Audi : Triste qu’on nous demande de nous aider nous-mêmes pour qu’on puisse nous aider

Le métropolite Élias Audi a réitéré ses critiques hier à l’égard de la classe politique à qui il a reproché de faire passer ses intérêts avant ceux du pays.

« Nous vivons dans une arène où des parties sont en conflit et où chacune cherche à réaliser son intérêt et celui de son clan ou de son parti. Chacune pense que la victoire sera celle du plus fort et se soucie peu du sort du pays et de ses citoyens. Pourquoi ne tirons-nous pas les leçons du passé, des guerres et des conflits que ce pays a connus », a déploré Mgr Audi, dans l’homélie qu’il a prononcée hier à la cathédrale Saint-Georges des grecs-orthodoxes.

Il a indirectement lancé un appel pour un désengagement par rapport à l’étranger. « Pourquoi ne protégeons-nous pas notre pays en détournant notre attention de l’étranger et en nous employant à édifier un État unifié et fort (…). Pourquoi ne nous éloignons-nous pas de tout ce qui nous porte préjudice et cause du tort au pays », a poursuivi le prélat qui a dénoncé ceux qui « font primer leurs intérêts privés au détriment de ceux du pays et de son peuple ». Il a mis en garde contre « les discours agressifs » et prôné « une adhésion autour du concept de nation libre et indépendante ». « Nos dirigeants devraient réduire leurs discours et leurs théories. Au lieu de se plaindre de la situation dans laquelle nous sommes, ils feraient mieux d’agir et de lancer des réformes susceptibles de rassurer la population et de rétablir, aux plans local et international, la confiance dans le pays », a encore dit Mgr Audi, avant de faire référence à l’appel adressé par le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, aux dirigeants libanais, une dizaine de jours avant sa visite à Beyrouth, les pressant d’engager les réformes requises par la communauté internationale, en vue d’un déblocage des aides promises au pays. « Il est triste d’entendre un responsable nous demander de nous aider nous-mêmes pour que les autres puissent nous aider. C’est comme s’il nous exhortait à faire quelque chose pour notre propre pays, avant de solliciter la compassion des autres », a déploré le métropolite Audi.