Le gouvernement libanais, réuni en Conseil des ministres au palais présidentiel de Baabda, a fini par trancher mardi le choix de la société qui sera chargée, avec le réseau néerlandais KPMG et le cabinet de conseil américain Olivier Wyman, de l'audit des comptes de la Banque du Liban (BDL), alors que le pays connaît la pire crise économique de son histoire moderne. C'est finalement la société Alvarez & Marsal qui a été choisie par l'exécutif pour l'aspect juricomptable (forensic audit), selon une annonce faite par la présidence, via son compte Twitter. Ce choix a été arrêté après une polémique de plusieurs semaines concernant l'entreprise Kroll, qui, après avoir été approuvée par le cabinet, avait finalement été refusée par plusieurs ministres sous prétexte qu'il s'agit d'une "agence israélienne". En outre, le gouvernement a approuvé le choix des sociétés KPMG et Oliver Wyman pour l'aspect comptable de l'audit.
Alvarez & Marsal, créée en 1983 et basée à New York, aux États-Unis, est spécialisée dans le redressement managérial (turnaround management) et l’amélioration de la performance. C’est cette agence qui a, par exemple, conseillé la banque Lehman Brothers après sa faillite, concernant sa restructuration et la vente de ses actifs.
Le texte final des contrats avec les trois sociétés sera envoyé d'ici une semaine au Conseil des ministres, par le ministère des Finances, afin d'être approuvé avant signature, a annoncé la porte-parole du gouvernement et ministre de l'Information, Manal Abdel Samad, à l'issue de la réunion gouvernementale.
Selon la ministre des Déplacés, Ghada Chreim, les ministres de l'Industrie, Imad Hoballah (Hezbollah), de la Santé, Hamad Hassan (Hezbollah) et de la Culture et de l'Agriculture, Abbas Mortada (mouvement Amal), ont voté contre le choix de cette société qui a, selon eux, également des liens avec Israël. Ils ont toutefois souligné ne pas s'opposer au principe même de l'audit des comptes de la BDL. Mme Chreim a enfin souligné qu'un délai de "trois à six mois a été donné pour les résultats de l'enquête financière".
"L'un des plus grands exploits"
En début de réunion, le Premier ministre, Hassane Diab, a commenté le choix des sociétés concernant l'audit de la BDL. "Il s'agit de la pierre angulaire sur laquelle seront bâties les réformes. Cette décision sera historique pour le Liban et constituera un tournant dans le processus de contrôle pour comprendre le vol et la dilapidation des fonds sur le plan financier. Cette décision (le choix des sociétés d'audit) constituera l'un des plus grands exploits du gouvernement", a-t-il promis.
La ministre de la Justice, Marie-Claude Najm, s'est pour sa part félicitée de la décision du gouvernement au sujet de l'audit de la BDL. "L'inspection financière est à présent une réalité, après notre insistance à connaître la vérité. Félicitations au Liban pour ce pas important sur la voie des réformes semée d’embûches", a écrit la ministre sur Twitter.
En avril, le Conseil des ministres avait annoncé avoir retenu trois sociétés pour auditer les comptes de la Banque du Liban : KPMG, pour l’aspect purement comptable ; le cabinet de conseil américain Oliver Wyman, spécialisé dans le secteur bancaire et les banques centrales ; et enfin l’Américain Kroll, référence internationale dans le domaine de la la juricomptabilité, ou "forensic audit", une discipline qui mêle comptabilité et droit et dont la principale activité consiste à reconstruire l’historique de transactions réalisées par des personnes et des entités dans le cadre d’un audit. Toutefois, le 30 juin, les ministres du mouvement Amal (dirigé par le président de la Chambre, Nabih Berry) et ceux du Hezbollah se sont opposés à toute signature du contrat avec Kroll, qu'ils ont accusé d'être une "agence israélienne liée au Mossad".
