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Société - Stock dangereux

Zouk exfiltre ses matières chimiques, Kfardebiane les lui renvoie

EDL assure qu’il n’y a pas de nitrate d’ammonium dans l’enceinte de la vieille centrale électrique.
Zouk exfiltre ses matières chimiques, Kfardebiane les lui renvoie

La centrale vétuste de Zouk. Photo d’archives P.H.B.

Une semaine à peine après la double explosion qui a dévasté le port et la ville de Beyrouth, et qui est de toute vraisemblance due à la présence de milliers de tonnes de nitrate d’ammonium dans le hangar qui a pris feu, la possibilité du stockage de matières chimiques dangereuses dans un autre site, celui de la centrale électrique de Zouk, inquiète la population depuis quelques jours. En effet, de grandes quantités de matières chimiques, potentiellement dangereuses, parfois périmées, sont stockées sans aucune mesure de précaution dans la centrale vétuste, comme l’a reconnu hier un communiqué d’Électricité du Liban, qui se voulait quand même rassurant. L’affaire a fait l’objet d’une enquête du parquet, et le procureur général Ghassan Oueidate a demandé le démantèlement de ces matières toxiques.

A la suite de cette décision judiciaire, donc, le communiqué d’EDL parle de la nécessité de détruire ces matières chimiques périmées. Et les habitants de Kfardebiane (hauteurs du Kesrouan, région riche en eau et enneigée en hiver) ont découvert par hasard hier que leur localité avait été choisie pour le traitement réservé à ces matières, probablement par des explosifs ou par un enfouissement pur et simple.

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« Un camion totalement banalisé a été arrêté hier par la police municipale à l’aube, accompagné d’une patrouille, raconte Joséphine Zoughaib, membre du conseil municipal, à L’OLJ. Au début, les conducteurs du camion ont prétendu être de la Sécurité de l’État, et ont demandé à poursuivre leur route. Devant l’insistance de la police municipale, ils ont reconnu venir de la centrale de Zouk. La police municipale a saisi le camion. Nous avons demandé l’intervention de l’armée, mais celle-ci n’a pas encore eu lieu. »

Joséphine Zoughaib affirme ne pas savoir quelles matières sont transportées dans le camion, étant donné que la municipalité ne détient pas l’autorisation de le fouiller. Elle assure cependant que la municipalité est déterminée à ne pas mettre la région à risque d’une telle pollution qui menacerait le système hydrologique dans cette zone, surtout si des explosifs sont utilisés dans le processus.

La municipalité a rassuré les habitants de la localité sur le fait que ces matières dangereuses ne seront en aucun cas traitées ou enfouies dans ce grand village. Dans un communiqué, la municipalité affirme que « depuis que des informations circulent sur la possibilité du déplacement de ces matières stockées dans la centrale de Zouk vers Kfardebiane, (elle) a pris toutes les dispositions pour empêcher un pareil transfert ».

Les camions qui devaient se diriger vers Kfardebiane ont tous rebroussé chemin pour réintégrer la centrale de Zouk hier soir, selon la MTV, qui a néanmoins répercuté la colère des habitants de Zouk et du Kesrouan en général, qui voudraient voir ces produits chimiques déplacés vers des lieux plus sûrs.

Des matières « pas explosives »

De son côté, EDL précise dans son communiqué avoir attendu les résultats de l’enquête qui a fait suite au scandale médiatique concernant la présence de matières dangereuses dans la centrale de Zouk, pour se prononcer. « Nous affirmons d’emblée qu’il n’y a pas de nitrate d’ammonium à Zouk, souligne le texte. Les produits qui s’y trouvent sont utilisés de manière routinière dans toutes les centrales électriques du monde, et ils ont des taux de toxicité divers pour l’homme et l’environnement. »

Le communiqué parle d’une quantité d’ammoniaque liquide « d’une concentration qui ne dépasse pas 25 % et qui n’est pas inflammable », une matière utilisée pour stériliser l’eau dans les turbines. « Les autres matières stockées dans la centrale ne sont pas explosives », poursuit le texte. Celui-ci reconnaît que « les conditions de stockage de certaines de ces matières ne sont pas conformes aux normes requises, tout comme certaines sont périmées ».

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EDL précise donc avoir pris un certain nombre de mesures, notamment le transport de certaines matières chimiques vers d’autres sites plus isolés, l’installation de ventilateurs et de détecteurs de flammes là où il n’y en avait pas, le regroupement des stocks périmés en vue de leur destruction et le partage d’informations utiles avec les centres de la Défense civile proches en cas d’accident.

Plusieurs remarques s’imposent suite aux événements liés à Zouk hier : fallait-il un désastre d’une telle ampleur à Beyrouth pour ouvrir le dossier des irrégularités dans cette centrale vétuste, où se trouve de surcroît une grande quantité d’hydrogène ? Sachant que les camions sont revenus à Zouk hier, face aux craintes légitimes des habitants de Kfardebiane, quelle option vont choisir les autorités libanaises pour se débarrasser des stocks périmés ? Une reddition des comptes suivra-t-elle ce nouveau scandale ?

