
Le cheikh Amine Kurdi, le numéro deux de Dar el-Fatwa, plus haute instance sunnite du Liban, lors de son prêche à l'occasion de la fête de l'Adha, dans la mosquée Al-Amine dans le centre-ville de Beyrouth. Photo ANI
A l'occasion de la fête musulmane de l'Adha, les dignitaires sunnite, chiite et druze du pays se sont exprimés sur la crise que traverse le pays, Dar el-Fatwa fustigant la classe politique et le mufti jaafarite critiquant une nouvelle fois l'appel à la neutralité lancé par le patriarche maronite Béchara Raï. Des critiques dont s'est démarqué le cheikh Akl druze qui a défendu le principe de distanciation du Liban des conflits de la région.
"Certains répandent l'obscurité à Beyrouth et dans tout le Liban de manière intentionnelle. Cela est la conséquence des manquements au sein de l'Etat et du laxisme des responsables", a fustigé le cheikh Amine Kurdi, le numéro deux de Dar el-Fatwa, la plus haute instance sunnite du Liban, lors de son prêche à la mosquée al-Amine dans le centre-ville de Beyrouth. Il faisait allusion au sévère rationnement en courant électrique qui plonge le pays dans l'obscurité durant des heures interminables ces derniers jours, en raison d'une pénurie d'hydrocarbures sur fond de crise financière.
"L'effondrement économique n'est pas fortuit, il est l'oeuvre de ceux qui prétendent aimer le Liban, alors qu'ils sortent leur argent à l'extérieur du pays et se partagent les parts. Qui est responsable de la situation dans laquelle nous vivons? (...) Au Liban, certains oeuvrent de concert aux dépens de la population, a-t-il déploré. Pour nous, le début de la solution, c'est que tous ceux dont les palais sont illuminés alors que le peuple vit dans l'obscurité reconnaissent leur défaite et présentent des excuses à la population. Ils doivent ensuite trouver une formule dont ils ne feront pas partie car ils sont la source des problèmes. Ils doivent trouver une formule transparente axée sur la morale et les valeurs. Aujourd'hui, nous avons besoin d'un livre, voire une encyclopédie, afin de définir les valeurs morales des responsables politiques et délimiter leurs responsabilités de manière à assurer l'intérêt du peuple. Ceux qui veulent occuper des postes de responsabilité doivent craindre Dieu et respecter les droits de la population. En ces temps sacrés, et malgré toute la douleur, nous devons en tant que musulmans faire preuve de joie et de bonheur. Nous devons panser les plaies, sans toutefois abandonner le principe de reddition des comptes", a-t-il conclu.
"Une catastrophe historique à tous les niveaux"
Le mufti jaafarite, le cheikh Ahmad Kabalan. Photo ANI
Le mufti jaafarite, le cheikh Ahmad Kabalan, a pour sa part abordé, dans un message adressé aux Libanais depuis son bureau à Dar el Ifta' jaafarite, la question de la neutralité du Liban, prônée depuis le 5 juillet par le chef de l'Eglise maronite, Béchara Raï, qui critique la classe politique et le Hezbollah, parti dont est proche le mufti Kabalan.
"Nous célébrons cette année le centenaire de la proclamation de l'Etat libanais en tant qu'entité politique, mais ceux qui l'ont fondé l'on miné avec le confessionalisme et l'on doté de toutes les causes de sa corruption et son effondrement, mais malgré tout, nous comptons aujourd'hui sur les sages pour le sauver de la catastrophe et l'effondrement", a affirmé le cheikh Kabalan. Selon lui, le pays vit aujourd'hui "une catastrophe historique à tous les niveaux". "Le pays est face à la discorde qui commence par un mot et qui ne finit jamais (...)", a-t-il mis en garde.
S'adressant à la population, il l'a appelée à ne pas "tomber dans le piège international et régional qui resserre l'étau sur notre pays et étrangle notre peuple (...). Penser au fédéralisme et à la division veut dire un retour aux projets de sédition entre les Libanais, un retour à la guerre civile dont les conséquences se font encore ressentir".
Pour le cheikh jaafarite, "Le Liban vit au rythme des guerres de la région, à l'ombre d'un projet régional sponsorisé par les Américains qui mènent une guerre économique immense contre le Liban et impose un blocus international global sur les Libanais et l'Etat, à l'ombre des divisions politiques internes et des appels à la distanciation du pays des feux et des guerres régionales. Mais nous remarquons qu'une partie de ces guerres concernent le Liban (...). Le Liban est au coeur de la tempête et ne peut pas rester à l'écart. Il doit être un partenaire essentiel et actif dans son auto-défense et la protection de ses intérêts pour qu'il ne devienne pas une proie facile. C'est pourquoi nous sommes en faveur de la prise de position pour tout ce qui fait l'intérêt du Liban, et nous appelons à renforcer ce principe avec la participation de tous", a-t-il expliqué.
"Pas loin de nos frères à Bkerké"
Et de poursuivre : "Il faut explorer toutes les pistes qui nous permettent de défendre notre souveraineté, notre terre et nos ressources maritimes et terrestres. C'est pour cela que je dis : Nous ne sommes pas loin de nos frères à Bkerké, car il est de notre intérêt d'être tous dans la même tranchée dans la lutte pour le Liban et les droits des Libanais. (...) Il ne peut y avoir de paix au Liban si une partie souffre, car le Liban est à tous, sa stabilité dépend de la stabilité et la sécurité de tous. (...). Le partenariat avec les chrétiens est une nécessité sur terre et sur le plan religieux, moral et national", a-t-il ajouté. Le cheikh Kabalan a enfin rappelé "le triptyque de diamant qui protège le Liban et empêche les projets hostiles contre lui", en référence à la formule "Armée, peuple, Résistance", un slogan brandi par le Hezbollah pour justifier le maintien de ses armes.
Enfin, le cheikh Akl druze, Naïm Hassan, a estimé que "les crises accumulées ont atteint un stade dangereux qui nécessite notre solidarité sur le plan interne et un début de vraies réformes sur tous les plans de l'Etat (...)". En outre, le dignitaire druze s'est démarqué de l'appel du mufti chiite, affirmant que "nous devons éloigner notre nation des conflits dévastateurs et appliquer les décisions issues du dialogue national de 2006 (...)".
Ces gens ont besoin de guerre permanente avec n’importe qui pour exister. Ils n’ont rien d’autre à offrir au monde d’aujourd’hui et vivent encore au moyen âge. Leur but est de nous y en emmener. Vous vous trompez de peuple. Allez prêcher la haine et la guerre ailleurs les libanais sont un peuple pacifique, mais il sait faire la guerre lorsqu’on ne lui laisse plus d’autres choix. REÇU?
14 h 23, le 02 août 2020