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Politique - Gouvernement

Les tractations autour du futur cabinet au point mort

La perspective du verdict du TSL, l’attente des résultats de l’enquête sur la double explosion du port ainsi que les divergences internes et le manque de vision commune à l’étranger retarderaient la naissance de la nouvelle équipe.

Les tractations autour du futur cabinet au point mort

Le Premier ministre démissionnaire Hassane Diab reçu par le président Aoun, le 13 août, jour de la démission du gouvernement. Photo Dalati et Nohra

Le gouvernement qui devra succéder au cabinet de Hassane Diab se fera probablement attendre. Tous les indicateurs montrent que jusque-là, les conditions de la formation de la nouvelle équipe gouvernementale n’ont pas « mûri », et que les tractations, qui précèdent généralement les consultations contraignantes auxquelles le président de la République invite les blocs parlementaires, sont actuellement au point mort. Aucune date n’a encore été fixée pour que ces concertations aient lieu, un semaine après la démission du cabinet Diab.

Si ces retards sont coutumiers dans le processus de formation des gouvernements au Liban, il faut reconnaître que le contexte politique, social et sécuritaire qui a entouré la démission du précédent gouvernement est particulièrement compliqué. Plusieurs observateurs n’hésitent pas à lier ces atermoiements à l’annonce, aujourd’hui, du verdict du Tribunal spécial pour le Liban sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri en 2005, et au discours que prononcera l’ancien Premier ministre Saad Hariri depuis La Haye à cette occasion, alors qu’il apparaît comme un candidat potentiel à la tête du futur gouvernement. Ils notent aussi le changement profond opéré à la suite de la terrible explosion de Beyrouth, et le ballet diplomatique qui a accompagné l’après-4 août, ainsi que l’enquête, dont de premiers résultats se font toujours attendre.

En bref, entre les « parrains » du gouvernement démissionnaire, principalement le Hezbollah et le Courant patriotique libre, qui préconisent un gouvernement politique, et certaines forces « d’opposition » qui rejoignent les contestataires du 17 octobre dans leurs aspirations, préférant un cabinet « neutre », c’est le grand écart garanti…

Selon des sources bien informées, les tractations sont freinées par trois facteurs. Le premier est interne, provoqué par l’absence de consensus sur la forme du gouvernement : un cabinet politique pour le 8 Mars, de technocrates (avec possible représentation de partis par les non-partisans) pour une partie de l’opposition, et un gouvernement neutre avec des spécialistes pour l’aile la plus dure de l’opposition, notamment non partisane. Cette dernière option est préconisée par les Américains notamment – les Français seraient moins tranchants sur ce point, appelant à un gouvernement « de mission », comme l’avait indiqué il y a quelques jours la ministre des Armées, Florence Parly, en visite à Beyrouth. Washington aurait même clairement indiqué que seul un gouvernement neutre pourrait bénéficier des aides nécessaires pouvant contribuer à la reprise économique au Liban.

Désaccord, même entre alliés

Outre ce manque de consensus interne et l’absence de vision commune à l’étranger, le lancement effectif des tractations attendrait les résultats de l’annonce du verdict du TSL, et ses possibles répercussions sur les rues sunnite et chiite au Liban. Les forces politiques sont également attentives à l’avancée du dossier du renouvellement du mandat de la Finul à la fin du mois, à laquelle les Américains notamment souhaiteraient donner de plus vastes prérogatives. À cela, il faudrait ajouter un possible reconfinement de deux semaines dû à la propagation du coronavirus, et l’attente concernant les résultats de l’enquête sur la double explosion du port. De sources concordantes, il ne faut pas compter sur des concertations sérieuses avant au moins deux semaines, et ce alors que le président français Emmanuel Macron avait enjoint aux parties politiques d’agir rapidement lors de sa visite au Liban, avant son retour prévu début septembre.L’autre point d’achoppement porte sur la personnalité même du Premier ministre, y compris entre alliés. Alors que le tandem chiite privilégierait un retour de Saad Hariri, le CPL et le président de la République Michel Aoun lui préféreraient d’autres candidats comme l’indépendant Nawaf Salam. Dans une intervention télévisée dimanche, le président du CPL Gebran Bassil a assuré que sa formation veut « un gouvernement efficace qui conduise des réformes », assurant que son parti « ne veut pas participer à un cabinet qui n’a pas de programme de réformes ». Le président de la Chambre des députés, Nabih Berry, chef d’Amal, a récemment déclaré que Saad Hariri ne poserait plus de conditions pour revenir à la tête du gouvernement, ce qui est démenti par les milieux proches de ce dernier qui assurent qu’il tient toujours à un cabinet apolitique de technocrates.