Une semaine à peine après la double explosion qui a dévasté le port et la ville de Beyrouth, et qui est de toute vraisemblance due à la présence de milliers de tonnes de nitrate d’ammonium dans le hangar qui a pris feu, la possibilité du stockage de matières chimiques dangereuses dans un autre site, celui de la centrale électrique de Zouk, inquiète la population depuis quelques jours....

commentaires (10)

Si ils renvoient les matières chimiques c'est qu'ils n'en ont pas besoin. Si ils n'en ont pas besoin, pourquoi ils étaient stockés là ? Qui, quand, quoi ?

Desperados

22 h 28, le 12 août 2020

Tous les commentaires

Commentaires (10)

  • Si ils renvoient les matières chimiques c'est qu'ils n'en ont pas besoin. Si ils n'en ont pas besoin, pourquoi ils étaient stockés là ? Qui, quand, quoi ?

    Desperados

    22 h 28, le 12 août 2020

  • Pourquoi ne pas envoyer tous ces produits dangereux au palais de Baabda.

    Achkar Carlos

    16 h 17, le 12 août 2020

  • Il faut absolument chercher à savoir où se trouvent leurs produits nocifs qu’ils ont pris le soin de cacher dans ou proche d’un cite sensible. Toutes les régions sont concernées. N’oubliez pas que pendant des semaines les avions israéliens ont survolé le Metn, le Kesrouan et de façon insistante pour contrôler ce qui s’y passe. alors les habitants de ces régions devraient s ‘alarmer et se prémunir pour ne pas que le même malheur leur arrive. Ces bombes minutées sont une stratégie hezballiote pour faire le maximum possible de dégâts et de morts.

    Sissi zayyat

    15 h 12, le 12 août 2020

  • L’explosion n’est pas le seul risque. La pollution chimique est moins spectaculaire mais tout aussi mortelle. Toute matière chimique se traite de façon spécifique pour la neutraliser, et fait l’objet par la suite de mesures très spécifiques que des entreprises spécialisées mettent en œuvre. Pas d’enfouissement tel quel, le résultat serait une pollution des sols à très long terme. Mais c’est bien sûr plus cher, et demande un tant soit peu de responsabilité professionnelle. Nos gouvernants et leur affidés vont juste attendre que les choses se tassent puis soit les enfouirent ou les déverser dans la mer toute proche.

    Bachir Karim

    12 h 28, le 12 août 2020

  • "Sachant que les camions sont revenus à Zouk hier, face aux craintes légitimes des habitants de Kfardebiane, quelle option vont choisir les autorités libanaises pour se débarrasser des stocks périmés ? " Lea autorités libanaises? Mais c'est du "cinzano bleu"!!(Les vieux comme moi comprendront...)

    Georges MELKI

    10 h 43, le 12 août 2020

  • Ils croient nous rassurer en déclarant que ces matières ne sont pas explosives. Les tonnes de nitrate d’ammonium ne l’était pas non plus ils ont ont fait en sorte qu’elles le deviennent en prenant le soin de les alimenter avec ce qu’il faut pour qu’elles le deviennent. Arrêtez donc de vous payer la tête des libanais c’est indécent et cruel.

    Sissi zayyat

    10 h 24, le 12 août 2020

  • FAUT LES FAIRE EXPLOSER DANS DES SITES TRES ELOIGNES DES CENTRES HABITES. SURTOUT PAS LES ENFOUIR DANS LA TERRE. NOUS AVONS DES QUANTITES DE DECHETS DANGEREUX IMPORTES ET ENFOUIS DANS LA MONTAGNE CRIMINELLEMENT PAR LES MILICES SOUS REMUNERATION DU TEMPS DE LA GUERRE CIVILE,

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 51, le 12 août 2020

  • j'ai adore le mot " exfiltre " . qui decrit tres exactement le style et les moeurs de ceux qui MalDirigent notre pays depuis 1988. tout est fait en catimini, secretement pour cacher tout ce qu'ils font d'illegal, d'irregulier, de honteux. PS. ont fait pareils les ministres demissionnaires qui se sont eux-memes mais trop tardivement exfiltre du gouv, surtout avant la demission de leur chef. sauf que c'etait beaucoup trop tard, qu'ils n'en cueilleront aucune medaille.

    Gaby SIOUFI

    09 h 47, le 12 août 2020

  • Et après? Chacun va refuser l'entreposage de ces matières, ce qui est compréhensible, mais pourquoi sont-elles là au départ?

    NAUFAL SORAYA

    08 h 12, le 12 août 2020

  • La centrale vétuste de Zouk est une aberration en pleine zone urbaine. Non seulement elle pollue et cause des maladies à des dizaines de milliers d’habitants, non seulement elle entrepose des produits dangereux sans aucune sécurité, mais elle constitue elle-même une cible pour des raids israéliens, et devrait donc être déplacée vers une zone moins peuplée (Selaata par exemple). Zouk est en bout de course. Décommissionnez-la, transformez le terrain en zone touristique, vendez-le, et rien qu’avec le prix de la vente vous aurez de quoi financer DEUX centrales au gaz moins polluantes et plus efficaces.

    Gros Gnon

    00 h 44, le 12 août 2020

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