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Société - Reportage

Au port de Beyrouth, une course contre la montre pour trouver des survivants

Une équipe de sapeurs-sauveteurs de la Sécurité civile française œuvre, depuis jeudi matin, dans le secteur des silos et le quartier de Gemmayzé.

Au port de Beyrouth, une course contre la montre pour trouver des survivants

Des sapeurs-secouristes français s’activant à la recherche de survivants dans les décombres au port de Beyrouth. Joseph Eid/AFP

Des blocs de béton brisés, de la ferraille, des voitures et des camions brûlés, des conteneurs renversés, de la marchandise détruite, une chaussure égarée… Le port de Beyrouth n’est plus qu’un vaste champ de décombres et de relents suffocants qui vous prennent à la gorge malgré les masques de protection. Dans le périmètre des silos et du cratère provoqué par la double explosion de mardi, des militaires, des volontaires de la Défense civile, des sapeurs-pompiers de Beyrouth, des secouristes de la Croix-Rouge libanaise… et des équipes de secouristes étrangers (française, italienne, russe, qatarie…) multiplient les heures de travail à la recherche des victimes ensevelies sous les décombres. Sur le tas de ruines au pied des silos éventrés, une tractopelle s’acharne à ouvrir une brèche pour permettre aux secouristes français qui opèrent dans cette zone d’arriver jusqu’aux victimes. Quelques mètres plus loin, un secouriste de l’équipe russe, qui opère également dans ce secteur, scie une structure en acier. À l’ombre des silos, une dizaine de membres de l’équipe des sapeurs-sauveteurs de la Sécurité civile française se repose. La fatigue est visible sur leurs visages. « C’est triste, lance un des membres de l’équipe. Les catastrophes, c’est notre métier. Nous nous attendions à voir ces scènes. Mais ça reste impressionnant ! Toutefois, une fois sur le chantier, nous sommes directement pris par le travail. Nous n’avons pas le temps de réfléchir. »

L’équipe est sur le chantier depuis 4 heures. À 9 heures, l’épuisement était visible. L’heure était au repos. Les sapeurs-sauveteurs discutent entre eux en mangeant une « man’ouché » offerte par des volontaires de la Défense civile. Ils se passent une petite bouteille d’eau dans laquelle a été dilué un sachet de café soluble.

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« L’équipe est formée de 55 sapeurs-sauveteurs, explique le colonel Vincent Tissier, commandant du détachement français de la Sécurité civile. Nous sommes arrivés mercredi soir et avons engagé, jeudi matin, dès 8 heures, les premiers chantiers à la fois sur le site des silos au port de Beyrouth et dans le quartier de Gemmayzé », poursuit-il. L’équipe française œuvre sur « des chantiers conjoints avec les sapeurs-pompiers de Beyrouth, la Défense civile et l’armée, et collabore aussi avec l’équipe russe ».

« Nous travaillons 24 heures sur 24 par rotation d’équipes, en mettant le maximum d’effectifs « pour être nombreux » au moment où nous pensons avoir encore des possibilités de survie ». « Par expérience, nous savons qu’il y a des chances de trouver des survivants, assure le colonel Tissier. Nous avions retrouvé à Haïti (frappée par un séisme en 2010) des victimes jusqu’à 75 heures après la catastrophe. Tant qu’il y a de l’espoir, nous travaillons sans relâche pour essayer de les sauver. Malheureusement, jusqu’à présent, nous avons trouvé, conjointement avec nos camarades sur le chantier, quatre corps. »

« Sauver les gens »

Hugues a 22 ans. Il est sapeur de première classe. « J’ai déjà fait trois missions en Bolivie (incendies), à La Réunion (dengue) et à La Mayotte (alerte précyclonique), lance-t-il. Je n’ai jamais vu de tels dégâts. C’est très impressionnant. » Sa motivation première reste « les survivants ». « Mais il faut aussi trouver des corps pour les rendre aux familles », ajoute le sapeur. Certes, la chaleur du mois d’août ne facilite pas leur tâche à la base harassante, « mais on s’acclimate vite ».

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La chaleur est l’une des difficultés que rencontre aussi la caporale Demay, l’un des membres de l’équipe aux côtés d’autres femmes. Elle a intégré la Sécurité civile il y a quatre ans, mais l’opération de Beyrouth est l’une de ses premières missions. « Les dégâts sont assez impressionnants », constate cette jeune femme qui affirme avoir toujours été « passionnée » par « les catastrophes naturelles », mais surtout par « l’aide aux autres ». « J’espère que nous trouverons des personnes encore vivantes. »

Le colonel Tissier explique que les efforts étaient concentrés essentiellement sur la salle opérationnelle des silos, où l’équipe pensait « avoir potentiellement une poche de survie puisque nous croyions que la salle pouvait être intacte ». « Malheureusement, nous avons récupéré deux corps dans les escaliers, probablement d’évacuation, qui permettaient de sortir de cette salle, constate-t-il. Nous avons dû arrêter les recherches à cet endroit. En fait, avec les plans et avec notre constat sur le terrain, nous pensons que la salle a été détruite. Pour l’instant, nous sommes sur d’autres sites où nous pensons qu’il pourrait y avoir des poches de survie. »

Une volontaire de la Défense civile offrant une « man'ouché » à un sapeur-secouriste. Joseph Eid/AFP