Contrebande et routes internationales
Le cabinet a par ailleurs approuvé que tous les conteneurs et véhicules passant la frontière soient soumis à un contrôle au moyen de scanners. La question du trafic illégal avec la Syrie mobilise depuis plusieurs mois les responsables politiques ainsi que les forces de l'ordre et l'armée, ce qui a mené à la saisie de nombreux chargements de denrées alimentaires, de produits contrefaits et de mazout.
Le gouvernement a encore approuvé le versement des lignes de crédits restantes pour l'exercice 2019 au ministère des Transports et des Travaux publics, afin qu'ils soient consacrés à la rénovation et à l'entretien des routes internationales. Cela a été annoncé par le ministre Michel Najjar, qui avait émis cette demande au gouvernement alors que les dernières semaines ont été marquées par plusieurs accidents meurtriers. Le ministre Najjar a précisé, lors d'une conférence de presse tenue après le Conseil, que 174 milliards de livres allaient être consacrées à ces travaux et que la décision avait été prise "sans aucune pression politique". Il a souligné qu'une partie de ces fonds allaient être utilisés pour réparer et éclairer la route de Dahr el-Baïdar, où un terrible accident avait fait plusieurs morts vendredi dernier.
Le projet de décret concernant les détails de la mise en oeuvre de la création du mohafazat de Kesrouan-Jbeil a également été avalisé. Ce projet a été inscrit à l'ordre du jour alors que le gouvernement avait nommé, le 10 juin, la mohafez de cette nouvelle région administrative.
En outre, le ministre du Tourisme, Ramzi Moucharrafiyé, a fait savoir que la décision d'imposer le taux de change de la plateforme électronique Sayrafa comme taux officiel dans les entreprises touristiques, et notamment les cafés et restaurants, nécessitait l'approbation du gouverneur de la Banque du Liban. Toute décision à ce sujet a donc été reportée. Selon la plateforme Sayrafa, qui connecte les agents de change agréés à la BDL, le taux tourne autour de 3.850 et 3.900 livres libanaises pour un dollar. Sur le marché noir, le taux est aujourd'hui entre 7.900 et 8.400 livres pour un dollar, loin du taux officiel mais presque plus utilisé, de 1.507 livres par dollar.
Enfin, le cabinet a décidé de faciliter l'arrivée au Liban de chargements de matériel médical appartenant à l'organisation Médecins sans frontière, nécessaire pour lutter contre le coronavirus, et de les exempter des frais de douanes.
Pouvoir d'achat
Dans son discours en début de réunion, le Premier ministre a par ailleurs abordé la crise économique et financière du pays. "Nous nous penchons sur l'adaptation du pouvoir d'achat au panier alimentaire en premier lieu, et en second lieu au panier de consommation. Cette étape est nécessaire, car il faut changer le concept d'aide adopté par le gouvernement aujourd'hui, pour aboutir à une amélioration du pouvoir d'achat", a-t-il précisé.
Le Liban vit la pire crise économique de son histoire moderne, marquée par une dépréciation inédite de sa monnaie, une explosion de l'inflation et des restrictions bancaires draconiennes sur les retraits et les transferts d'argent à l'étranger. Près de la moitié de la population libanaise vit dans la pauvreté et 35% de la population active est au chômage.
De son côté, le ministre des Télécommunications, Talal Hawat, a affirmé à sa sortie de la réunion que le mazout était "100 % garanti" pour l'approvisionnement des stations de transmission des réseaux de téléphonie mobile. Plusieurs de ces stations avaient brièvement arrêté d'émettre au cours des dernières semaines en raison de la pénurie de mazout.
Bien sûr comme chaque ministre œuvre dans sa spécialité, le ministre de l'éducation dictera que Alvarez étant hispanique serait apparenté à don qui-saute et donc nous mènera en guerre contre les pays bas... comme on est au fond du gouffre et ne pouvant plus aller plus loin, il nous faudra trouver quelqu'un d'autre et retarder le procédé même si ça nous coûtera pays et population ...
21 h 22, le 21 juillet 2020