Édito

Lalaland

La censure de l'allusion à la Révolution dans la chanson de Magida Roumi tirée d'un poème de Nizar Kabbani et son remplacement par un « lalalala » ridicule lors de la fête de Nahr el-Kalb ont fait couler beaucoup d'encre. L'incident prouve en tout cas que l'État vit toujours dans le déni et, de connivence avec ses alliés, se réjouit de l'épidémie qui a réduit la révolution au silence, au lieu de donner suite à ses revendications. Cette révolution est-elle morte ? Il ne faut pas le croire. La crise économique et l'incurie de l'État sont telles que le peuple est à bout, prêt à exploser à tout moment. De nombreuses initiatives et plateformes visent actuellement à fédérer les différents mouvements révolutionnaires, dont la Charte du salut national. Une dévaluation plus grave de la livre et les caisses vides risquent de faire basculer dans leur camp les forces de l'ordre, les fonctionnaires, les enseignants et les retraités. Entre-temps, écoles, universités, hôpitaux, restaurants, hôtels et établissements commerciaux sont au bord de la faillite, sans compter les professions libérales, privées de rentrées. Face à la colère qui gronde, l'homme du Sérail fait la sourde oreille. Non content de critiquer le ministre français des Affaires étrangères accouru au chevet de l'enseignement francophone au Liban, il se félicite d'exploits imaginaires à l'instar de Don Quichotte et trouve le moyen de mécontenter son propre ministre des Affaires étrangères au point de le pousser à la démission ! Sous son mandat, les manifestants sont traqués, torturés, et voient leurs noms inscrits sur les listes noires de l'aéroport, comme à l'époque de la tutelle syrienne, alors que les casseurs et autres « baltajiyé » courent toujours. Que nos dirigeants méditent ces propos de Cervantès pour mieux com prendre qu'ils jouent avec le feu : « La liberté, Sancho, est un des dons les plus précieux que le ciel ait faits aux hommes... Pour la liberté, aussi bien que pour l’honneur, on peut et l’on doit aventurer la vie. » Et qu'ils s'inspirent un peu de M. Hitti, qui a eu le courage de claquer la porte, pour dégager avant d'être dégagés par lalalala1.

Alexandre Najjar

1. « La révolution qui naît des entrailles de la misère. »

La censure de l'allusion à la Révolution dans la chanson de Magida Roumi tirée d'un poème de Nizar Kabbani et son remplacement par un « lalalala » ridicule lors de la fête de Nahr el-Kalb ont fait couler beaucoup d'encre. L'incident prouve en tout cas que l'État vit toujours dans le déni et, de connivence avec ses alliés, se réjouit de l'épidémie qui a réduit la révolution au...

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