En vue d’un certain déblocage, il a été question, la semaine dernière, d’une visite du leader druze Walid

Joumblatt au palais de Baabda, où il serait reçu par le président Aoun. Alors que pour certains, cette visite n’aura finalement pas lieu, d’autres, notamment des sources de Baabda, assurent qu’elle pourrait intervenir cette semaine, même si aucun rendez-vous précis n’a été fixé jusque-là. Ces sources assurent que les tractations ne se sont jamais interrompues, et qu’elles « préparent le terrain » aux consultations contraignantes.

De son côté, une source des Forces libanaises, actuellement dans l’opposition partisane, affirme qu’un gouvernement semblable à celui de Hassane Diab, parrainé par des forces politiques, ou un gouvernement d’union nationale comme celui qui l’a précédé n’apporteraient aucune solution aux problèmes actuels. Le chef des FL, Samir Geagea, avait déclaré ce week-end être en faveur d’« un gouvernement indépendant, vraiment indépendant », estimant que « la solution concrète est de réduire le mandat de l’actuel Parlement ».

Réduction du mandat de la Chambre ?

La source des FL précitée précise que le seul scénario qui sortirait le Liban des crises successives passerait par la formation d’un gouvernement neutre de transition, qui superviserait des élections législatives anticipées, adopterait le principe de neutralité, demanderait une enquête internationale sur le drame du port et mettrait les réformes sur la voie rapide d’exécution. Bref, (presque) tout ce que rejettent le tandem chiite et le CPL. « Nous sommes persuadés que sans un tel processus, il n’y a pas de solution possible, mais nous savons que ce bras de fer est très difficile à surmonter, d’où la conclusion que la formation du gouvernement devrait prendre beaucoup de temps, et qu’il ne faut s’attendre à aucune percée cette semaine », souligne cette source.

Reste une seule voix, de plus en plus audible, venant de la rue et de la contestation. « N’oubliez pas que les responsables occidentaux ont tous insisté sur la nécessité d’écouter la rue », affirme une des sources interrogées. Au point de devenir un acteur désormais incontournable ? Apparemment pas pour tous les responsables politiques du pays, dont beaucoup semblent peu enclins à changer d’attitude.

Le gouvernement qui devra succéder au cabinet de Hassane Diab se fera probablement attendre. Tous les indicateurs montrent que jusque-là, les conditions de la formation de la nouvelle équipe gouvernementale n’ont pas « mûri », et que les tractations, qui précèdent généralement les consultations contraignantes auxquelles le président de la République invite les blocs...

commentaires (10)

Des marionnettes misérables qui ne fonctionnent qu'avec des tirreurs de ficelles... Il sont au déjeuner e pendant ce temps les marionnettes s'observent d'un oeil de verre... et le Pays se Meure...

Wlek Sanferlou

15 h 01, le 18 août 2020

Tous les commentaires

Commentaires (10)

  • Des marionnettes misérables qui ne fonctionnent qu'avec des tirreurs de ficelles... Il sont au déjeuner e pendant ce temps les marionnettes s'observent d'un oeil de verre... et le Pays se Meure...

    Wlek Sanferlou

    15 h 01, le 18 août 2020

  • Un gouvernement composé de technocrates pourrait -il travailler aux réformes nécessaires pour le pays lorsque TOUTES les Institutions restent noyautées par ces mêmes partis qui ont mené le Liban à sa ruine ?? Nous sommes dans l’Impasse!

