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Lifestyle - Témoignage

Beyrouth, es-tu vouée à l’impermanence ?

Beyrouth, es-tu vouée à l’impermanence ?

Beyrouth avant le 4 août.

« Après le choc, le réveil. Tout doucement, on émerge. Je me tâte pour être sûr que je suis encore là. Vivant. Oui, vivant. Et quel miracle ! Puis, vite s’assurer que les autres, les parents, les amis, les voisins, vont bien... Et d’ailleurs, est-ce que vous allez bien ? Je n’ai toujours pas eu le temps de vous contacter un à un. Répondez-moi, s’il vous plaît, répondez-moi. Tout comme moi, nous sommes tous sidérés d’être encore là ; hamdillah as-salèmé… Et chacun partage son histoire. Chacun crie, raconte et remercie le ciel de n’avoir qu’une seule, que deux ou trois blessures, de n’avoir été que juste soufflé, juste projeté à terre. Moi à un mètre, moi à cinq, moi à 10…, et d’avoir survécu.

Beyrouth après le 4 août. Photos Philippe Aractingi


Chacun raconte l’histoire de cette seconde fatidique où il a failli passer de l’autre côté. Où, s’il n’était pas sorti de la pièce, s’il n’était pas resté dans l’ascenseur, dans la voiture, s’il ne se trouvait pas derrière le mur, s’il ne s’était pas levé pour répondre au téléphone…, il ne serait plus là. Mais ailleurs ! Et nous sommes tous encore là, indemnes... Quel mot chargé de sens ! Nous avons tous (sur)vécu. Nous avons pu prolonger notre existence au-delà de ce jour fatidique qui marquera à jamais l’histoire de notre destin précaire. Encore une date à ajouter à la liste noire et interminable de notre récit et notre existence. Une fois de plus, nous avons pu nous accrocher à la vie ou plutôt la vie s’est accrochée à nous. Et quel mystère, quel miracle ! Merci. Reconnaissant, je le suis, coupable peut-être aussi. Maintenant, il est temps d’en faire quelque chose, de cette vie.

La première photo a été prise le 30 juillet 2015 et la seconde 6 jours après la déflagration. J’ai filmé et photographié Beyrouth pendant la guerre, juste après la guerre et à l’époque de la reconstruction.

À quoi ressemble ma ville ? Chaque fois que je prends une photo de Beyrouth, je me demande si l’image que je fige restera. Beyrouth, es-tu vouée à l’impermanence ? »

Philippe Aractingi a réalisé de nombreux documentaires et longs-métrages parmi lesquels « Bosta », « Héritages » et « Sous les bombes ». En 2018, il a consacré une exposition à Beyrouth sous le titre « Obsessions ».

« Après le choc, le réveil. Tout doucement, on émerge. Je me tâte pour être sûr que je suis encore là. Vivant. Oui, vivant. Et quel miracle ! Puis, vite s’assurer que les autres, les parents, les amis, les voisins, vont bien... Et d’ailleurs, est-ce que vous allez bien ? Je n’ai toujours pas eu le temps de vous contacter un à un. Répondez-moi, s’il vous plaît,...

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