Riad Obegi : Le Liban n’est pas en faillite, nous traversons une crise de confiance

Le président du conseil d’administration de la banque BEMO et de CHO Advisory SAL, le Dr Riad Obegi, a invité un certain nombre de rédacteurs en chef locaux et journalistes de divers médias écrits à un dialogue interactif intitulé « Le Liban n’est pas en faillite », dialogue au cours duquel la situation économique actuelle et les modalités de sortie de crise ont été discutées ; le Dr Obegi a proposé une solution reposant sur le certificat de garantie immobilière.

Le Dr Obegi a débuté la rencontre en affirmant que nous traversons une crise de confiance qui a entraîné un problème de liquidité qui s’est ensuite transformé en crise de solvabilité. Il estime qu’on devrait d’abord regagner la confiance. Il a insisté sur le fait que l’État libanais n’est pas en faillite mais endetté, car ses avoirs sont bien plus importants que ses dettes, celles-ci en effet ne sont pas des pertes et tous les États du monde le sont ; le Liban a l’avantage d’être doté d’un capital humain qui se distingue par son niveau éducatif et scientifique avancé. Par ailleurs, les Libanais se trouvent dans tous les pays du monde, ce qui représente un immense atout pour eux et pour le Liban. Le Dr Obegi regrette néanmoins que ces capacités soient gaspillées en raison du taux de chômage qui est trop élevé.

Concernant la liquidité, le Dr Obegi a expliqué que ce n’est pas un élément statique, mais plutôt comme de l’écume qui se multiplie avec le mouvement. Cependant, il existe des normes internationales qui empêchent les banques de prêter si elles ne possèdent pas une solvabilité adéquate. Or le PIB d’un pays est très fortement corrélé aux prêts bancaires. De ce fait, la relance de l’économie n’aura pas lieu si les banques ne sont pas en mesure de prêter. Par conséquent, les capitaux des banques doivent être augmentés pour assurer la reprise de l’économie.

Le Dr Riad Obegi a également souligné qu’outre le capital humain, le capital immobilier au Liban est considérable et nous pouvons en bénéficier. La valeur de l’immobilier au Liban est estimée à mille milliards de dollars, et ce capital n’est pas suffisamment utilisé. Il faudrait donc trouver un moyen pour en bénéficier davantage, car il est équivalent à environ cent fois ce que nous espérons obtenir du Fonds monétaire international et si ne serait-ce qu’une petite partie était utilisée, ceci pourrait relancer l’économie.

D’où l’importance du Certificat hypothécaire Obegi (CHO) devenu une proposition de loi qui est étudiée dans les commissions parlementaires conjointes de la Chambre. Le CHO est un nouvel instrument bancaire. Il fonctionne comme un dépôt de garantie immobilière auprès d’une banque. Il est équivalent à un dépôt en espèces avec une échéance (inférieure à un an) et une rémunération. Ce dépôt de garantie permet à la banque d’emprunter plus facilement sur le marché interbancaire et par conséquent de prêter plus aisément.

Le Dr Obegi, qui est à l’origine de cette innovation, en a souligné l’importance pour les agriculteurs, les industriels, les fondations, les hôpitaux, les écoles et les universités, et il espère que cette nouveauté deviendrait loi, mentionnant le fait que ce concept libanais servirait tous les pays émergents. Il a ajouté qu’avec la réduction des fonds propres des banques, nous avons conçu une version CHO PRO qui ne nécessite pas de législation mais plutôt une circulaire émise par la banque centrale permettant au propriétaire immobilier de participer à la croissance de sa banque en tant que garant sans devoir abandonner son bien immobilier, ce qui contribuerait à renforcer le capital des banques en Tier II.

Le Dr Riad Obegi a conclu en affirmant que la création d’un certificat de garantie immobilière pourrait restaurer la confiance, aider à relancer l’économie et mieux exploiter le patrimoine immobilier. Ainsi le Liban, grâce à ce dernier, pourrait accroître sa productivité et sortir plus rapidement de la crise.