    Darwiche Jihad

    13 h 02, le 18 août 2020

  • Lorsque Harir a proposé Nawaf Salam pour le remplacer, le CPL et sa clique y compris Aoun ont refusé catégoriquement. Maintenant il le veulent Pour remplacer Diab. Que s’est il passé entre temps? Berry veut Hairiri mais il se permet de lui donner un ordre masqué allant jusqu’à affirmer que ce dernier a accepté - pour ternir son i age- de revenir mais sans conditions pour lui signifier que ce n’est pas lui qui décide des règles du jeu. Quant à la formation du nouveau gouvernement neutre que HB le CPL et Aoun refusent, il y va de leur intérêt de rester maîtres de la situation pour empêcher les scandales concernant la gestion de ce pays depuis qu’ils sont au pouvoir. Les vols seront trouvés et les commanditaires de la destruction aussi. Alors ce que la rue demande on s’en fiche tant qu’il y a encore des abrutis qui croient à leur innocence et à leur bonne foi ils reculent l’échéance d’être découverts et jugés par la même occasion pour tous leurs crimes, forts de leurs protecteurs armés à qui ils ont donné les clefs de ce pays. D’où les menaces ouvertes de I’m Bassil dans son dernier discours qui ressemblait comme une copie conforme à celui de son maître HN. La leçon a été bien apprise, on joue au patriote puis on passe aux menaces s’il n’y a pas d’échos favorables. Ils prennent les libanais pour des bœufs. ON TREMBLE...

    Sissi zayyat

    11 h 12, le 18 août 2020

  • Ils attendent quoi ces charognards pour laisser la place à une classe politique, jeune compétente et probablement moins malhonnête , si si cela existe !!! Entre un président, en raison de son âge vénérable qui tient des propos de moins en moins cohérents, le gendre plus hystérique que jamais, un président du parlement qui tache de grapiller du temps et une fortune... le "seigneur" de moukhtara qui se dresse au sommet de son palais comme une girouette attendant le sens du vent, des opposants qui n'arrêtent pas de lancer des propositions mais qui ne demeurent que des propositions... peut etre, ce n'est pourtant pas une fatalité, que nous avons les politiques que nous méritons, après tout le suivisme de nos concitoyens n'est pas qu'une légende et une large majorité serait près à voter pour leurs" patrons" politiques, quand on entend Aoun ou Aoun Bass....

    C…

    10 h 28, le 18 août 2020

  • LE LIBAN SE DEBAT AU FOND DE L,ABYSSE. SES ABRUTIS NE VEULENT PAS L,EN SORTIR. ET ILS NE VEULENT PAS QUE LES AMIS L,EN SORTE. LES DEGAGER C,EST PEU DIRE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 52, le 18 août 2020

  • "Les tractations autour du futur cabinet au point mort". Eh bien! Tant mieux! C'est l'occasion que doit saisir le président pour lancer les consultations parlementaires et former un gouvernement apolitique loin de toutes les magouilles, marchés, bazars ordinaires. S'il ne le fait pas immédiatement, c'est qu'il ne veut pas d'un gouvernement de salut public, mais d'un cabinet de partage de gâteau. Il est donc complice de ceux qui sont en train de détruire le pays.

    Yves Prevost

    08 h 10, le 18 août 2020

  • toujours les mèmes vieilles badernes qui se targuent de vouloir le bien du Liban alors que que cela fait des décennies qu'ils le détruisent!!!!!!place à la jeunesse courageuse ,volontaire ,intelligente!J.P

    Petmezakis Jacqueline

    07 h 43, le 18 août 2020

  • Le Liban a perdu dix mois entre la révolte du 17 octobre 2019 et la démission de Diab. Le mandat prend son temps et ne se presse jamais. Il n'y a aucune appréciation de la situation du pays. Le Liban est sans leadership et pour cette raison le mandat doit se résigner à lâcher le pouvoir. Il y aura des comptes à rendre.

    Zovighian Michel

    06 h 43, le 18 août 2020

  • Il n'y aura pas de solution a vue oeil

    Chucri Abboud

    03 h 09, le 18 août 2020

  • Les Participants aux tractations sont morts ! Politiquement au moins !

    LeRougeEtLeNoir

    00 h 25, le 18 août 2020

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