
Eddy Abillama et Élie Mahfoud à leur sortie du Palais de justice, hier. Photo ANI
Dans le tourbillon qui fait l’actualité libanaise depuis des mois, les passages frontaliers illégaux de contrebande entre le Liban et la Syrie n’ont plus tout à fait la cote actuellement. Pourtant, l’affaire est très loin d’être réglée : preuve en est, la découverte d’un nouveau point de passage illégal, grâce à une information relayée par les médias.
Cette nouvelle a fait l’objet d’une dénonciation judiciaire déposée hier par le député Eddy Abillama, membre du groupe parlementaire des Forces libanaises, et Élie Mahfoud, président du Mouvement du changement, auprès de la Cour de cassation. Elle vient s’ajouter à un gros dossier mis à la disposition de la justice par les deux hommes politiques, « qui concerne de près les réformes et qui est suivi par le groupe depuis des années », a insisté M. Abillama.
Interrogé à ce sujet par L’Orient-Le Jour, ce dernier souligne que les informations déjà présentées à la justice sont très graves, et que cette nouvelle vient confirmer que la tendance à écouler les marchandises subventionnées par l’État vers la Syrie via la contrebande se poursuit bel et bien. « À un moment où on nous demande d’effectuer des réformes pour obtenir des aides afin de sortir le pays de la crise, voilà qu’on se rend compte que cette pratique illégale majeure se poursuit en toute impunité, voire se développe, poursuit-il. C’est ainsi que le Liban perd ses ressources et son argent, avec des pertes estimées à des centaines de millions de dollars par an, sur des dizaines de passages illégaux. »
Suivant des informations fournies par le député, les passages illégaux étaient initialement plus nombreux, mais les postes-frontières équipés au profit de l’armée par les Britanniques a permis d’en contrôler une partie.
Ne craint-il pas que ce dossier ne soit trop politisé et rattaché aux intérêts des uns et des autres pour être tranché par la justice libanaise? « Nous n’avons plus d’autre choix que d’agir, répond M. Abillama. Dans la situation économique actuelle, nous n’avons plus le luxe de laisser des marchandises subventionnées par l’État passer en contrebande en Syrie et y être vendues, ce qui nous prive à la fois des marchandises et des fonds qui nous sont si nécessaires. La contrebande nous coûte bien trop cher. »
Une explosion sociale à venir ?
De son côté, Élie Mahfoud a déploré, à sa sortie du Palais de justice hier, « que près d’un milliard de dollars soient perdus chaque année en raison de la contrebande ». Il a rendu hommage à l’action de l’armée « qui a permis de réduire la superficie du territoire où se pratique la contrebande, de 340 kilomètres environ à près de 30 kilomètres, sans pour autant que cette pratique illégale ne disparaisse ». « Le Libanais a subi l’occupation syrienne, et maintenant il subit cela », a-t-il ajouté. « Les produits pétroliers, les médicaments et les denrées alimentaires qui sont passés par le moyen de la contrebande à travers la frontière étaient destinés aux Libanais et si le gouvernement n’agit pas, l’explosion sociale sera terrible et aucun responsable ne restera en place », a-t-il averti.
À leur sortie du Palais de justice, MM. Abillama et Mahfoud sont allés à la rencontre des manifestants de la société civile, qui effectuent un sit-in quasiment permanent en vue d’exiger l’indépendance de la justice. Ceux-ci ont demandé aux deux hommes de leur livrer les informations en leur possession, afin qu’ils puissent affûter leurs arguments contre les corrompus. Ce que MM. Abillama et Mahfoud ont promis de faire en cas d’atermoiements de la justice.
"...l’explosion sociale sera terrible et aucun responsable ne restera en place », a-t-il averti. Yalla, la seule solution car toutes ces initiatives, répétées à maintes reprises n'aboutissent pas...
09 h 09, le 29 juillet 2020