Alors qu’une forte vague de chaleur déferle sur le pays, la situation de l’approvisionnement en électricité laisse toujours à désirer, face à des autorités qui brassent de l’air.
Les Libanais ont été privés de courant presque toute la nuit de lundi à mardi en raison d’un problème technique sur le réseau d’Électricité du Liban (EDL) lié au déséquilibre entre la consommation (3 400 mégawatts) et la production (la capacité en service n’a pas été communiquée, mais elle devrait tout au plus atteindre le tiers de la consommation), selon une source proche du fournisseur public. La situation ne s’est pas améliorée dans l’après-midi d’hier, en raison du même problème sur lequel EDL a fini par communiquer en milieu de journée.
L’établissement public a évoqué un dysfonctionnement à la centrale de Jiyeh, à la suite d’une perturbation sur le réseau ayant conduit à une rupture de production entre les centrales de Zahrani (Liban-Sud) et de Deir Ammar (Liban-Nord). Il a en outre assuré que les équipes techniques s’affairaient pour remettre le réseau en marche, pronostiquant un retour « progressif » du courant sur l’ensemble des régions du pays. La réparation « nécessitera du temps », a prévenu le ministre de l’Énergie et de l’Eau, Raymond Ghajar, à sa sortie du Conseil des ministres.
Pour rappel, EDL a également connu des problèmes d’approvisionnement en carburant pour ses centrales, en raison des difficultés financières que vit le Liban, ainsi qu’un litige concernant du carburant défectueux avec un de ses fournisseurs, l’Algérien Sonatrach.
Intervention de Abbas Ibrahim
Alors que le Liban traverse sa pire crise économique et financière, un rationnement sévère de l’électricité plonge le pays dans le noir depuis début juillet. Comme si cela ne suffisait pas, les Libanais subissent également le rationnement imposé par les propriétaires de générateurs privés, qui se plaignent de ne pas avoir suffisamment de mazout pour faire tourner leurs générateurs pendant les heures de coupure d’EDL. Ils réclament de pouvoir acheter le mazout au taux officiel (autour 1 507,5 livres pour un dollar), la mise en place d’un « mécanisme transparent » pour la distribution ou encore une majoration des tarifs imposés par le ministère de l’Énergie.
Des demandes légitimes selon ces exploitants illégaux, bien que tolérés par les autorités – les capacités d’EDL ne suffisant pas à satisfaire la demande – et qui ont profité pendant des décennies de l’absence totale de réglementation pour facturer leurs services au prix fort à des abonnés laissés sans recours.
Mobilisés lundi, plusieurs représentants des propriétaires de générateurs privés ont annoncé qu’ils allaient rationner le courant et promis de ne plus le distribuer à partir du 5 août si leurs demandes n’étaient pas entendues. Cette dernière menace a cependant été suspendue hier à la demande du directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, qui s’est entretenu avec une délégation de ces propriétaires présidée par Abdo Saadé, selon des informations de la chaîne locale LBCI. Le ministre de l’Énergie s’est contenté de souligner que les propriétaires de générateurs avaient suffisamment de mazout et que leur démarche consistait à faire pression pour obtenir une hausse des tarifs.
Environ 40 % du carburant utilisé par les générateurs est distribué par les directions des installations pétrolières situées à Zahrani et à Tripoli, le reste étant assuré par les importateurs privés. Plusieurs sources concordantes se sont étonnées de voir émerger, ces dernières semaines, un marché noir du mazout, où le carburant est vendu sur la base d’un dollar à 8 000 livres environ, soit le taux pratiqué par les agents de change illégaux, soupçonnant qu’une partie des sociétés et des propriétaires de générateurs qui se fournissent auprès de ces structures soient impliqués.
Enfin, les problèmes d’approvisionnement du Liban en carburant concernent également l’essence, même si les enjeux semblent différents. La journée d’hier a notamment été marquée par une passe d’armes par communiqués interposés entre le syndicat des propriétaires de stations-service et celui des sociétés importatrices d’hydrocarbures au Liban (APIC). Le premier a attribué le récent retard dans les livraisons à des « problèmes » entre les importateurs et leur banque, ainsi que des « disputes avec la Banque du Liban concernant le règlement » de certaines obligations. L’APIC a qualifié ces allégations de fausses.
L'un plus nul que l'autre. Pays de nuls. Politiciens nuls. Peuple nul. Des moutons tous et chacun.
00 h 34, le 30 juillet 2020