
Le chef de l'Eglise maronite, la patriarche Mgr Béchara Raï, lors d'une messe à Dimane, le 2 août 2020. Photo Ani
Le chef de l'Eglise maronite, la patriarche Mgr Béchara Raï, a de nouveau plaidé dimanche en faveur de la neutralité active, le seul "moyen" selon lui pour permettre au Liban de sortir de sa crise, la plus grave de son histoire moderne.
"En raison des allégeances à l'étranger et des conflits sur les quote-parts, et parce que nous sommes sortis du texte et de l'esprit de la Constitution et du Pacte national réaffirmé à Taëf, nous sommes devenus fragmentés et avons perdu la confiance entre nous, ainsi qu'en l'Etat et les responsables politiques, comme le disent les jeunes de la révolution", a déclaré Mgr Raï dans son homélie dominicale à Dimane.
"Nous ne pouvons pas continuer à l'ombre de cette situation dans laquelle les institutions dysfonctionnent, le fossé politique s'est creusé, la vie économique a été détruite, les caisses ont été vidées et le peuple jeté dans la pauvreté, le chômage et le dénuement. Il n'y a pas d'autre moyen de sortir de cette situation qu'en revenant au système de neutralité active", a-t-il poursuivi, critiquant dans ce cadre les formations politiques ayant exprimé leur opposition à la neutralité, les accusant de vouloir "plonger le pays dans des conflits régionaux et internationaux".
"Pour bâtir notre unité interne, protéger notre entité libanaise et la stabilité, j'ai appelé à revenir à la logique de la neutralité active sur base de laquelle la politique étrangère du Liban a été bâtie depuis son indépendance selon trois principes", a souligné le patriarche avant d'évoquer ces principes : "Le premier stipule que le Liban ne doit pas entrer dans la logique des axes, des conflits politiques et des guerres extérieures, et il est interdit à tout Etat de s'ingérer dans ses affaires internes, de l'envahir, de l'occuper ou de l'utiliser à des fins militaires. Le deuxième souligne que le Liban doit faire montre d'empathie envers les causes des Droits de l'Homme et de la liberté des peuples, notamment les causes arabes. Un Liban neutre peut jouer son rôle dans son voisinage arabe, celui d'une terre de rencontre et de dialogue entre les religieux, les cultures et les civilisations. Le troisième souligne le renforcement de l'Etat libanais pour qu'il devienne un Etat fort de son armée, qui se défend lui-même contre toute agression, venue d'Israël ou d'un autre pays, fort de ses institutions, de ses lois, de sa justice et de son unité interne".
"Ligne rouge"
Sur ce plan, la numéro deux du gouvernement libanais, la ministre de la Défense, Zeina Acar, a déclaré dans une interview publiée dans le quotidien panarabe Al-Quds al-Arabi que "la défense du Liban reste l'une des responsabilités de l'armée", balayant les critiques selon lesquelles le cabinet de Hassane Diab, parrainé par le Hezbollah et ses alliés, était resté aux abonnés absents après les tirs d'artillerie israéliens sur un secteur frontalier lundi dernier.
Sur un autre plan, la ministre de l'Information et porte-parole du gouvernement, Manale Abdel Samad, a déclaré dans un entretien à radio "La voix de tout le Liban" que le cabinet "n'a pas de pouvoir de décision sur plusieurs dossiers, car liés à des considérations politiques internes et d'autres, étrangères". Elle a par ailleurs affirmé que l'atteinte aux dépôts bancaires était une "ligne rouge" pour le gouvernement, assurant en outre que le Liban ne coupera pas ses liens avec l'Occident.
Alors que le Liban ne parvient toujours pas à s'extirper de la pire crise économique de ces trente dernières années et que le gouvernement tente de négocier une aide financière internationale après avoir fait défaut sur le remboursement de sa dette en dollar, le président de l'Association des banques du Liban (ABL), Salim Sfeir, a sévèrement critiqué dans la presse les autorités pour leur gestion de la situation, s'attirant une réponse de la part du ministre des Finances, Ghazi Wazni, samedi. Le président de l'ABL avait notamment accusé le ministère des Finances d'avoir "dépensé l'argent des déposants" du pays pour payer les salaires des fonctionnaires, des accusations démenties par le bureau de M.Wazni.
Quoique d'accord avec Raï il est important de préciser que dans un état supposé indépendant, libre et souverain, on peut discuter de neutralité ou non, la seul question qui se pose c'est l'Intérêt Exclusif du peuple l'Intérêt Exclusif de l'état. Toutes autres considérations ne seraient qu'atteintes à l'existence même de l'Etat, de son Peuple et de leurs Existences..,............. Pour le Liban et en ce moment, la Neutralité s'impose donc! Que les 3 présidents et que les chefs religieux, comprennent et admettent ce fait ou non est sans conséquences à la vérité des choses.
15 h 46, le 02 août 2020