Dangers inhérents aux chantiers

Mais le travail à accomplir est des plus durs et n’est pas dénué de « dangers inhérents aux chantiers ». « Ici, c’est un peu sécurisé car la structure des silos est encore solide, avance le colonel Tissier. Nous ne pensons pas qu’il y ait de risques d’effondrement secondaire sur les secouristes. » Toutefois, « le sol est complètement déstructuré », l’accès est difficile, surtout avec « les blocs de béton » qui recouvrent le chantier, « les bouts d’acier coupants », « la fumée », « les bouts de métal ou de ciment qu’il faut retirer à la main ou découper mécaniquement pour dégager les poutres et avancer dans nos cheminements ». « Il faut aussi pouvoir se repérer, note-t-il. Nous avons les plans, mais l’endroit a été tellement déstructuré que nous ne sommes jamais sûrs exactement où nous nous trouvons. »

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Le lieutenant Andréa, coordonnateur des équipes françaises au niveau du sauvetage-déblaiement, souligne de son côté que la principale difficulté reste « l’important effondrement vertical » des silos chargés de céréales, « ce qui limite les possibilités de poches de survie en dessous ». À cela s’ajoute l’absence d’accès au site. « Les premiers accès se font par les tractopelles, indique-t-il. Du coup, c’est une cinétique inversée puisque nous commençons par la fin, c’est-à-dire par le déblai général, pour préciser l’information. Le processus de travail est plus long, ce qui affaiblit les chances de trouver des personnes vivantes. »

Sortir plus fort

À Gemmayzé, les difficultés sont d’une autre nature. « Sur le port, tout a été détruit, alors que le quartier beyrouthin a recommencé à revivre, fait remarquer le colonel Tissier. Les rues sont animées, il y a beaucoup de circulation et de public. De plus, il y a des risques d’effondrements secondaires. D’ailleurs hier (jeudi), nous avons conseillé aux autorités locales de mettre un cordon de sécurité autour de trois édifices qui représentent un danger considérable pour la circulation et les personnes sur le trottoir. »

« Hier (jeudi), je travaillais sur la sécurisation des bâtiments dans la ville, reprend le sapeur Hugues. Même si nous étions préparés et que nous avions visionné les vidéos et écouté les briefings des officiers, l’ampleur des dégâts reste choquante. Mais je suis admiratif du peuple libanais. C’est assez impressionnant de voir que tout le monde est debout. Nous ne doutons pas qu’il sortira de cette épreuve très fort. »

Une vue partielle du port dévasté par la double explosion de mardi soir. Patrick Baz/AFP

Le bilan revu à la hausse : 154 morts

Le bilan des victimes de la double explosion du 4 août ne cesse de s’élever, 154 morts ayant été signalés, selon le dernier bilan provisoire annoncé hier par le ministère de la Santé.

Selon le ministre Hamad Hassan, « 20 % des 5 000 personnes blessées dans la déflagration nécessitaient une hospitalisation ». Il a souligné que « 120 personnes sont dans un état critique, notamment après avoir été grièvement blessées par des bris de verre, et nécessitent des opérations chirurgicales délicates ».

Par ailleurs, le commandement de l’armée a appelé les familles des personnes portées disparues à entrer en contact avec la chambre d’opérations au 05/456900 ou à contacter le centre d’appels au 117 pour s’informer de leurs disparus. Elles peuvent également se diriger à la caserne Hélou pour effectuer un examen d’ADN qui permet d’identifier les victimes trouvées.

Des blocs de béton brisés, de la ferraille, des voitures et des camions brûlés, des conteneurs renversés, de la marchandise détruite, une chaussure égarée… Le port de Beyrouth n’est plus qu’un vaste champ de décombres et de relents suffocants qui vous prennent à la gorge malgré les masques de protection. Dans le périmètre des silos et du cratère provoqué par la double...

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PENDEZ-LES SUR LA PLACE PUBLIQUE. MAIS LES VRAIS PROPRIETAIRES ET RESPONSABLES EN ELUCIDANT LE COUP DE THEATRE DU BATEAU RUSSE ET DES VRAIS RECEPTIONNAIRES DE LA NARCHANDISE. L,ENQUETE DOIT ETRE INTERNATIONALE. LE LIBAN N,A PAS LES MOYENS DE COMMENCER DU CHARGEMENT DU BATEAU RUSSE ET DE SUIVRE TOUTE LA PERIPETIE DU VOYAGE/THEATRE POUR CACHER LE VRAI RECEPTIONNAIRE.

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 10, le 08 août 2020

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  • PENDEZ-LES SUR LA PLACE PUBLIQUE. MAIS LES VRAIS PROPRIETAIRES ET RESPONSABLES EN ELUCIDANT LE COUP DE THEATRE DU BATEAU RUSSE ET DES VRAIS RECEPTIONNAIRES DE LA NARCHANDISE. L,ENQUETE DOIT ETRE INTERNATIONALE. LE LIBAN N,A PAS LES MOYENS DE COMMENCER DU CHARGEMENT DU BATEAU RUSSE ET DE SUIVRE TOUTE LA PERIPETIE DU VOYAGE/THEATRE POUR CACHER LE VRAI RECEPTIONNAIRE.

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