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Nos Lecteurs ont la Parole

L’esthétique de la démission et celle du suicide !

Une voie royale, que celle de la démission du gouvernement ?

Trop tard, dirions-nous, aux ministres qui se sont dépêchés de tirer leur révérence, maintenant que tout est consommé. On s’y attendait un peu : les rongeurs et autres muridés ne sont jamais les derniers à abandonner le navire qui coule.

On ne peut se refaire une santé en adoptant de justesse une posture honorable. Les démissionnaires veulent nous faire croire qu’ils furent dévastés par le séisme du 4 août ? Tiens donc, ils n’avaient donc rien perçu qui pouvait les offusquer ou les indigner avant cette date ? N’avaient-ils pas compris combien la machine était grippée, n’avaient-ils rien saisi quant à la gabegie et l’incurie de l’administration, avant l’instant fatidique ?

La ministre de l’Information n’a pas manqué, post-abortum bien entendu, de dénoncer le fait que Gebran Bassil présidait des mini-Conseils des ministres, en l’absence de Hassane Diab (information parvenue sur Twitter, à vérifier donc !). Encore une fois, trop tard ! Sua Eccellenza n’aurait-elle pas dû en alerter, en temps utile, l’opinion publique, elle qui de son autorité coiffait les médias ? Où donc étaient les bas-bleus quand Henri Chaoul rendit son tablier en soulignant « le manque de volonté de mettre en œuvre des réformes » ? Pourquoi n’ont-ils pas pris exemple sur lui ?

Il faut croire que nos carriéristes étaient restés accrochés à leurs postes, fidèles à leur serment, communiant dans leur ardeur de néophytes et de catéchumènes, dans l’attente parousiaque d’un rédempteur qui tardait à se manifester. À croire qu’ils allaient verser la dernière goutte de votre sang au service du pays. Sur les écrans, ils disaient vouloir, à leur corps défendant, faire aboutir les réformes. De quoi nous rappeler Pierre Laval, qui, à son procès, déclara qu’en optant pour la collaboration et l’infamie, il s’était sacrifié sur l’autel de la nation : ainsi il aurait payé de sa personne pour épargner à la France un traitement encore plus implacable de la part des autorités nazies.

Eh bien, ce genre d’argument ne porte pas et la démission du président du Conseil à la télé, pour penaude et collective qu’elle fut, est arrivée trop tard. Une démission, pour préserver l’honneur, doit être donnée à temps, et guère sous la pression des événements. Et puis on ne se renfloue pas en faisant des actes de contrition publique, ni en faisant assumer à « d’autres » les responsabilités qui vous incombent. Quels autres ? Ah si M. Diab, l’éconduit qui s’est sabordé, pouvait nous éclairer.

Que diable alliez-vous faire dans cette galère ?

Ces messieurs-dames de l’exécutif ont été désignés à leurs postes respectifs parce que, contrairement aux grands commis de l’État, leur intégrité était reconnue ! Et puis, ils étaient bardés de diplômes. Mais, une fois aux commandes, ils ont fermé les yeux sur l’inénarrable. Par leur silence complice, ils ont couvert la mise à sac d’un pays et avalisé un régime d’immobilisme et de complaisance. Ils portent leur part de responsabilité et l’on ne gouverne pas innocemment, comme dirait l’autre.

En tant que recalés de l’histoire du Liban, pourquoi n’iraient-ils pas « emprunter les avenues pourpres de la liberté » selon la formule, plus ou moins attestée, de Sénèque. Pensez-vous ? À cette issue honorable, ils préfèrent l’indignité nationale, qui leur a été assénée à coups de balai dans les rues sinistrées de Beyrouth.


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Une voie royale, que celle de la démission du gouvernement ? Trop tard, dirions-nous, aux ministres qui se sont dépêchés de tirer leur révérence, maintenant que tout est consommé. On s’y attendait un peu : les rongeurs et autres muridés ne sont jamais les derniers à abandonner le navire qui coule. On ne peut se refaire une santé en adoptant de justesse une posture honorable. Les...

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