
Affrontements entre manifestants et forces de l'ordre, dimanche soir, dans le centre-ville de Beyrouth. REUTERS/Hannah McKay
Au lendemain de la manifestation qui a eu lieu samedi dans le centre-ville de Beyrouth et qui a rassemblé des milliers de protestataires dans un climat de très forte tension, des centaines de Libanais sont à nouveau descendus à la rue dimanche, pour crier leur colère contre toute la politque après la double explosion qui a ravagé Beyrouth. Cette explosion, au port de Beyrouth, a fait 158 morts, plus de 6.000 blessés et 300.000 sans abris. Plusieurs dizaines de personnes restent en outre disparues et des quartiers entiers de la capitale ont été dévastés.
Dimanche en soirée, des centaines de personnes se sont rassemblées devant une des entrées du Parlement, dans le centre-ville, face aux forces de l'ordre tandis que d'autres groupes de protestataires se trouvaient devant l'hôtel Le Grey et sur la Place des Martyrs.
L'Agence nationale d'information (ANI), a rapporté que des protestataires sont entrés dans les bâtiments des ministères des Travaux et des Déplacés à Starco.
Selon les images rapportées par nos journalistes sur place, les forces de l'ordre tiraient de nombreuses grenades lacrymogènes contre les protestataires qui répliquaient avec des jets de pierres et des projectiles. Selon un correspondant de la chaîne LBCI sur place, au moins un individu en civil, du côté des forces de l'ordre, a tiré à plusieurs reprises à l'aide d'un fusil d'assaut. A priori, ces tirs n'ont pas fait de victimes. Peu avant 20h, l'ANI, rapportaient que de nombreux blessés étaient dénombrés, sans plus de précisions.
Hier, plusieurs personnes avaient été blessées par des tirs de chevrotine et autres munitions létales, la police et l'armée démentant toutefois avoir fait usage de telles armes, alors que sur les réseaux sociaux, plusieurs images montrent des agents en civil tirer sur des manifestants. Le grand rassemblement anti-pouvoir de samedi avait fait un mort dans les rangs de la police et plusieurs centaines de blessés.
"Nous sommes fatigués"
"J'étais là samedi et je suis revenue aujourd'hui parce que nous sommes fatigués. Ils doivent tous tomber. Rafic Hariri a construit (la ville de Beyrouth), ils (les responsables politiques, NDLR) ont tout détruit. On leur a donné l'occasion d'agir ils n'ont rien fait. Nous n'avons rien, ni travail, ni à manger, ni à boire, dénonce Fatima, 30 ans, interrogée par notre journaliste sur place, Zeina Antonios. Nous ne voulons pas un président comme ce président. Nous voulons un président comme le président français. Les ministres et les députés sont tous inutiles. Ce sont tous des voleurs. Nous ne quitterons par la rue avant qu'ils ne quittent le pouvoir".
Le président français Emmanuel Macron s'était rendu à Beyrouth jeudi et avait visité les quartiers touchés par l'explosion. Il avait été reçu par une foule de Libanais qui avaient salué sa présence tout en dénonçant l'absence et l'inaction des responsables libanais.
"Nous voulons que tous les députés, les ministres, et le président démissionnent. Ils n'ont pas l'air de s'en soucier, dénonce Leslie Gebara, 25 ans. S'ils ne démissionnent pas nous resterons ici". "La situation est devenue insupportable. Tous les jeunes veulent quitter le Liban, dénonce un jeune homme de 24 ans. Le Liban est à nous, pas à ces corrompus. Nous devons rester dans la rue. La révolution ne s'est pas arrêtée". Pour lui les responsables doivent démissionner, et le peuple "ne doit pas faire l'erreur de les élire à nouveau".
Dispute avec Chamel Roukoz
En début de soirée, une dispute avait éclaté, place des Martyrs, entre des manifestants et les gardes du corps du député Chamel Roukoz. Selon l'Ani, M. Roukoz a voulu se joindre aux manifestants se trouvant sur la place. Il a aussi indiqué que son éventuelle démission du Parlement libanais "allait être étudiée demain avec un groupe de députés". Les manifestants refusant qu'un politicien se trouve parmi eux, une dispute a alors éclaté entre eux et les gardes du corps du député.
M. Roukoz, député du Kesrouan, est le gendre du chef de l'État Michel Aoun, qui fait partie des figures rejetées par le mouvement de contestation populaire depuis des mois. La colère est montée d'un cran depuis la double explosion meurtrière de dimanche au port de Beyrouth. M. Roukoz avait claqué la porte de la formation parlementaire aouniste, il y a quelques mois, sur fond de désaccords avec Gebran Bassil, exacerbés par le début de la révolte populaire d'octobre 2019.
Dimanche, la ministre de l'Information, Manal Abdel Samad et le ministre de l'Environnement, Damien Kattar, ont démissionné du gouvernement de Hassane Diab, ainsi que le député de Zghorta Michel Moawad. Samedi, ce sont les députés des Kataëb, Samy Gemayel, Nadim Gemayel et Elias Hankache, qui avaient annoncé leur départ de la Chambre, ainsi que la députée Paula Yacoubian, issue de la société civile. Mercredi, au lendemain de la catastrophe, le député Marwan Hamadé, du bloc joumblattiste, avait déjà annoncé sa démission. Ces responsables entendent, avec cette décision, protester contre le pouvoir en place qu'ils tiennent pour responsable des énormes explosions du 4 août. Des informations circulant dans les médias rapportent que plusieurs autres ministres pourraient suivre l'exemple de Mme Abdel Samad.
Au lendemain de la manifestation qui a eu lieu samedi dans le centre-ville de Beyrouth et qui a rassemblé des milliers de protestataires dans un climat de très forte tension, des centaines de Libanais sont à nouveau descendus à la rue dimanche, pour crier leur colère contre toute la politque après la double explosion qui a ravagé Beyrouth. Cette explosion, au port de Beyrouth, a fait...
commentaires (3)
S,ILS NE DEGAGENT PAS DE BONGRE, DEGAGEZ-LES DE MALGRE ! PLUS DE CLIQUES ALIBABIQUES.
LA LIBRE EXPRESSION
23 h 02, le 09 août 2020