre elles (il faudrait pour cela commencer par accepter l’idée d’un dialogue interne). Elles préfèrent donc attendre des initiatives extérieures... qui durent ce que durent les rapports de force du moment. Rappelons-nous de Genève, Lausanne, Taëf, Saint-Cloud, Doha...

La décision du chef du courant du Futur Saad Hariri, annoncée mardi, de se retirer de la course à présidence du Conseil, a rebattu les cartes politiques. Même si la possibilité de la désignation de M. Hariri ne faisait pas que des heureux, aussi bien dans les milieux politiques que populaires, son retrait ne signifie pas pour autant que la voie de la présidence du Conseil est ouverte à...

commentaires (2)

Le dialogue interne n’a jamais existé. Il s’agit d’une cacophonie qui règne depuis des décennies entre les voleurs et les mercenaires pour savoir qui volera plus et qui protégera l’autre et qui permettra la destruction du pays en appuyant ses fossoyeurs les gratifiant de titres pompeux tels que résistants, défenseurs de, etc. Alors qu’en fait qu’il ne s’agit que d’assassins terroristes qui terrorisent le pays et ses citoyens pour le garder sous une emprise étrangère. Voilà le gouvernement qu’ils veulent choisir à leur image et sous leur contrôle pour arriver à leur but.

Sissi zayyat

10 h 24, le 27 août 2020

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Commentaires (2)

  • Le dialogue interne n’a jamais existé. Il s’agit d’une cacophonie qui règne depuis des décennies entre les voleurs et les mercenaires pour savoir qui volera plus et qui protégera l’autre et qui permettra la destruction du pays en appuyant ses fossoyeurs les gratifiant de titres pompeux tels que résistants, défenseurs de, etc. Alors qu’en fait qu’il ne s’agit que d’assassins terroristes qui terrorisent le pays et ses citoyens pour le garder sous une emprise étrangère. Voilà le gouvernement qu’ils veulent choisir à leur image et sous leur contrôle pour arriver à leur but.

    Sissi zayyat

    10 h 24, le 27 août 2020

  • Autrement dit, aucune issue...

    NAUFAL SORAYA

    07 h 02, le 27 août 2020

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